«Coiffer des clients à la chaîne ne m’intéressait plus. Très jeune déjà, j’étais déterminée à créer ma propre entreprise. J’ai donc choisi de quitter le confort d’un emploi salarié pour monter une affaire plus en phase avec ma philosophie.
A 21 ans, j’ai lancé mon premier projet: un salon de coiffure haut de gamme, exclusivement pour femme, avec un service personnalisé, dans les rues basses de Fribourg. Mener un tel projet si jeune est un pari compliqué, en particulier parce que les banques sont frileuses à l’idée d’accorder des prêts importants, notamment pour les petits commerces comme un salon de coiffure. Il m’a fallu demander un peu d’aide auprès de ma belle-famille, qui travaille désormais avec moi. La première année a été difficile, la clientèle se faisait rare. Ce sont mes formules personnalisées qui ont permis à l’entreprise de véritablement démarrer. En 2018, j’ai ainsi pu déménager dans des locaux plus grands, à Marly (FR).
Je voulais confectionner, avec l’aide d’un chimiste spécialisé, ma propre gamme de produits capillaires. Les premiers produits Coiff’Emoi sont sortis en 2015 et ont directement suscité l’engouement chez les clientes. D’autres salons de coiffure voulaient également les utiliser, nous avons donc commencé à vendre auprès des professionnels. Au cours des huit premières années d’activité, nous avons ainsi pu multiplier notre chiffre d’affaires annuel par six, passant de 100 000 à 600 000 francs.
J’ai largement utilisé les réseaux sociaux pour faire connaître ma marque et pour entretenir un lien avec mes clientes. C’est un bon moyen de toucher toutes les générations. Mes produits ne sont pas forcément accessibles à toutes, mais mes publications sur les réseaux sociaux le sont. Cela me permet d’entretenir la visibilité de Coiff’Emoi au-delà de ma clientèle actuelle et d’assurer une continuité. Aujourd’hui, Coiff’Emoi totalise près de 15 000 abonnés sur Instagram et nous sommes aussi présents sur Facebook, LinkedIn et TikTok.
La pandémie de covid et les restrictions sanitaires m’ont malheureusement contrainte un moment à l’arrêt. J’étais très pessimiste quant aux conséquences pour l’entreprise de cette interruption, puis nous avons eu l’idée de proposer des kits pour effectuer les colorations chez soi, que nous avons agrémentés de tutoriels en direct sur FaceTime. En 2016, une de mes amies a eu un cancer. J’ai voulu l’aider à ma façon, en créant des perruques médicales. C’était un moyen pour moi de donner davantage de sens à mon métier, dont la raison d’être est avant tout esthétique et superficielle. J’ai donc suivi une formation au CHUV, notamment pour apprendre à gérer l’aspect émotionnel de la pratique, et je suis fière de figurer désormais sur la liste des professionnels agréés par les services d’oncologie pour offrir cette prestation. Pour plus d’intimité, j’ai installé une cabine insonorisée adaptée dans mon salon. Il est important pour moi que les patientes se rendent à une séance de coiffure, et non à un rendez-vous médical en milieu hospitalier.
Aujourd’hui, à 29 ans, je travaille avec deux coiffeuses professionnelles dans le salon où nous accueillons plus de 1000 clientes régulières. La gamme Coiff’Emoi est utilisée par une quinzaine d’établissements de Suisse romande et du Tessin et tous ont dû suivre une formation avant de recevoir les produits. L’objectif de cette année: m’étendre en Suisse alémanique.»