La domination du nouveau géant bancaire est impressionnante. Ensemble, UBS et Credit Suisse accordent environ une hypothèque sur quatre en Suisse. Le nouveau géant domine également le secteur de la clientèle d'entreprise où l'UBS tire fortement avantage de son acquisition. Dans la banque d'investissement suisse, les deux acteurs détiennent une part de marché d'environ 40%.

Un acteur dominant le marché au prix de milliers d'emplois supprimés, il est légitime de se demander s’il s’agit de la meilleure solution. Deux jours après le coup de marteau de la fusion, le débat s'enflamme.

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Une sorte de «mini Credit Suisse» pourrait être une alternative pour sauver des emplois et maintenir la concurrence à un niveau élevé. Cela pourrait surtout profiter aux entreprises clientes. Mais il n'est pas certain que l'UBS veuille céder ce secteur d'activité rentable.

UBS veut un monopole, les entreprises plus de concurrence

«Nous sommes très déterminés à le conserver», a répondu dimanche le président de la banque, Colm Kelleher, à la question de l'avenir des activités suisses du CS. La grande banque ne souhaite pas commenter davantage le sujet pour le moment.

Marcel Rohner, ex-patron d’UBS et actuel président de l'Association suisse des banquiers, n'exclut pas une séparation des activités suisses. «Je pars du principe que l'on a réfléchi à la manière de traiter les affaires suisses, mais que l'on doit d'abord ramener le calme dans le système. Ensuite, on verra comment cette intégration se fera. Tout est possible, de l'intégration complète à la vente partielle», a déclaré Marcel Rohner mardi matin à Zurich.

Les entreprises suisses s'inquiètent de la domination du marché par la nouvelle super-banque. Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'Union des arts et métiers, verrait d'un bon œil la séparation du CS Suisse: «Plus de concurrence est toujours une bonne chose». En effet, les banques américaines présentes en Suisse ne sont souvent pas une alternative, notamment en ce qui concerne les crédits d'entreprise en francs pour les PME et le trafic des paiements. De plus, les entreprises clientes veulent diversifier leur relation bancaire du point de vue des risques. Mais pour y parvenir, l'UBS devrait à nouveau céder la majorité des activités suisses du CS. «Je pense que cela est peu probable», déclare le directeur.

Le célèbre historien économique Tobias Straumann met lui aussi en garde contre une domination trop grande de la nouvelle banque sur le marché et demande que les activités suisses du CS soient à nouveau séparées. «Une séparation des activités suisses serait une bonne affaire pour l'UBS, une entrée en bourse rapporterait probablement des dizaines de milliards», déclare-t-il dans l'interview. Il s'attend en outre à ce que la pression politique sur l'UBS augmente encore.

Les observateurs du marché estiment également que le dernier mot n'a pas encore été dit sur cette question. L'UBS aurait trois options: l'intégration complète de l'ensemble du CS, laisser la marque «Credit Suisse» continuer à vivre en Suisse en tant que deuxième marque ou vendre à nouveau les activités suisses via une entrée en bourse.

Les arguments qui plaident en faveur d’une séparation

Jusqu'à présent, toutes les déclarations des responsables vont dans le sens d'une intégration complète. Mais il y a aussi de bonnes raisons d'envisager une réintroduction du CS Suisse en bourse. 

Actuellement, l'entité suisse est sans aucun doute la partie la plus précieuse de Credit Suisse. Les analystes de JP Morgan estiment sa valeur à environ 10 milliards de francs. Dans le cadre de la fusion orchestrée par l'Etat, UBS recevrait l'ensemble du CS pour un peu plus de 3 milliards de francs, plus une garantie de pertes de 25 milliards de francs, alimentée par l'amortissement forcé d'une obligation du CS d'une valeur de 16 milliards de francs et de la garantie de perte de l'Etat de 9 milliards de francs.

Si UBS vendait CS Suisse en bourse, elle pourrait ainsi réaliser un énorme bénéfice qu'elle pourrait distribuer aux actionnaires d'UBS. Il s'agirait d'une belle consolation pour compenser le fait que les propriétaires d'UBS sont privés de droit de vote sur le rachat. 

Le deuxième avantage serait qu'en entrant en bourse avec CS Suisse, l'UBS pourrait économiser une grande partie des douloureuses suppressions d'emplois. A l'avenir, 37 420 personnes travailleront sous l'égide de l'UBS, dont 21 720 proviendront de l'UBS et 16 700 du CS. Rien qu'en Suisse, environ 10 000 emplois devraient être menacés par l'intégration.

La Comco s’attaque à la super banque 

Troisième avantage, la nouvelle super banque éviterait ainsi des ennuis potentiels avec l'autorité de surveillance de la concurrence, la Comco. Celle-ci a certes été mise de côté par la Finma lors de l'approbation de la fusion monstre, car la stabilité financière est plus importante que les problèmes de concurrence. Mais cela ne signifie pas que l'UBS est à jamais débarrassée de la Comco sur son marché national. «La Comco aurait la possibilité d'examiner le comportement de la nouvelle banque si elle était dominante sur le marché pour certains produits», explique Patrik Ducrey, directeur de la Comco. 

Le département des finances ne précise pas si la possibilité de céder ultérieurement les activités suisses du CS a été discutée lors des discussions de reprise et renvoie à ce sujet aux déclarations faites lors de la conférence de presse de dimanche. Une telle transaction rendrait évidemment l'accord de reprise plus complexe, et il semble donc logique que les acteurs se soient concentrés sur la conclusion de la reprise globale du CS par l'UBS. 

Et le deal n'est pas encore conclu, les régulateurs de dizaines de pays doivent encore donner leur aval. Dans un mois à peine, l'intégration commencera. D'ici là, le débat sur l'avenir du CS Suisse n'aura probablement pas cessé.

Holger Alich
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