«Sparks permettra à davantage de PME de profiter de tous les avantages que les marchés publics peuvent offrir aux sociétés cotées, qu’il s’agisse d’une levée de fonds plus rapide et plus efficace, d’une plus grande crédibilité et visibilité de la marque.» Valeria Ceccarelli, responsable des marchés primaires chez l’opérateur de la bourse suisse SIX Swiss Exchange, résume ainsi les avantages de la nouvelle plateforme lancée en octobre 2021 pour faciliter l’entrée en bourse des PME suisses.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Sparks offre un marché régulé pour les actions de PME en Suisse, un segment d’entreprises aussi ciblé par la plateforme OTC de la Banque cantonale bernoise (BCBE) et qui l’était par l’eKMU-X de la Banque cantonale de Zurich (BCZ), jusqu’à ce qu’elle cesse d’opérer en octobre. Au niveau des critères, Sparks est cependant plus souple: les start-up et PME doivent exister depuis seulement deux ans (et non trois comme pour les autres segments de la bourse) et peuvent disposer d’une capitalisation de moins de 500 millions de francs suisses. La part d’actions négociables librement doit alors être supérieure à 15%.

Alternative au financement bancaire classique

«Aider davantage de PME à accéder aux marchés publics a aussi un effet démocratisant en ouvrant l’accès à ces opportunités d’investissement, poursuit Valeria Ceccarelli. Quant aux banques, grâce à Sparks, elles verront un plus grand nombre de candidats à l’introduction en bourse, elles seront en mesure d’offrir de nouveaux services aux entreprises clientes et de nouvelles propositions aux investisseurs.»

La possibilité d’acquérir des capitaux pour faire des investissements s’étend aux PME. C’est une proposition innovante et une opportunité intéressante, estime Fabio Regazzi, président de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), ajoutant qu’il faudra observer son impact avec le temps et l’adapter selon les besoins. «Il s’agit d’une alternative au financement bancaire classique, qui peut être difficile, surtout pour les entreprises innovantes», souligne-t-il, faisant valoir que les critères des banques ne sont pas les mêmes que ceux du marché. «Les banquiers veulent minimiser les risques, ils voient peut-être à moins long terme, alors que les investisseurs sont plus audacieux et plus aptes à juger si une entreprise est prometteuse ou non.»

Néanmoins, entrer en bourse reste complexe et peut prendre jusqu’à deux-trois ans, alors qu’un financement bancaire peut s’obtenir en quelques mois. «Avec une plateforme comme Sparks, dans quelle mesure les procédures seront plus rapides qu’avec la bourse principale? Si une PME est pressée, ce n’est peut-être pas la solution idéale.»

Il faut également prendre en compte que l’idée d’être présente sur les marchés ouverts peut constituer un blocage psychologique pour une PME, estime Fabio Regazzi. En outre, l’entrepreneur n’est alors plus le seul à gérer son entreprise. «Il y aurait d’autres actionnaires, externes, et non pas des membres de la famille ou des collaborateurs, qui voudraient voir des résultats et intervenir dans la gestion de l’entreprise; cela peut être problématique pour qui n’a pas l’habitude de rendre des comptes.»

Programme de formation

Puis, il y a les coûts. «Avec un prêt bancaire, on paie les intérêts, tandis qu’à la bourse, il faut prévoir de payer 1 à 5% du total des transactions, ajoute le président de l’Usam. Ce sont des frais assez élevés. L’instrument reste encore peu connu. Et il faudra aussi investir pour communiquer puisque les PME réfléchissent à l’échelle où elles opèrent.»

Depuis l’inauguration de la plateforme, SIX Swiss Exchange a lancé la Sparks IPO Academy, conçue afin de préparer les dirigeants d’entreprises à une éventuelle introduction en bourse. «Il s’agit d’un programme de formation exclusif, destiné aux cadres travaillant dans des PME ayant des ambitions de croissance», explique Valeria Ceccarelli de SIX Swiss Exchange. La première cohorte compte treize entreprises, actives dans divers secteurs – notamment robotique, technologies médicales et financières, médias, biotechnologies –, dont plusieurs anciennes lauréates et finalistes du Top 100 Swiss Startup Award (dont le magazine est publié par «PME», ndlr).

On y trouve notamment ImmoZins, Securecell, Tradeplus24, et les romandes Abionic, Aleva Neurotherapeutics, MCI Group et Flyability. Cofondateur et CEO de cette dernière, Patrick Thévoz explique: «Vu l’écosystème des start-up qui mûrit très vite en Suisse, je suis ravi de constater que les marchés publics sont désormais prêts à offrir aux entreprises à croissance rapide de nouveaux moyens de lever des capitaux, de renforcer leur crédibilité et d’offrir des liquidités aux actionnaires. Cela met en évidence le fait que la Suisse n’est pas seulement un incubateur incroyablement efficace pour lancer de nouvelles start-up innovantes, mais qu’elle est aussi capable de les accompagner dans leur mise à l’échelle pour conquérir le monde.»

Pour des sociétés en phase de démarrage

Pour Jan Langlo, directeur de l’Association de banques privées suisses (ABPS), Sparks est une très bonne nouvelle, «car l’accès à la cotation en bourse restait compliqué et onéreux». La nouvelle plateforme permettra l’accès à un nouveau marché, à des sociétés en phase de démarrage. «L’indice du marché suisse, où sont les grandes entreprises, ne bouge généralement pas beaucoup. Les PME peuvent être plus dynamiques, gagner du capital plus rapidement, mais aussi en perdre plus vite. C’est plus risqué.» Les banques romandes vont certainement regarder ce qu’il s’y passe, dit-il. Vont-elles y investir? «Ça dépendra de ce que cherchent leurs clients et des PME disponibles. Rien ne garantit le succès de Sparks, mais il y a sûrement un potentiel intéressant.»

Les clients des banques auront-ils de l’intérêt pour des PME qui n’ont pas encore fait leurs preuves? «On ne le sait pas, mais ils pourront investir dans ce segment et ceci pourrait dynamiser le marché.» Conseiller économique à la Banque cantonale vaudoise, Jean-Pascal Baechler accueille aussi positivement l’existence de ce type de plateforme. «Cependant, les ordres passés par la clientèle pour des titres sur la plateforme OTC de la BCBE sont comparativement moins nombreux que ceux passés sur les principales places boursières», relève-t-il. D’autres banques romandes indiquent ne pas sentir un engouement pour ce type d’offre de la part de la clientèle, des PME et des investisseurs. D’autres pensent qu’il manque de place pour plusieurs acteurs dans ce segment de niche.