La recherche d’UBS a livré une analyse prédisant que l’Allemagne, le Brésil ou l’Espagne avaient une probabilité cumulée de 60% de remporter la victoire finale. Mais pourquoi les analystes d’une banque «s’amusent-ils» à de tels calculs? Et quels enseignements peut-on en tirer?
Sur la méthode d’abord: les économistes du Chief Investment Office (CIO) de la banque se sont fondés sur le classement Elo. Cette méthode – aussi utilisée pour le ranking des joueurs d’échecs – leur paraît en effet plus pertinente que le classement de la FIFA.
A leur avis, la mesure Elo est plus objective car l’évaluation du classement d’une équipe est davantage améliorée par les victoires face à des équipes plus fortes que par les succès contre des adversaires réputés plus faibles. De même, les matchs à enjeu comptent plus que les rencontres amicales.
Deuxièmement, les analystes ont pris en compte les résultats pendant les qualifications. L’Allemagne a gagné tous ses matchs, l’Espagne n’en a perdu aucun et le Brésil ne s’est incliné que lors de son premier match face au Chili en octobre 2015.
Pourquoi les analystes d’une banque «s’amusent-ils» à de tels calculs?
Troisièmement, ces trois favoris ont déjà connu le succès lors des championnats précédents. Ils ont tous déjà remporté une Coupe du monde. Ils ont gagné dix des vingt éditions jouées depuis 1930. En outre, ils surpassent la plupart des autres nations quant au nombre de participations à la phase finale. Le Brésil est la seule équipe à avoir participé à toutes les Coupes du monde et, comme quintuple champion, détient le record de victoires.
Le CIO de la banque a intégré tous ces facteurs, mais aussi l’avantage de la Russie en tant que pays hôte, pour calibrer un modèle statistique basé sur les résultats des cinq dernières Coupes du monde. Ce modèle lui a permis d’estimer les résultats les plus probables des matchs à venir.
Poussant à l’extrême leur raisonnement, les économistes d’UBS ont même estimé les chances de l’Italie. Grossière bourde, diront certains: les Azzurri ne sont pas qualifiés. Pas forcément! L’histoire le démontre: vainqueur de l’Euro en 1992, le Danemark ne devait pas aller en Suède. L’équipe avait été repêchée peu avant le début du tournoi pour pallier l’exclusion de la Yougoslavie pour cause de guerre et d’embargo…
Mais quel est l’intérêt pour une banque de travailler sur de telles données? C’est, notamment, de démontrer l’étendue de ses capacités d’analyse. C’est illustrer comment elle peut appréhender une réalité (très) complexe pour en tirer des conclusions utilisables. Car faire des propositions d’investissements dans l’économie réelle n’est, au final, pas si éloigné du fait de prédire le futur vainqueur de la Coupe du monde de football!
En effet, de même que chacun connaît l’éternelle incertitude du sport, tout le monde sait aussi combien des événements imprévisibles peuvent bouleverser l’économie mondiale. Et on rappellera, en conclusion, l’avertissement bien connu qui s’applique aussi au football: la performance passée n’offre aucune garantie quant aux résultats futurs. Et nous pourrons mettre à l’épreuve le fameux adage qui veut que le foot soit un jeu à onze où, à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne…