Au premier trimestre de l’année, chaque employé reçoit son certificat de prévoyance professionnelle, que la plupart d’entre nous survolent, avant de le ranger au fond d’un tiroir… Pourtant, tout salarié devrait s’intéresser à ce document, aussi important qu’une fiche de salaire, et cela dès son entrée dans la vie professionnelle. D’abord parce qu’il est le reflet de son parcours professionnel et de vie, personnel par définition, et parce qu’il fournit de précieuses indications sur sa planification financière. Ensuite parce que les prestations LPP pouvant varier sensiblement d’une entreprise ou d’une caisse de pension à l’autre, celles-ci peuvent représenter un point non négligeable lorsqu’on envisage de changer d’employeur. A quoi faut-il prêter attention? Décryptage avec Francis Bouvier, responsable du département de la prévoyance professionnelle à la BCV.

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1. Les informations salariales

Sur un certificat de prévoyance sont indiqués le salaire annuel, généralement le salaire brut, mais aussi le salaire assuré, dont le montant peut être moindre. Pourquoi cette différence? «Certaines entreprises considèrent qu’une partie du salaire est déjà assurée par l’AVS. C’est le principe même de la LPP. De ce fait, il peut y avoir une déduction de coordination entre l’AVS et la LPP», explique Francis Bouvier. Celle-ci est autorisée jusqu’à 25 725 francs. Exemple: sur un salaire annuel brut de 100 000 francs, si la caisse de pension retranche le maximum légal, on sera donc assuré pour sa retraite à hauteur de 74 275 francs. Le montant exact de cette déduction est ajusté tous les deux ans – car elle est liée à la rente AVS maximale. De nombreuses caisses couvrent toutefois la totalité ou la majeure partie du salaire, ce qui est tout bénéfice pour l’assuré.

2. Les cotisations

Une cotisation épargne est prélevée chaque mois sur le salaire; elle représente la part du revenu mise de côté pour la retraite. Le taux minimum est fixé par la loi – et augmente avec l’âge. Employeur et employé paient chacun une part de cette cotisation. «En général, c’est 50/50, mais il peut y avoir toutes sortes de cas de figure. Certains employeurs peuvent prendre en charge beaucoup plus que le 50% de cette cotisation. C’est le cas notamment dans les domaines qui veulent attirer des talents», ajoute Francis Bouvier.

A cela s’ajoutent des cotisations risques, frais et parfois au fonds de garantie, qui concernent la part du revenu prélevé du salaire servant à couvrir les mécanismes d’assurance pour les risques d’invalidité et de décès. «L’assuré, à titre individuel, n’a pas de marge de manœuvre en matière de cotisations. Par exemple, en ce qui concerne le taux de risque employé, la caisse de pension le fixe en fonction du plan de prévoyance et du risque de l’entreprise, et donc du secteur dans lequel elle est active. En moyenne entre 1,5% et 2% dans le tertiaire, et pouvant s’élever entre 3% et 5% dans les métiers les plus risqués», ajoute le spécialiste de la BCV.

3. Le montant de la rente

Les avoirs de vieillesse indiquent le montant de son capital vieillesse jusqu’à la fin de l’année précédente, ainsi que celui de ses économies jusqu’à la fin de l’année en cours du certificat de prévoyance. Les intérêts versés sur les avoirs de vieillesse (fixés par le conseil de la caisse de pension) peuvent accroître considérablement ce montant. La prestation de sortie réglementaire correspond au montant de l’avoir vieillesse qui sera versé si l’on quitte une entreprise. Le certificat mentionne également toujours le montant LPP minimum, qui naturellement doit être inférieur ou égal au montant de son avoir de vieillesse, car c’est le minimum légal.

Le montant qui devrait être à disposition, pour autant que l’on prenne sa retraite à 65 ans (qui concerne aussi, pour rappel, les femmes à partir du 1er janvier 2028), y figure également, basé sur un salaire identique à celui qui est touché actuellement par le salarié. Vu qu’il s’agit d’une projection, les intérêts sont estimés en fonction de l’évolution du marché et de la situation financière de la caisse de pension (en général, les caisses de pension utilisent un taux pour la projection entre 1% et 3%).

«Les assurés pensent souvent que ce montant est une projection certaine. Mais elle dépendra des intérêts véritablement versés, des changements de salaire aussi», note Francis Bouvier, tout comme en ce qui concerne les projections de rente vieillesse, qui permettent de se faire une idée de la rente qui serait perçue dès l’âge de 58 ans en cas de retraite anticipée sur la base du même salaire, calculées avec les fameux taux de conversion. Ce dernier varie aussi selon les caisses de pension. Bien évidemment, plus on est jeune, moins ces chiffres sont fiables étant donné les évolutions professionnelles – et les salaires qui en découlent – qu’un jeune employé pourra vivre tout au long de sa carrière.

4. En cas d’invalidité et de décès

On a tendance à l’oublier: le 2e pilier est aussi un complément de l’AI. «Le montant figurant sous rente d’invalidité est le montant maximum versé à l’assuré, quel que soit son âge, en cas d’invalidité à 100% reconnue par l’AI et calculée sur le salaire assuré. Attention au délai d’attente!» signale Francis Bouvier. Si la personne invalide a des enfants à sa charge – moins de 18 ans et moins de 25 ans si l’enfant est aux études ou en apprentissage –, ce montant est complété par la rente d’enfant invalide.

Si un assuré décède avant l’âge de la retraite, sa femme ou son mari ainsi que les enfants à charge toucheront une rente de conjoint et d’orphelin. «Les gens ignorent souvent qu’il faut poser la question à leur caisse afin de savoir si elle reconnaît le concubinage car il n’y a aucune contrainte légale à ce sujet, pointe Francis Bouvier. En règle générale, les caisses demandent au moins que cette relation hors mariage soit annoncée, parfois via un formulaire à remplir, et ont souvent des conditions spécifiques pour reconnaître le concubinage.»

5. Les rachats

Mal compris ou tout simplement inconnu par la plupart des employés, le terme rachat maximum possible est en réalité un versement volontaire à sa caisse de pension pour compléter son capital vieillesse lorsqu’il existe une lacune, due par exemple à une entrée tardive dans la vie professionnelle, un divorce ou une interruption de travail pendant quelques années. «Cette possibilité est sous-exploitée alors qu’elle concerne un grand nombre de personnes et qu’elle permet d’importantes déductions fiscales, tout comme avec le 3e pilier a», note Francis Bouvier. Les économies fiscales ne sont pas négligeables, car le montant du rachat vient en déduction du revenu imposable.

A noter que le montant disponible pour l’encouragement à la propriété du logement correspond à la totalité du capital vieillesse jusqu’à 50 ans. Après cet âge, il y a des restrictions et trois ans avant la retraite il n’est plus possible d’utiliser sa LPP pour financer l’achat d’un logement.

 
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