Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Dans les tréfonds du classement l’an dernier, les cantons romands ont montré qu’en 2021 ils avaient su tirer les leçons de l’exercice précédent très impacté par la crise sanitaire.
Au final, le Valais l’emporte avec une moyenne tonitruante de 5,74. Car son patron des Finances connaît la musique: il dirigeait cet été l’orchestre qui accompagnait l’opérette L’auberge du cheval blanc, jouée dans sa bonne ville de Loèche. En musicien averti et passionné, Roberto Schmidt a su donner le bon tempo.
En Valais, les charges sont bien couvertes (102,88%) et valent la note idéale (Ind. 1). Deux autres 6 récompensent des investissements plus que financés (Ind. 2) et une dette nette en recul (Ind. 3). Dans les équilibres budgétaires, seul le poids des intérêts nets (Ind. 4) détonne: «Le Valais est le seul canton avec le Tessin et Genève à voir une part de ses impôts mangée par le service de la dette», note Nils Soguel, instigateur du Comparatif des finances publiques. «Avec 3,68%, c’est la valeur la plus élevée de tous les cantons, mais le poids des intérêts payés par le Valais reste faible», ajoute le professeur de l’Université de Lausanne.
En matière de qualité de la gestion financière, le Valais pourrait, sur son harmonieuse partition, rajouter un dièse à ses efforts d’investissement (Ind. 6). Sinon Roberto Schmidt joue la mélodie du bonheur: les dépenses courantes (Ind. 5) se réduisent et les prévisions fiscales sont un rien pessimistes (Ind. 7) sans que ce bémol n’affecte vraiment la note. Certes, l’intérêt moyen de la dette (Ind. 8) est le plus haut de tous les cantons, mais dans la portée des taux enregistrés ces dix dernières années.
Le constat «A 2,45%, les intérêts assumés par le Valais restent malgré tout assez faibles», nuance Nils Soguel.
Sur le front de la dette, le maestro Schmidt pourrait mieux moduler ses accords. A presque 80% des revenus courants, le Valais rejoint les cantons les plus endettés. «Les bas taux d’intérêt masquent un endettement qui pourrait devenir problématique à l’avenir», prévient le professeur de l’Institut de hautes études en administration publique (Idheap). Au final, avec 5,74 de moyenne, le Valais ravit aux Saint-Gallois (2e – 5,64) le titre remporté l’an passé.
C’est à des prévisions fiscales très pessimistes (presque 7% de moins que les impôts perçus) que les Brodeurs doivent d’avoir perdu leur couronne. Le podium est complété par Appenzell Rhodes-Intérieures (3e – 5,62). Pour son dernier exercice, le centriste Georges Godel rate de très peu le podium (4e – 5,59). Pourtant le grand argentier fribourgeois réussit un exploit assez rare: l’accord majeur parfait sur les quatre indicateurs de santé financière: 6 partout! Un bel unisson!
Sur les deux indicateurs liés à la dette, Georges Godel maintient l’excellent 5,93 déjà obtenu en 2020. En fait, c’est la qualité de la gestion financière qui le prive d’un point d’orgue sur le podium. Pourtant, sur les prévisions fiscales et sur l’intérêt de la dette, le bon sens paysan de l’élu glânois fait toujours recette avec des 6 forcément harmonieux.
Les premières dissonances se font entendre sur les dépenses courantes avec une hausse de plus de 2%. Autre contretemps: des efforts d’investissement trop mesurés et qui jouent la fugue, à même pas 3,5% des dépenses, empêchent Georges Godel de terminer sa partition sur un accord final coulé dans le bronze.
Le classement romand
Les cantons romands suivants figurent en honnête position: Vaud (7e – 5,32) et le Jura (10e – 5,15), qui se glisse un demi-ton devant Berne (12e – 5,12).
Il faut dire que les places sont très serrées et l’on passe vite du sommet au ventre mou du classement. En effet, deux tiers des cantons dépassent le 5 de moyenne! Dans ce contexte, le dernier exercice complet de Pascal Broulis (PLR) est plus qu’honorable. Après des équilibres budgétaires presque parfaits en 2020, les comptes 2021 affichent une couverture des charges (Ind. 1) même trop confortable (105%).
En fait, les bémols de la partition vaudoise se lisent surtout dans la gestion financière, dont la qualité s’améliore, mais qui pourrait encore progresser. Les altérations viennent à un tempo soutenu de dépenses courantes qui augmentent allegro (Ind. 5, +3%) et de prévisions fiscales qui filent prestissimo dans le pessimisme (Ind. 7, plus de 11% de sous-évaluation). En parallèle, Vaud se montre toujours trop moderato dans ses investissements (Ind. 6). A l’opposé, Pascal Broulis reste un parangon de la gestion de la dette.
De son côté, la nouvelle ministre jurassienne des Finances déchiffre plutôt bien sa partition. Rosalie Beuret Siess redresse la cadence des équilibres budgétaires, avec une note qui double, de 2,29 à 5,24. Dans le registre, le point le plus faible reste la propension à toujours plus d’engagements supplémentaires (Ind. 3).
La qualité de la gestion financière s’améliore aussi. L’élue socialiste arrive même à réduire les dépenses courantes (Ind. 5). C’est le seul canton, avec le champion valaisan, à y parvenir. Rosalie Beuret Siess a aussi déjà pris les plis des grands argentiers: les prévisions d’impôts sont (trop) pessimistes (Ind. 7) et l’effort d’investissement (Ind. 6) mériterait un bon dièse de hausse. En revanche, tous les paramètres de la dette pénalisent les finances jurassiennes.
Pour son dernier exercice, Beatrice Simon (ex-PBD, aujourd’hui Le Centre) permet à Berne de rester dans la première moitié du classement. En 2021, les faiblesses de l’Ours bernois relèvent d’une certaine difficulté à s’autofinancer (Ind. 2). Même si ses investissements jouent moderato, mais pas encore cantabile (Ind. 6). Au final, la partition bernoise montre une interprétation sans trop de fausses notes.
Pour Neuchâtel, la valse des chiffres s’est améliorée, mais cette exécution plus allègre ne se traduit pas dans le classement, où le canton perd une place (22e – 4,63) malgré une moyenne en hausse de quatre dixièmes. Pour diriger une marche triomphante, Laurent Kurth (PS) devrait faire une pause sur les investissements afin d’en améliorer l’autofinancement (Ind. 2).
Certes, l’effort en la matière est plutôt conséquent (Ind. 6), mais il se fait surtout à crédit, via l’emprunt. Dès lors, on ne saurait s’étonner que les critères de la dette virent à un rouge toujours plus vif. Supérieure à 4,5, la moyenne neuchâteloise est honnête, mais il faudra à l’avenir tenir le tempo pour remonter au classement.
Genève doit à la chute d’Uri d’échapper à la lanterne rouge. Bien sûr, ses finances s’améliorent un peu: le canton frôle la moyenne (3,95) et, par rapport à l’exercice précédent, progresse de 1,2 bonne, comme on dit au bout du lac. Mais le problème de la dette genevoise reste lancinant avec la pire note possible.
Plus délicat encore: sur l’exercice 2021, les engagements nets (Ind. 3) s’accroissent encore de 3,6% et les dépenses courantes (Ind. 5) explosent de plus de 4,5%. Normal dès lors que Nathalie Fontanet (PLR) tente de modérer le prestissimo dépensier de son Grand Conseil en sous-estimant allegro ses recettes (Ind. 7). Mais Genève devra un jour traiter le problème de sa dette (la plus lourde du pays). Car avec la fin des intérêts négatifs et de l’argent gratuit, la facture risque d’être très vite très salée.
Valais: la mélodie du bonheur
En Valais, les charges sont bien couvertes avec juste ce qu’il faut en plus (102,88%) pour obtenir la note idéale (Ind. 1). Deux autres 6 récompensent des investissements plus que complètement financés (Ind. 2) et une dette nette en recul de quelques pour cent (Ind. 3). Sous l’angle des équilibres budgétaires, seul le poids des intérêts nets (Ind. 4) détonne: «Le Valais est le seul canton avec le Tessin et Genève à voir une part de ses impôts mangés par le service de la dette», note Nils Soguel, initiateur du Comparatif des finances publiques qui, depuis plus de vingt ans, mesure les performances des grands argentiers.
«Avec 3,68%, c’est la valeur la plus élevée de tous les cantons, mais le poids des intérêts payés par le Valais reste faible», ajoute le professeur de l’Université de Lausanne. Certes, mais avec des taux directeurs de la Banque nationale suisse (BNS) qui repassent en territoire positif, cela pourrait aussi annoncer des lendemains qui risquent de déchanter.
En matière de qualité de la gestion financière, c’est seulement sous l’angle des efforts d’investissement (Ind. 6) que le Valais pourrait rajouter un dièse à sa très harmonieuse partition. Sinon Roberto Schmidt joue carrément la mélodie du bonheur: les dépenses courantes par habitant (Ind. 5) sont contenues et se réduisent même. Les prévisions fiscales sont très légèrement pessimistes (Ind. 7) sans que ce bémol n’affecte vraiment la note. Certes, l’intérêt moyen de la dette (Ind. 8) est le plus haut de tous les cantons, mais il demeure sous contrôle, dans la portée des taux enregistrés ces dix dernières années. «A 2,45%, les intérêts assumés par le Valais restent malgré tout assez faibles», nuance Nils Soguel. Au total, la moyenne de la qualité de la gestion s’avère bien tempérée, à 5,80.
Sur le front de l’endettement, le maestro Schmidt pourrait mieux moduler ses accords. A hauteur de presque 80% des revenus courants, la dette brute valaisanne rejoint le groupe des cantons les plus endettés. «Les bas taux d’intérêt masquent un endettement qui pourrait devenir problématique à l’avenir», prévient le professeur de l’Institut de hautes études en administration publique (Idheap). Au final, le Valais signe une moyenne globale de 5,74 qui lui permet de ravir aux Saint-Gallois (2e – 5,64) le titre dont ils s’étaient emparés l’an passé.
Fribourg au pied du podium
Pour son dernier exercice après dix ans à la direction des Finances fribourgeoises, le centriste Georges Godel rate de très peu le podium (4e – 5,59). Pourtant le grand argentier dzodzet réussit un exploit assez rare: l’accord majeur parfait sur les quatre indicateurs de santé financière. En effet, tant pour la couverture des charges que pour le degré d’autofinancement, pour les engagements supplémentaires et pour le poids des intérêts, Fribourg obtient à chaque fois la note maximale de 6! Un bel unisson!
Sur les deux indicateurs liés à la dette, Georges Godel maintient exactement l’excellente moyenne de 5,93 déjà obtenue en 2020. En fait, ce sont les critères de qualité de la gestion financière qui le privent d’un point d’orgue sur le podium. Pourtant, sur l’exactitude des prévisions fiscales et sur l’intérêt moyen de la dette, le bon sens paysan de l’élu glânois fait toujours recette avec des 6 forcément harmonieux.
C’est en revanche sur la maîtrise des dépenses courantes que les premières dissonances se font entendre. Une augmentation de plus de 2% représente un premier contretemps pour Georges Godel. En prime, des efforts d’investissement par trop parcimonieux et qui jouent la fugue, à même pas 3,5% des dépenses courantes, empêchent le conseiller d’Etat centriste de terminer sa partition sur un accord final coulé dans le bronze. Dommage!
Vaud en bonne harmonie
Vaud (7e – 5,32) figure en honnête position. Il faut dire que, comme en tête, les places sont très serrées et l’on passe vite du sommet au ventre mou du classement. En effet, deux tiers des cantons réalisent une note moyenne supérieure à 5! Dans ce contexte, le dernier exercice complet de Pascal Broulis (PLR) est plus qu’honorable. Par rapport à l’an passé où le grand argentier vaudois obtenait pratiquement la note parfaite sur les équilibres budgétaires, les comptes 2021 affichent une couverture des charges (Ind. 1) trop confortable, à presque 105%, ce qui pénalise légèrement la moyenne.
En fait, les bémols de la partition vaudoise se lisent surtout dans la gestion financière, dont la qualité s’améliore, mais qui pourrait encore progresser. Les altérations viennent à un tempo soutenu de dépenses courantes qui augmentent allegro (Ind. 5, +3%) et de prévisions fiscales qui filent prestissimo dans le pessimisme (Ind. 7, plus de 11% de sous-évaluation). En parallèle, Vaud se montre toujours trop moderato dans son effort d’investissement (Ind. 6). A l’opposé, Pascal Broulis reste un parangon de la gestion de la dette où tous les indicateurs affichent le noir le plus éclatant.
Le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap donne toujours aux administrations fiscales concernées l’occasion d’exprimer leurs remarques par rapport aux chiffres mis en évidence. Côté vaudois, on souligne l’impact du Covid-19 sur la glissade des dépenses courantes. Et on ne peut résister de rappeler – encore une fois – que l’effort d’investissement y est pénalisé par la délégation de tâches publiques à des institutions subventionnées.
Le Jura un demi-ton au-dessus de Berne
Le Jura (10e – 5,15) est aussi en bonne position et se glisse un rien (ou un demi-ton) devant Berne (12e – 5,12). La nouvelle ministre jurassienne des Finances déchiffre plutôt bien sa partition. Rosalie Beuret Siess redresse nettement la cadence au niveau des équilibres budgétaires, avec une note moyenne qui double, de 2,29 à 5,24. Le point le plus faible de ces quatre premiers indicateurs reste la propension du plus jeune canton à toujours souscrire plus d’engagements supplémentaires (Ind. 3).
La qualité de la gestion financière s’améliore presque autant, l’élue socialiste parvient même à réduire les dépenses courantes par habitant (Ind. 5). C’est le seul canton, avec le champion valaisan, à y parvenir. Rosalie Beuret Siess a par ailleurs bien vite pris les habitudes usuelles des grands argentiers: à l’image de son homologue vaudois, les prévisions d’impôts sont (trop) pessimistes (Ind. 7) et l’effort d’investissement (Ind. 6) mériterait au moins un dièse de hausse. En revanche, tous les paramètres liés à l’endettement restent une source de soucis pour les finances jurassiennes.
Le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap donne toujours aux administrations fiscales concernées l’occasion d’exprimer leurs remarques par rapport aux chiffres mis en évidence. Le Jura se contente de signaler une provision de 10 millions constituée pour tenir compte du solde horaire du personnel.
Berne reste dans la 1re moitié du classement
Pour son dernier exercice, Beatrice Simon (ex-PBD, aujourd’hui Le Centre) permet à Berne (12e –5,12) de rester dans la première moitié du classement. En 2021, les faiblesses de l’Ours bernois relèvent d’une certaine difficulté à s’autofinancer (Ind. 2). Même si ses investissements jouent moderato, mais pas encore cantabile (Ind. 6). Le taux d’endettement net (Ind. 9) devrait aussi préoccuper un peu le Conseil exécutif. Reste que la vue d’ensemble de la partition bernoise montre une interprétation sans trop de fausses notes.
La valse encore irrégulière de Neuchâtel
Pour Neuchâtel, la valse des chiffres s’est améliorée par rapport aux comptes 2020, mais cette exécution plus allègre ne se traduit pas dans le classement, où le canton perd une place (22e – 4,63) malgré une moyenne en hausse de quatre dixièmes. Pour diriger une marche triomphante, Laurent Kurth (PS) devrait faire une pause sur les investissements afin d’en améliorer significativement l’autofinancement (Ind. 2).
Certes l’effort en la matière est plutôt conséquent (Ind. 6), mais il se fait essentiellement à crédit, via l’emprunt. Dès lors, on ne saurait s’étonner que les critères liés à l’endettement apparaissent dans un rouge qui risque de devenir toujours plus vif. Supérieure à 4,5, la moyenne neuchâteloise est honnête, mais il faudra tenir le tempo ces prochaines années pour parvenir à remonter dans le classement. Car la concurrence entre cantons reste toujours vive et serrée.
Le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap donne toujours aux administrations fiscales concernées l’occasion d’exprimer leurs remarques par rapport aux chiffres mis en évidence. Neuchâtel souligne que les chiffres noirs du compte 2021 sont signés sans rien prélever sur la réserve de politique conjoncturelle, après un budget dans le rouge. L’administration se réjouit aussi de l’impact favorable de la reprise conjoncturelle qui a boosté l’impôt sur les personnes morales.
Genève à un quart de ton de la moyenne
Genève doit à la chute d’Uri d’échapper à la lanterne rouge. A l’ombre du Jet d’eau, les finances s’améliorent néanmoins un peu. Avec une note globale de 3,95, le canton frôle la moyenne du suffisant et, par rapport à l’exercice précédent, progresse de 1,2 bonne, comme on dit au bout du lac. Mais le problème de la dette genevoise reste lancinant: sur les deux indicateurs spécifiques, Nathalie Fontanet (PLR) touche le fond et obtient la pire note possible.
Plus délicat encore: sur l’exercice 2021, les engagements nets mesurés à l’aune des dépenses (Ind. 3) s’accroissent encore de 3,6% et les dépenses courantes par habitant (Ind. 5) explosent de plus de 4,5%. Dans de telles circonstances, il n’est pas surprenant que la grande argentière tente de modérer le prestissimo dépensier de son Grand Conseil en sous-estimant allegro ses recettes (Ind. 7). Mais il faudra quand même un jour que Genève prenne à bras-le-corps le problème de sa dette (la plus forte du pays). Car avec la fin des intérêts négatifs et de l’argent gratuit, la facture risque d’être très vite très lourde.
Le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap donne toujours aux administrations fiscales concernées l’occasion d’exprimer leurs remarques par rapport aux chiffres mis en évidence. A Genève, l’administration se montre très prolixe en explications. On en retiendra particulièrement le fait que, pour une fois, la dette de l’Etat est en baisse (-427 millions de francs) à 12,4 milliards, tout de même. On fait aussi remarquer que le canton a pu continuer à se financer à taux négatif en touchant de l’argent sur ses emprunts à court terne et a su profiter des taux d’intérêt au plancher. Deux éléments appelés à ne pas se retrouver en 2022…
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