La plus grande région économique du pays, Shanghai, a mis en place un confinement strict de deux semaines au début du mois – qui commence tout juste à être assoupli face à la pression de la population locale –, tandis qu’à Guangzhou, la ville considérée comme l’usine du monde, viennent d’être émises des restrictions. Celles-ci vont peser sur l’activité de la deuxième économie du monde, déjà pénalisée par son secteur immobilier. Dans son dernier rapport mensuel, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé à 260 000 barils par jour l’impact des nouvelles restrictions en Chine sur la demande mondiale de pétrole.
Les cours du pétrole sont ainsi repassés sous la barre des 100 dollars, proches du creux de mars et à des niveaux qui prévalaient avant l’invasion russe en Ukraine. Les restrictions sanitaires imposées par la Chine atténuent le déséquilibre entre l’offre et la demande de pétrole, mais elles tendent également un peu plus
les chaînes d’approvisionnement. L’impact sur l’inflation est donc mitigé.
Risque de récession aux Etats-Unis
Les cours du pétrole sont également sous pression face à un risque croissant de récession aux Etats-Unis. La courbe des taux s’est considérablement aplatie ces derniers mois et s’est même temporairement inversée début avril, un phénomène qui a précédé chaque récession américaine – en moyenne de dix-neuf mois – depuis plus de cinquante ans. Les indicateurs économiques avancés signalent d’ores et déjà un ralentissement important de l’économie américaine. Le modèle GDPNow de la Fed d’Atlanta estime que la croissance américaine n’a atteint que 1,1% en rythme annualisé au premier trimestre, contre 6,9% au quatrième trimestre de l’année dernière…
L’économie américaine est particulièrement importante pour les cours du pétrole, car chaque ralentissement a provoqué une correction majeure des prix du pétrole. Les prix du baril avaient chuté de 40% lors du précédent ralentissement américain au second semestre 2018 et de 50% lors du ralentissement en 2015. Actuellement, les cours du pétrole sont en baisse de 25% par rapport au sommet à 130 dollars atteint le mois dernier à la suite de l’invasion russe en Ukraine. Une explication probable de ce lien entre l’économie américaine et les cours du pétrole est que le ralentissement américain a un impact non négligeable sur la production dans l’ensemble du monde, étant donné que les Américains sont les plus importants consommateurs (et importateurs).
Le ralentissement économique américain – qui devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres – sera donc un vent contraire important aux cours du pétrole et qui pourrait peser davantage sur l’or noir si le ralentissement se transformait en récession. Néanmoins, le ralentissement économique n’empêchera pas une nouvelle flambée des prix des barils si de nouvelles tensions sur l’offre émergent. Bien que peu probable, un nouveau gel de production de l’OPEP + serait un catalyseur qui justifierait une nouvelle flambée des prix des barils.
Levée de l'embargo sur le pétrole iranien?
Des catalyseurs plus probables seraient une réduction des exportations de pétrole russe et des ouragans dans le golfe du Mexique pendant la saison estivale. Les ouragans pourraient entraver la production américaine à certains moments du second semestre, tandis qu’une baisse significative de la demande de barils russes obligerait Moscou à fermer des puits, étant donné que le pays n’a jamais suffisamment investi dans des capacités de stockage. Il sera ensuite difficile de redémarrer les puits de pétrole fermés.
A l’inverse, du côté de l’offre, l’équation pourrait prochainement commencer à peser sur les cours de pétrole. Téhéran et Washington semblent sur le point de conclure un accord sur le nucléaire iranien, ce qui permettrait la levée de l’embargo sur le pétrole iranien, et par conséquent de faire revenir 2,5 millions de barils par jour sur le marché mondial selon les autorités du pays. Une résolution du conflit en Ukraine serait également un facteur qui détendrait le marché pétrolier, mais cela semble relativement peu probable au vu des dernières nouvelles.