«Depuis le lancement de Retrofuture en France, en 2018, nous avons eu plus de 4% de nos demandes qui provenaient de Suisse, indique Arnaud Pigounides, fondateur de la société basée à Paris. Des gens étaient même prêts à acheter sur catalogue et on a malheureusement dû leur dire: «Plus tard, désolés!» Après avoir lancé le concept en France, nous avons estimé que le moment était venu d’affirmer désormais notre présence en Suisse.»
Pour les non-initiés, le rétrofit consiste à remplacer un moteur thermique par un propulseur électrique: «Le rétrofit «à la française» implique une homologation série, coûteuse mais respectant les normes de sécurité les plus drastiques et les réglementations de sécurité et de traçabilité européennes. En Suisse, la conversion d’une voiture thermique en électrique est tout à fait possible, sous certaines conditions. La transformation doit respecter les prescriptions légales en matière de sécurité et d’équipement technique», ajoute-t-il.
Recherche de partenaires
Il s’agit encore de faire expertiser le véhicule… Le prix à payer? Comptez 16 000 francs pour des Fiat 500, Austin Mini ou MG B, 20 000 francs pour des Porsche 914, Triumph Spitfire, VW Coccinelle, Combi VW ou BMW 2002, et jusqu’à 30 000 francs pour des Jaguar XJ et XJS, Porsche 912, Mercedes SL, Peugeot 504, Range Rover ou Land Rover Defender.
Et quid du client qui souhaite transformer son propre véhicule? «C’est possible, pour autant qu’il soit dans notre catalogue. Nous espérons proposer 50 véhicules différents d’ici à quatre ans», précise le patron de Retrofuture. Des transformations réalisées pour l’instant en France. «Nous recherchons des investisseurs et partenaires pour «fabriquer en Suisse». Cela permettra aussi de réduire l’impact carbone en évitant d’envoyer les voitures à des centaines de kilomètres.» Dernière précision, l’opération est réversible. «Nous partons du principe que chacun a le droit de faire ce qu’il veut avec son véhicule», confirme Arnaud Pigounides.
Parmi les clients conquis, Igor Andreis, qui n’a pas attendu l’arrivée du rétrofit pour succomber aux charmes de la motorisation zéro émission. Ce professeur de danse de couple installé à côté de Bordeaux a d’abord roulé en BMW i3 avant d’acquérir une Tesla Model 3. «On a des panneaux solaires sur la maison qui rechargent les batteries», précise-t-il. Reste que, pour cet amoureux de voitures anciennes, il lui manquait ce petit supplément d’âme que lui apporte, clé en main, la société Retrofuture.
«Avec ma femme, Anna, quand on a découvert sur le Net cette solution consistant à remplacer le moteur thermique par un moteur électrique, on n’a pas hésité une seconde. L’idée était de pouvoir concilier le côté sensuel des courbes d’une voiture ancienne avec le côté beaucoup plus écologique de la voiture électrique. En plus, je trouve plutôt sympa de récupérer des choses du passé et de leur redonner vie.»
Un amour de Coccinelle
Le choix du couple bordelais s’est porté sur une Coccinelle cabriolet de 1971, la voiture de madame lorsqu’ils se sont rencontrés, ainsi que l’année de naissance de monsieur. «Elle passe en électrique mais vous gardez tout le charme de l’ancienne», explique Igor Andreis. «Vous roulez avec cette sensation du passé mais avec la linéarité de la voiture électrique. Une grand-mère de 50 ans qui ne fait pas un bruit, qui n’est pas capricieuse et qui démarre au quart de tour, et ce sans le moindre souci d’entretien. Plus besoin de boîte de vitesses, de pot d’échappement, de système de refroidissement, etc. Imaginez le bonheur!»
Un bonheur qui a un prix? «Il faut compter entre 8000 et 10 000 euros pour le rétrofit. Notre «Cox» va nous coûter au total environ 30 000 euros, soit le prix d’une Zoé. Pour nous, il n’y avait pas photo!»