Employée ou employé, employeur ou employeuse, l’heure est aux bilans et pas seulement au bilan de votre entreprise. Différents chiffres ont déjà paru pour avertir que le rendement des institutions de prévoyance était en recul à fin 2022, –12% en moyenne selon le moniteur de Swisscanto. Conséquence: le taux de couverture a également baissé pour se situer, en moyenne toujours selon la même source, à 105,6%. Ces chiffres, qui ne sont qu’un instantané pris à un moment précis, cachent en fait d’énormes disparités entre les caisses. Faut-il s’en inquiéter?
Une première partie de réponse est déjà tombée en début d’année. Les marchés ont rattrapé un peu du chemin perdu en 2022. Le troisième cotisant – les placements – joue en effet un rôle clé et fort volatil dans l’analyse de la santé des caisses de pension. L’exercice 2022 a souligné une fois encore l’importance de la gestion à long terme des réserves de fluctuation pour pouvoir assurer le taux d’intérêt minimal des avoirs vieillesse du régime obligatoire – confirmé à 1% par les autorités fédérales – même par mauvais temps. Il est intéressant de se souvenir qu’il y a douze mois, au terme d’une année boursière particulièrement brillante, la question la plus fréquente était: pourquoi ne redistribue-t-on pas plus?
Le retour des obligations
Une deuxième partie de réponse réside dans le retour d’une classe d’actifs clé pour les institutions de prévoyance: les obligations. Même si elle a diminué au profit des actions et de l’immobilier, leur présence reste significative dans les portefeuilles institutionnels: un peu moins de 30% en moyenne. Après des années de rendements bas, voire négatifs, les emprunts, notamment les emprunts souverains, rapportent de nouveau, même s’ils n’ont pas encore entièrement retrouvé leur niveau et leur rôle d’antan. Ainsi, le rendement d’une obligation à dix ans de la Confédération, boussole pour les investisseurs suisses, a progressé, mais il se montre irrégulier depuis le début de l’année. Un retour durable à une certaine normalité stabiliserait les rendements et donc pourrait limiter la pression baissière sur les taux de conversion à plus longue échéance. Pas au point cependant de remettre en question pour l’heure la baisse de 6,8% à 6% prévue, pour la part obligatoire, par la réforme de la prévoyance professionnelle en discussion à Berne.
Plusieurs facteurs à prendre en considération
La santé de votre caisse de pension dépend en outre de la structure démographique des personnes assurées, de la part entre actifs et rentiers, mais aussi de l’adéquation entre les prestations offertes et l’évolution de votre entreprise. Au fait, vous souvenez-vous de quand date la dernière mise à jour de votre plan de prévoyance? L’évaluation de la situation de votre caisse peut, en outre, fortement varier selon la solution de couverture choisie. Avez-vous votre propre caisse de pension, avez-vous intégré une fondation commune ou encore une fondation collective, et, au sein de cette dernière, avez-vous choisi une solution complète ou semi-autonome? Aujourd’hui, une forte majorité de PME optent pour la fondation collective. Une telle décision permet de mieux répartir les risques et de diminuer la charge administrative. Alors oui, vous avez moins de marge de manœuvre décisionnelle, même si vous définissez votre plan de prévoyance. Mais, en période de volatilité sur les marchés, vous vous épargnez le stress de la gestion de votre portefeuille et vous vous déchargez de la responsabilité personnelle de cette gestion. Une solution collective ou commune permet également de laisser aux spécialistes les calculs actuariels qui déterminent les paramètres techniques utiles à la gestion de votre caisse. Et donc sa viabilité à long terme.
«Vous souvenez-vous de quand date la dernière mise à jour de votre plan de prévoyance?»
Ces choix de couverture comptent aussi lorsque la situation conjoncturelle se détériore. En cas de licenciements massifs, les employées et les employés peuvent être différemment concernés. Si vous avez votre propre caisse de pension et qu’elle rencontre des difficultés, votre personnel serait directement touché par sa liquidation partielle.
Ainsi, les caisses de pension suisses peuvent être globalement considérées comme financièrement saines. Mais la volatilité des marchés et les incertitudes demandent une dose de prudence dans le calcul des prestations. Dans les discussions au sein des comités, ces questions ne doivent pas être taboues. Ni pour l’employée ou l’employé, ni pour l’employeur ou l’employeuse.