«En 2001, lorsque mon père Jean-Luc et mon oncle Claude-Alain ont fondé la société, on ne parlait pas d’économie circulaire, lance Loïc Rochat, qui a repris la direction de Rolog avec son frère. L’idée de départ était de créer du matériel durable et résistant avec du plastique recyclé.» A l’époque, cette approche semblait plus idéaliste que visionnaire. Mais la TPE de Tavannes, dans le Jura bernois, a tenu bon. Elle a développé des partenariats forts, créé de nouveaux produits et déposé deux brevets.
Désormais, les six collaborateurs de Rolog redonnent vie à 200 tonnes de plastique recyclé par an. Pour rappel, la Suisse génère annuellement 780 000 tonnes de déchets plastiques, dont 14 000 tonnes finissent dans la nature, selon l’OFEV.
A base de polyéthylène de deuxième main
Construisant à l’origine des barrières et des plaques de sol, l’entreprise propose à présent du mobilier de jardin garanti 30 ans, des bacs à fleurs pour ralentir le trafic et qui ont l’avantage d’atténuer le choc en cas d’accident de voiture, des palissades antibruit et de nombreux éléments de coffrage. Le tout fabriqué à base de polyéthylène (PE) de deuxième main. «Nous sommes en quelque sorte des menuisiers du plastique recyclé, sauf que nous travaillons avec des découpeuses, des foehns industriels et des systèmes de chauffage alimentés par nos panneaux solaires.»
Mais d’où provient leur matière première? Des emballages, des sachets, des déchets industriels, qui sont dirigés vers des sites de tri, principalement en Allemagne, puis transformés en feuilles de plastique de la taille d’un ticket de bus. Celles-ci sont ensuite fondues à Tavannes, teintées dans la masse et moulées à la forme déterminée par Rolog, qui a créé et détient une partie des moules.
«Nous sommes contraints de travailler avec des centres de tri hors de Suisse, car ces entreprises ont besoin d’une place de stockage qu’on ne trouve pas plus près de chez nous, note Loïc Rochat. En Allemagne, près de la frontière, notre partenaire dispose d’espace et de systèmes industrialisés de bout en bout. Nous collaborons avec quelques acteurs du recyclage en Suisse, mais ils font encore une partie du tri à la main.» A noter que, à l’achat, le prix du plastique recyclé est le même, voire un peu plus élevé, que celui du plastique neuf.
Outre des plastiques de type polyéthylène, la microentreprise familiale utilise aussi des granules issus de bouteilles en PET collectées en Suisse. Ce matériau, plus coûteux que le PE en feuilles, est employé pour des objets tels que le Twisto, un ouvre-bouteille breveté et conçu par Rolog pour les personnes souffrant d’arthrose des mains, notamment. A ce jour, 50 000 pièces ont été écoulées. «Coca-Cola et Valser s’y étaient intéressés, mais la question du prix a mis fin aux discussions. Cet objet résistant, «Swiss made» et destiné à durer, trouve sa place aujourd’hui dans les catalogues des ergothérapeutes et à l’hôpital de Berne», souligne Loïc Rochat.
Le plastique recyclé se transforme donc en objets très hétéroclites. Il est devenu une alternative au bois et au ciment, à ceci près qu’il résiste au gel, à l’humidité et aux chocs. L’offre étendue de Rolog, avec plus de 2000 produits différents, explique la diversité de leur clientèle, qui regroupe aussi bien des structures privées que publiques, comme l’école de Vufflens-la-Ville (VD), Téléverbier ou encore le stade de Lucerne. «Notre vision était et reste d’offrir du matériel durable, conclut le codirigeant. A part pour les silencieux (les plaques de protection sur les routes, ndlr) que nous devons remplacer de temps en temps, tous nos produits tiennent plusieurs décennies.»
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