Selon la loi, chaque salarié peut envisager de prendre une retraite anticipée dès 58 ans, pour autant que sa caisse de pension le prévoie dans son règlement. La question centrale est plutôt: peut-il se le permettre? «Dans le 1er pilier, tout le monde peut demander un versement anticipé de deux ans au maximum avant l’âge ordinaire de la retraite, mais cela entraîne une réduction à vie de la rente de 6,8% par an», explique Tim Hegglin, porte-parole de Swiss Life. «En règle générale, une retraite anticipée n’est possible que si l’on dispose d’un patrimoine suffisant, de manière à pouvoir combler le manque à gagner qui en résulte. C’est un projet qui doit être planifié avec soin», ajoute Pascal Terrettaz, spécialiste en planification financière chez Raiffeisen Suisse. Ces deux experts livrent leurs conseils.

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1. Se faire conseiller

Une rente de vieillesse se compose de la rente AVS et de la rente de la caisse de pension, mais toutes les caisses de pension n’offrent pas les mêmes conditions. «Pour les personnes affiliées à une caisse de pension offrant des prestations supérieures à la moyenne, une retraite anticipée est habituellement plus accessible et cela dépend des plans de prévoyance pour lesquels les entreprises ont opté», détaille Pascal Terrettaz. Tim Hegglin recommande quant à lui de se faire conseiller par un expert. Des informations se trouvent notamment auprès des assurances, des banques ou d’experts indépendants, par exemple en planification retraite et prévoyance.

2. Estimer les montants

Avant d’envisager une retraite anticipée, il faut évaluer ses besoins. Ce sont notamment «les besoins financiers futurs, le montant de l’avoir de vieillesse épargné dans le 2e pilier et de facto le montant des rentes, de la fortune libre et des revenus qui en découlent – on parle ici du 3e pilier, qui permet de combler les lacunes du 2e pilier. L’estimation des besoins doit aussi prendre en compte les prestations supplémentaires offertes par la caisse de pension ou l’employeur, l’état de santé et la situation familiale», relève Pascal Terrettaz. Tout cela doit se calculer. Tim Hegglin expose l’exemple suivant: «Monsieur A. dispose d’un avoir de vieillesse de 1 million de francs. Pour une retraite ordinaire à 65 ans, le taux de conversion est de 4,768%, ce qui représentera 47 680 francs par an. Plus la retraite est prise tôt, plus le taux de conversion baisse. Ainsi, par exemple, en cas de retraite anticipée à 60 ans, la retraite sera dans cet exemple environ 10% moins élevée.»

3. Economiser sur le 3e pilier

Les efforts d’épargne personnelle sont indispensables pour arrêter de travailler avant l’âge légal. Pascal Terrettaz préconise donc de commencer dès le plus jeune âge: «On recommande, si possible, de verser le montant maximum – actuellement 6883 francs par an ou 34 416 francs sans caisse de pension – dans le pilier de prévoyance individuel lié (3a), explique-t-il. On conseille aussi d’ouvrir plusieurs comptes 3a et de retirer les montants de manière échelonnée. Cela permet une économie d’impôts.» Lorsque le montant se trouve sur un seul compte, le capital devra en effet être retiré en une fois, avec les impôts correspondants. «Miser sur des solutions 3a en titres offre en outre davantage de rendement», précise Pascal Perrettaz.

4. Répertorier les dépenses

Au-delà des frais fixes et des dépenses quotidiennes, il faut compter avec des charges supplémentaires. N’étant plus couvert par l’assurance accidents de son employeur, le futur retraité devra l’inclure dans son assurance maladie. «Il faut aussi tenir compte du fait que les dépenses déductibles du revenu imposable sont généralement moins importantes, note Tim Hegglin. Par ailleurs, le fait d’avoir plus de temps libre est susceptible de faire augmenter les dépenses. Si vous êtes propriétaire d’un logement avec une hypothèque, il faut vous assurer que les éventuels frais soient couverts toute votre vie durant.» Pascal Terrettaz attire également l’attention sur les risques liés à l’inflation: «Les caisses de pension ne sont pas tenues d’indexer les rentes au renchérissement. Et le coût de la vie augmente, de même que les primes d’assurance maladie et les frais de santé avec l’âge.» Il ouvre par ailleurs la réflexion à une autre solution: «Une retraite partielle – à savoir une réduction partielle du taux d’activité à partir de 58 ans – pourrait représenter une alternative intéressante.»

Frugaliste: être retraité à 40 ans, est-ce vraiment possible?

Etre financièrement indépendant dès l’âge de 40 ans pour arrêter de travailler: voilà l’objectif des frugalistes. L’idée implique cependant de prendre d’importantes prédispositions. «Les adeptes du mouvement frugaliste comprennent que l’argent placé sur un compte épargne n’est pas productif, explique Pascal Terrettaz. Ce faisant, ils investissent leur argent sur les marchés financiers et le font travailler pour eux. Celui qui commence tôt dispose d’un horizon de placement long.»

Quant à l’objectif d’une retraite à 40 ans, il est néanmoins peu réaliste, selon Pascal Terrettaz: «Cela n’est possible qu’avec un taux d’épargne très élevé et un salaire supérieur à la moyenne. Et même dans ce cas, cela reste très ambitieux. Il faut surtout définir l’objectif d’épargne. Pour des buts à court terme comme un tour du monde, il faut épargner différemment que pour des besoins à long terme comme la prévoyance vieillesse.»