Nous nous rencontrons ici à Zurich, et BlackRock fête actuellement le 25e anniversaire de sa représentation locale. Quelle est l’importance de la Suisse pour BlackRock?
Larry Fink: Au début de ma carrière, j’ai travaillé pour Credit Suisse – pour First Boston. Sur les huit fondateurs de BlackRock, six venaient de Credit Suisse First Boston. Nous avons donc toujours entretenu une relation très forte et profonde avec la Suisse.
Que pensez-vous de l’évolution récente de Credit Suisse?
De manière générale, je ne parle pas des autres entreprises. La Suisse est pour nous l’un des marchés les plus importants du monde. Et la philosophie de BlackRock a de nombreuses racines en Suisse.
Parlons de la stratégie de durabilité de BlackRock. Quelle est votre position sur les installations pétrolières et gazières?
Nous sommes convaincus de la stratégie selon laquelle les risques climatiques constituent également des risques d’investissement. Si vous avez possédé des actions du secteur du carbone l’année dernière, vous vous en êtes très bien sorti. En revanche, avec des actions d’entreprises axées sur la durabilité, vous avez plutôt mal réussi à l’horizon d’un an.
La conclusion?
Lorsque nous parlons du risque climatique en tant que risque d’investissement, il s’agit d’un horizon temporel plus long. Avec un horizon de trois ans, la comparaison des rendements aurait été plus équilibrée.
Quelle est pour vous l’importance de la réduction des émissions de carbone?
Il est très coûteux de décarboniser. C’est particulièrement vrai compte tenu des déséquilibres entre l’offre et la demande dans le domaine du gaz et du pétrole. Pour le gaz en Europe, nous avons des valorisations extrêmes. En revanche, les prix du pétrole sont revenus au même niveau qu’avant l’invasion russe de l’Ukraine. Toutefois, à long terme, la transition énergétique a lieu et les entreprises doivent adapter leurs modèles commerciaux en conséquence.
Vous ne vous détournez donc pas des investissements dans le gaz ou le pétrole?
Nous avons toujours dit que nous ne céderons pas nos investissements dans cette région. Nous avons toujours été un investisseur dans les gazoducs, comme le gazoduc saoudien, celui d’Abu Dhabi, le gazoduc reliant le Texas à Mexico. Nous sommes convaincus que le gaz continuera à jouer un rôle très important dans le mix énergétique.
Cela ne fait pas l’unanimité.
Certains ne seront pas d’accord avec moi. Mais nous n’avons pas changé d’avis: un désinvestissement rapide dans le domaine du pétrole et du gaz n’est pas une transition juste et équitable. Cela nécessite un processus de planification à long terme tout en investissant dans les technologies de décarbonisation.
Où voyez-vous alors la voie de la réduction du carbone pour la production d’énergie?
Je suis un grand partisan des nouvelles technologies et je crois à la séquestration et à la récupération du carbone. Nous sommes convaincus que ces technologies permettront de compenser la poursuite de la consommation de carbone. Les pipelines qui ont été construits pour le gaz pourront un jour être utilisés pour l’hydrogène.
Comment jugez-vous l’évolution des investissements dans le domaine de la durabilité en général?
Comme dans tout marché naissant, il y a de mauvais comportements. Mais cela ne veut pas dire que tout est mauvais. Il doit y avoir un plan global à long terme et une approche progressive si l’on veut que ce soit fait de manière juste et équitable. La seule façon d’agir de manière juste et équitable en Europe est que les gouvernements subventionnent les coûts de l’énergie.
Que pensez-vous de l’action des gouvernements avant la crise?
Dans de nombreux endroits en Europe, il y a eu des débats sur la limitation de l’offre alors que la demande restait constante. Et c’est ainsi que nous avons eu un grand déséquilibre dans les réinvestissements dans les hydrocarbures. Maintenant, nous voyons comment les prix de l’énergie ont augmenté.
Mais comment réussir la transition vers le zéro émission?
C’est comme une baudruche. Si l’on retire un peu d’air, le ballon rétrécit si on ne le regonfle pas. Il en va de même pour les sources conventionnelles de pétrole et de gaz: si l’on dégonfle le ballon, on perd chaque année environ 8% de l’énergie disponible. Dans le cas de la fracturation, ce chiffre atteint même 20%. Pour maintenir la stabilité des coûts de l’énergie pour les ménages en Europe, il est donc indispensable que nous continuions à réinvestir dans ces domaines.
Qu’en est-il des sources d’énergie alternatives?
Nous avons toujours pensé qu’il fallait une stratégie à long terme pour utiliser les sources d’énergie traditionnelles, associée à des investissements dans les nouvelles technologies pour remplacer les traditionnelles. Maintenant, l’énergie solaire et l’énergie éolienne sont certes compétitives par rapport au pétrole ou au gaz. Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas toujours du soleil et du vent. C’est pourquoi l’éolien et le solaire ne pourront pas s’imposer seuls actuellement. De nouvelles technologies sont nécessaires.
Vous avez décidé d’intégrer Coinbase à votre plateforme. Autrefois, vous critiquiez les cryptomonnaies. Pourquoi ce changement?
Ces dernières années, je me suis intéressé de près au bitcoin. Il y a cinq ans, je pensais que la majeure partie de l’activité du bitcoin était du blanchiment d’argent. Mais les choses ont évolué.
C’est-à-dire?
Depuis lors, nous avons étudié les monnaies numériques de manière approfondie, ainsi que leur rôle dans la société. Je suis fermement convaincu que nous devons révolutionner les paiements dans le monde. Le coût des paiements est beaucoup trop élevé.
Pouvez-vous développer?
Mon père possédait un magasin de chaussures. A la fin de la journée, on allait à une banque avec tous les paiements et l’argent arrivait une semaine ou dix jours plus tard. Pour cela, on prélevait 2% du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, tout est automatisé en l’espace d’une seconde. Mais les frais sont toujours de 2%.
Moins de travail et toujours les mêmes frais…
Un exemple: vous travaillez dans un pays étranger et voulez envoyer de l’argent à votre famille. On vous en prélève 4% pour le transfert. Cela doit changer. En Inde, les frais de paiement ont été massivement réduits, mais pas en Occident. C’est pourquoi je suis convaincu que nous devons révolutionner le système de paiement.
Quel est votre point de vue sur le bitcoin aujourd’hui?
Permettez-moi de m’exprimer de manière adaptée à BlackRock. Notre rôle est de donner de l’espoir. Pourquoi investir dans un instrument vieux de 30 ans si l’on ne croit pas que l’humanité se portera mieux à l’avenir? Le bitcoin est ce que j’appellerais un or numérique. Comme l’or, c’est une classe d’actifs d’incertitude. Si l’on ne croit pas au système – quoi que l’on entende par là – et si l’on ne croit pas à l’impression de monnaie et aux politiques monétaires excessives et si l’on a peur de l’atmosphère politique d’un pays, quel qu’il soit, je pense que le bitcoin joue en ce moment le rôle que l’or jouait auparavant.
Et quelle est l’importance de la collaboration avec Coinbase?
Coinbase est un grand négociant dans la numérisation des stablecoins. C’est pourquoi nous avons conclu un partenariat avec eux. Il ne se passe pas une semaine sans que j’aie une conversation avec quelqu’un sur le stablecoin, la crypto, les paiements numériques, le DeFi ou le bitcoin. Aujourd’hui, je comprends également mieux le bitcoin qu’il y a cinq ans.
Quel rôle la monnaie numérique peut-elle jouer à cet égard par le biais des banques centrales?
Je pense qu’un euro ou un dollar numérique auront un rôle à jouer. Mais la grande question est de savoir quel rôle le système bancaire peut encore jouer si l’on numérise l’argent. Il y a beaucoup de grandes questions à résoudre. Mais la technologie de la numérisation des monnaies est très importante. De plus en plus de clients nous demandent également ce qu’ils doivent faire.
Que faites-vous concrètement à cet égard?
Nous avons décidé d’investir dans de telles entreprises afin de mieux les comprendre. Nous avons une équipe qui se penche sur le rôle que nous pouvons jouer. Nous avons par exemple investi dans une entreprise appelée Circle, l’une des entreprises de stablecoin à la croissance la plus rapide aux Etats-Unis. Et nous gérons les garanties dans cette activité sans prendre de risque de crédit.
Nous assistons à une guerre en Ukraine et à une montée des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Quels risques voyez-vous pour l’économie mondiale?
Nous avons bénéficié de dividendes de la paix pendant plus de trente ans. A aucune autre époque de l’humanité autant de personnes n’ont accédé à la classe moyenne dans le monde. Nous avons établi des chaînes de création de valeur efficaces et peu coûteuses. Le monde entier en a profité. En même temps, les inégalités ont augmenté dans de nombreux endroits du monde développé et dans les pays en développement.
Qu’en est-il aujourd’hui?
Le covid et la guerre en Ukraine sont arrivés, avec par conséquent des différences de plus en plus grandes entre les régions. Cela a eu un impact négatif sur les chaînes de valeur. De manière générale, le rôle de la mondialisation a changé. Il n’a pas disparu, mais il n’est plus le même que celui que nous connaissions auparavant.
C’est-à-dire?
De nombreux développements récents ont créé un risque élevé d’inflation. Grâce aux chaînes de valeur efficaces avec la Chine, le monde entier a profité d’une plus grande diversité de produits à des prix plus bas. Cela a été mis à l’épreuve avec le covid, mais aussi avec les changements d’habitudes de consommation.
Qu’est-ce qui favorise l’inflation?
Après le covid, des déséquilibres massifs sont apparus en raison d’une offre en baisse et d’une demande trop importante. Ensuite, la guerre en Ukraine a plongé les marchés de l’énergie dans la tourmente. Parallèlement, nous voyons de plus en plus d’indices de sécheresse et d’augmentation de la température sur la planète, ce qui entraîne d’énormes problèmes dans la production alimentaire. En outre, les entreprises réorientent leurs chaînes de valeur. Tout cela entraîne une hausse de l’inflation.
Quand va-t-elle redescendre?
L’inflation nous accompagnera encore un certain temps, à moins que les banques centrales ne freinent tellement les choses en augmentant les taux d’intérêt qu’une récession s’installe. Dans ce cas, l’inflation reculera parce que la demande diminuera.
Vous attendez-vous à ce que les banques centrales déclenchent une récession?
Il est intéressant de voir ce qu’a fait la banque centrale britannique. Parce que la déstabilisation de la livre et du marché des obligations menaçait, elle a dû entreprendre un virage extrême. Elle doit de nouveau injecter davantage d’argent dans l’économie par le biais d’achats d’obligations. Cette évolution montre les risques liés à la forte restriction de l’approvisionnement en monnaie par les banques centrales.
La crise aiguë en Grande-Bretagne a été déclenchée par les projets du gouvernement d’accepter nettement plus de dettes. Voyez-vous ici une évolution générale?
Absolument. En Europe, on assiste à une stimulation de l’économie par le biais des dépenses publiques alors que, dans le même temps, la Banque centrale européenne restreint l’approvisionnement en argent. Aux Etats-Unis également, le gouvernement a décidé d’accorder 1100 milliards de dollars de stimulation fiscale en 2022, tandis que la Réserve fédérale américaine a restreint l’approvisionnement en monnaie.
Concrètement, quel est le danger de telles mesures?
Nous n’avons pas vu un tel écart entre une politique monétaire de freinage et une politique fiscale de stimulation depuis 1980. Il a fallu trois à quatre ans de taux d’intérêt élevés et de récession pour sortir de cet environnement inflationniste. Je fais partie de ceux qui étaient là à l’époque. Les évolutions d’aujourd’hui sont très similaires à celles de 1980.
Vous vous attendez donc à ce que les banques centrales agissent de nouveau comme Paul Volcker de la Réserve fédérale américaine à l’époque, c’est-à-dire qu’elles étouffent massivement la conjoncture?
Nous devons nous demander ce qu’il y a de si important dans un objectif d’inflation de 2%. Pourquoi pas 3%? Si nous voulons nous en tenir à l’objectif de 2%, il faudra des taux d’intérêt beaucoup plus élevés et cela signifiera que des millions de personnes pourraient perdre leur emploi. Nous aurons alors un atterrissage difficile. Est-ce vraiment la bonne chose à faire pour la société?
Qu’en pensez-vous?
Nous pouvons nous permettre une inflation un peu plus élevée, due à des problèmes d’offre et de coûts. Car les problèmes d’offre devraient s’atténuer d’eux-mêmes au cours des dix-huit prochains mois. Prenons l’Europe: on a de gros problèmes d’approvisionnement en énergie mais ils devraient se limiter à deux hivers, même si ces hivers ne seront pas faciles.
Qu’est-ce qui sera différent après?
Les mesures qui sont déjà prises porteront leurs fruits. Cela concerne par exemple les technologies de décarbonisation ou les terminaux de gaz naturel liquéfié prévus et un changement des canaux d’offre. Aux Etats-Unis, nous n’avons pas de problèmes d’approvisionnement énergétique, l’inflation y est la conséquence d’une stimulation fiscale excessive. La banque centrale américaine tente à présent de limiter l’augmentation de l’inflation qui en résulte.
Pour combien de temps?
Quelques trimestres en tout cas. Cela dépendra de ce qui se passera par ailleurs.
Où voyez-vous les plus grands risques?
Nulle part dans le monde la situation n’est aussi bonne qu’il y a un ou deux ans d’un point de vue économique. Il y a d’autres questions: à quoi ressemblent les Etats-Unis après les élections? Quelle sera la situation en Chine après le congrès du parti? Quelles seront les circonstances en Europe? Pour l’Europe, il sera important de s’affranchir de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
C’est ce que vous supposez?
L’Europe n’est pas ébranlée dans son engagement pour la décarbonisation, mais les pays sont pragmatiques à court terme et disent: nous devons nous chauffer, nous devons produire de l’électricité. Pour cela, nous devons utiliser du charbon à court terme ou même davantage d’énergie nucléaire. C’est du pragmatisme. Même si la situation semble mauvaise pendant dix-huit mois, elle peut redevenir très bonne dans vingt-quatre mois.
Que signifie cette incertitude pour les bourses? Nous avons vu une grande correction. Vos estimations laissent penser qu’il n’y aura guère de reprise significative.
Je recommande à tout investisseur à long terme de jeter un coup d’œil sur l’histoire. Celui ou celle qui a tourné le dos au marché lors de crises comme celles de 1987, 1991, 1998, 2001 ou 2008 et 2009 a manqué d’énormes opportunités.
Vous recommandez donc d’y entrer maintenant?
Le montant à investir dépend du temps et du besoin d’argent de chacun. Je ne suis pas là pour vous assurer qu’il n’y aura pas d’autre baisse de 10 ou 15%, et je ne dis pas non plus qu’il y aura une hausse. Mais au cours des quarante dernières années, le meilleur investissement a toujours été de rester continuellement sur le marché et d’investir régulièrement dans des marchés en hausse, en baisse et stables.
C’est probablement difficile à accepter actuellement pour de nombreux investisseurs.
Pour ceux qui essaient de trouver le bon moment, c’est beaucoup plus difficile. Vu la position du marché aujourd’hui, il est plus probable qu’il soit en baisse. Mais si vous aimiez le marché il y a un an, vous devriez l’aimer aujourd’hui. Et je peux vous dire qu’il y a aujourd’hui quelques actions qui ont une grande valeur à long terme et qui ont connu des corrections de 30 à 40% parce qu’elles étaient trop valorisées auparavant.
Quel rôle a joué BlackRock dans la décision des entreprises de quitter la Russie. Avec 8,5 billions de dollars d’actifs sous gestion, vous avez beaucoup de pouvoir sur de très nombreuses entreprises si vous utilisez les droits de vote.
Nous n’avons pas joué le moindre rôle dans ce processus. Ce n’est pas notre rôle. Notre rôle n’est pas celui d’un activiste. Nous n’avons jamais exercé de pression sur aucune entreprise dans le monde, que ce soit par rapport à la Russie ou à quoi que ce soit d’autre.
Avec des collègues de grandes entreprises américaines, vous vous êtes engagés dans la Business Roundtable pour une plus grande responsabilité sociale des entreprises. Comment cela est-il perçu dans le climat politique surchauffé aux Etats-Unis?
Je n’ai pas participé moi-même à ce débat, mais nous nous sommes associés à la démarche. La polarisation existe. Dans les Etats dominés par les démocrates, nous sommes sous pression pour faire preuve de plus d’engagement social. Dans les Etats dominés par les républicains, en revanche, on nous reproche d’en faire trop. Nos clients comprennent notre position.
L’initiative de la Business Roundtable a également suscité des débats sur la question de savoir si les entreprises devraient se préoccuper des questions sociales ou plutôt se concentrer sur leurs activités.
Je crois au capitalisme des parties prenantes. Cela signifie pour moi que l’on reste en contact étroit avec ses clients et ses collaborateurs et que l’on travaille en bonne intelligence avec eux.
Les choses ont-elles changé en ce qui concerne les collaborateurs?
Aujourd’hui, les collaborateurs s’impliquent beaucoup plus que jamais. Il faut qu’ils comprennent le but de l’entreprise et qu’ils se sentent motivés. C’est ce qui m’importe, et non pas de tenir des discours politiques. Il s’agit de donner du pouvoir aux collaborateurs.
Les entreprises peuvent-elles aujourd’hui se passer d’une attitude politique?
Le meilleur exemple de capitalisme des parties prenantes est le comportement des entreprises en Europe et aux Etats-Unis vis-à-vis de la Russie, dans le sens où elles ont quitté la Russie. Elles ne l’ont pas fait à cause des sanctions. Plus de 1400 entreprises ont quitté la Russie de leur propre initiative.
Pour quelle raison?
Elles sont parties parce que leurs collaborateurs et d’autres parties prenantes ont estimé que c’était la bonne décision. Ce n’était donc pas seulement les sanctions, mais aussi le pouvoir du capitalisme des parties prenantes. Nos clients ont également dit dans le monde entier: c’est injuste. Et les CEO ont réagi en conséquence.
Cela signifie que le capitalisme des parties prenantes concerne en premier lieu les collaborateurs?
Oui, il s’agit pour moi de renforcer les collaborateurs, de leur donner le sentiment qu’ils sont importants pour l’organisation.
Comment utilisez-vous votre rôle de plus grand gestionnaire d’actions?
Notre rôle consiste uniquement à demander aux entreprises de faire preuve de transparence. C’est tout ce que nous demandons. Nous ne leur disons pas ce qu’elles doivent faire. Notre rôle est par exemple d’obtenir de meilleures informations sur la manière dont les entreprises progressent dans ce que l’on appelle les scopes un et deux des émissions, c’est-à-dire les émissions sur lesquelles elles peuvent influer elles-mêmes.
Quels sont donc vos objectifs politiques en tant qu’entreprise?
Notre travail n’est pas d’être un activiste pour une cause sociale, ni un activiste environnemental. Ce n’est pas notre rôle. En tant que gestionnaires de fortune, nous devons veiller à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour informer nos clients, c’est-à-dire les personnes dont nous gérons les fonds. Si un client souhaite que son argent soit investi à 100% dans le carbone, nous remplirons cette mission.
Cela signifie que vous soutenez habituellement la gestion des entreprises?
Nous ne sommes pas des activistes de l’actionnariat. BlackRock a soutenu la plupart des demandes de la direction parce que nous sommes en dialogue permanent avec ces entreprises. Elles connaissent nos positions. La plupart des résolutions portent de toute façon sur la gouvernance, c’est-à-dire la gestion de l’entreprise, et non sur l’environnement, c’est-à-dire les préoccupations environnementales. Ces dernières ne représentent qu’une très petite partie.
Dans quels cas refusez-vous des demandes?
Lorsque nous avons voté contre la direction, il s’agissait le plus souvent de la gestion, par exemple lorsque le conseil d’administration n’était pas assez diversifié. Nous sommes convaincus et pouvons démontrer statistiquement qu’une entreprise dont le conseil d’administration n’est pas assez diversifié obtient de moins bons résultats que si le conseil d’administration est plus diversifié.
1952 Naissance de Laurence Douglas Fink, dit Larry Fink, dans une famille juive dans les banlieues modestes de Los Angeles.
1995 Après avoir travaillé comme trader pour First Boston, il fonde BlackRock avec sept partenaires.
2022 Les actifs sous gestion à fin juin de BlackRock s’élevaient à plus de 8487 milliards de dollars. Il est considéré par Fortune comme «l’homme le plus puissant de Wall Street».