C’est une question récurrente en matière de stratégie d'investissement: faut-il miser sur un portefeuille diversifié ou opter pour davantage de concentration? En théorie, la diversification apporte un plus indéniable en matière de gestion du risque. Mais elle peut aussi diluer de bonnes idées. Ou pour reprendre les dires de l’investisseur américain Warren Buffet: si la diversification préserve la richesse, c’est la concentration qui la construit. Qu’en est-il dans les faits, surtout dans le contexte actuel de hausse des taux et de l’inflation?

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«La diversification réduit les risques, mais ne doit pas devenir un oreiller de paresse en période de stress économique», estime Fernando Martins da Silva, directeur de la politique d’investissement à la BCV. Par conséquent, il reste important de diversifier son portefeuille géographiquement et dans plusieurs classes d’actifs afin d’augmenter les rendements et diminuer la volatilité.

«Le problème avec la concentration, c’est que l’on ne sait pas à l’avance ce qui va marcher, poursuit-il. Il faut une part de chance pour qu’une telle stratégie porte ses fruits sur la durée.» Par exemple, les actions américaines ont de meilleures performances que les européennes depuis quelques années, alors que l'on observait le contraire au début des années 2000.

En période de crise, la difficulté est que la corrélation entre les actifs tend à augmenter. On a pu l'observer en 2008/2009, mais aussi actuellement, pour d’autres raisons. Ainsi, depuis le début de l'année, tant l’immobilier coté en bourse, que les actions et les obligations sont orientés à la baisse. Raison pour laquelle il conseille de rester actif et prendre des positions plus défensives si nécessaire, notamment en investissant dans des placements à court terme. Selon lui, un portefeuille devrait idéalement compter une trentaine de titres pour le marché suisse, voire davantage pour d’autres marchés, afin d’apporter une «couche de fond» positive en matière de diversification et de gestion du risque.
 
Baisser la part d’actions
 

Responsable du conseil en investissement pour la Suisse romande au Credit Suisse, Gregory Diche le confirme: la diversification renvoie à la gestion du risque, alors que la concentration est davantage une recherche de performance. «La diversification dans un portefeuille reste un excellent moyen de diminuer le risque, dit-il. Cependant, il ne suffit plus aujourd’hui de diversifier au sein d’une classe d’actifs, mais également entre les différentes classes d’actifs.» En d’autres termes, il convient d’effectuer une pondération entre actions, obligations et investissements alternatifs, soit les hedge funds, le capital-investissement et l’immobilier.
 
«Avec l’augmentation des taux, les investisseurs ne peuvent plus se contenter uniquement d’actions, précise-t-il. Auparavant, on avait tendance à dire qu’un portefeuille pondéré devait compter une moitié d’actions, 35% d’obligations, 10% d’alternatif et 5% de cash. Aujourd’hui, je conseillerai de baisser la part des actions et d’augmenter celle des obligations et de l'alternatif.»
 
Selon lui, dans un portefeuille d’actions, une bonne gestion du risque est atteinte avec environ 20 à 25  titres. «Le fait d’ajouter des titres supplémentaires, ne va diminuer que de manière marginale le risque, ajoute-t-il. Je recommande d’être plus sélectif et privilégier des titres permettant de se protéger contre la hausse des taux et de l’inflation. C’est-à-dire des titres plus défensifs ou qui proposent des dividendes élevés comme la pharma, l’énergie ou les grands acteurs du secteur alimentaire.»