Environ 1000 milliards de francs! Telle est la fortune globale des caisses de pension en Suisse, soit un montant nettement supérieur au produit intérieur brut du pays. En raison des discussions en cours sur la réforme de la prévoyance, les placements des caisses de pension font l’objet de toutes les attentions. De manière parfois un peu simpliste, ils sont observés au travers de deux prismes particulièrement réducteurs: la performance réalisée et les frais de gestion de fortune.

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Précisons tout d’abord que les performances publiées par les caisses de pension sont nettes et comprennent donc l’ensemble des frais de gestion des placements. Chaque caisse de pension doit définir son allocation d’actifs, c’est-à-dire la répartition de sa fortune entre les différentes catégories de placements: actions, obligations, placements alternatifs et immobilier, notamment. Cette allocation d’actifs dépend de différents paramètres, en particulier son besoin de performance, sa tolérance au risque et sa structure entre actifs et rentiers. Les coûts de placement pouvant être sensiblement différents suivant la catégorie choisie.

Une réelle valeur ajoutée

Lors du choix des différentes catégories de placement, il est essentiel de s’assurer que des coûts potentiellement plus élevés apportent une réelle valeur ajoutée au niveau de la performance et/ou en termes de diversification. L’exemple le plus souvent cité concerne les placements privés (private equity), des investissements dans des entreprises non cotées en bourse. En raison de leur complexité, ils sont souvent effectués au travers de fonds de placement, notamment afin de diversifier les risques. De plus, contrairement aux fonds de placement classiques, les gestionnaires de private equity participent directement à la gestion des sociétés via, par exemple, une présence dans le conseil d’administration ou un accompagnement actif de la direction afin de développer l’entreprise.

Cette gestion nécessite des compétences techniques et managériales pointues qui doivent être rémunérées de manière adéquate. En moyenne, les frais prélevés sont de l’ordre de 3 à 4%. Des coûts qui doivent être mis en relation avec les performances qui sont réalisées, de l’ordre de 1 à 2% supérieures aux actions cotées en bourse et ce, net de frais!

Une autre source de coût importante est le style de gestion utilisé pour investir, notamment dans les actions et obligations. L’approche la moins onéreuse consiste à investir de manière indicielle l’actif considéré, ce qui permet de s’exposer avec des coûts très faibles. L’autre approche consiste à investir de manière active, où il est nécessaire de vérifier si les frais sont couverts par une performance supplémentaire sur plusieurs d’années. La réalité démontre qu’il est très difficile de faire mieux que le marché et le recours à la gestion indicielle est, dès lors, de plus en plus utilisé.

Développement durable

La manière de gérer engendre des coûts également. Si on prend l’immobilier, une gestion directe d’un parc immobilier au travers de toute la chaîne de valeur (développement, exploitation, rénovation et aspects financiers) nécessite des équipes dédiées. Seules les caisses de pension de taille importante sont à même de mettre en place de telles équipes et de gérer ainsi leur patrimoine immobilier directement. Le cas échéant, certaines caisses de pension décident de passer par des fonds de placement, avec des coûts plus élevés qu’une gestion directe. La tentation pourrait être grande de se passer des intermédiaires et de gérer les fonds qui sont confiés en direct. Mais attention: il s’agit de s’assurer que la caisse de pension dispose de moyens humains, financiers et technologiques suffisants afin de pouvoir exécuter une telle stratégie tout en restant capable de suivre les risques et de les assumer.

Au-delà des enjeux de performance et de coûts, le développement durable – et en particulier les risques climatiques – est un élément désormais prépondérant dans le quotidien d’une caisse de pension. Même s’il est essentiel de prendre en compte ces enjeux, cette intégration va aussi engendrer des charges financières supplémentaires.

Les gérants de caisses de pension sont conscients de leur responsabilité importante en termes de devoir fiduciaire, en particulier au regard de la gestion des placements et des montants très importants qui leur sont confiés. Face à la complexité des enjeux liés aux placements, il convient de ne pas céder aux jugements hâtifs en comparant les caisses de pension entre elles en faisant simplement un parallèle entre les performances réalisées et les frais.