«Personne ne le conteste. RedElec a révolutionné l’industrie du denim grâce à un procédé électrochimique de coloration des blue-jeans qui divise l’empreinte écologique de la teinture par dix. La méthode traditionnelle utilise une technique très polluante nécessitant, outre le colorant, un agent chimique. L’opération est également très gourmande en eau. Des centaines de litres par paire. A l’inverse, notre procédé permet de rendre soluble l’indigo en utilisant de l’électricité, sans produit chimique ni surconsommation d’eau.

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Cette technologie brevetée est le fruit de mon travail de diplôme réalisé à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, de 2003 à 2006. Restait à développer la machine qui permettrait de l’exploiter à l’échelle industrielle. Pour cela, j’ai créé RedElec en 2007. Deux levées de fonds auprès de sept ou huit copains, puis d’un cercle plus large de «FFF» (pour Family, Friends and Fools) ont connu un grand succès. J’ai rapidement pu réunir les 120 000 francs de départ puis 1,5 million. Il faut dire que le procédé était promis à un grand développement, le denim représentant 2 milliards de paires de jeans par année. L’incubateur BioArk nous a ouvert ses portes et nous avons été présentés dans une émission d’ABE. Même payés au lance-pierre, on bossait comme des fous, emportés par notre enthousiasme. J’avais 31 ans, j’étais célibataire, je dormais quasiment au laboratoire.

Malgré cela, le développement a pris beaucoup plus de temps qu’espéré. Si la première machine pilote a été installée en 2009, ce n’est qu’en 2016 que nous avons pu présenter un prototype utilisable dans l’industrie. En parallèle, nous avions démarché des sociétés en Chine, en Inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Argentine, en Italie, en Espagne, en Turquie. Mais partout nous nous sommes heurtés à la même réponse: mettez--nous une machine en test, on verra si les résultats justifient d’investir dans un équipement de l’ordre du million de francs.

Devant ces atermoiements, nous avons finalement négocié un contrat de licence exclusif avec le groupe italien Savio, actif dans le textile, qui a créé une division dédiée, Sedo Engineering, à Riddes. Grâce à cette nouvelle force de frappe, l’ex-équipe de RedElec, qui avait rejoint Sedo, a vendu une vingtaine de machines entre 2018 et 2020, sur lesquelles nous avons touché des royalties. Hélas, le covid a brisé net ce bel élan. Face aux difficultés, Savio est passé en main d’un groupe belge. Malheureusement, 2023 s’est soldée sans nouvelle vente et la crise du textile laisse à penser que 2024 ne fera pas beaucoup mieux.

Dix-sept ans après avoir nourri de gros et légitimes espoirs, nous voilà de retour à la case départ. Sans beaucoup d’argent mais avec une énorme expérience dans l’électrochimie industrielle. Ce qui permet à Red-Elec d’appliquer sa technologie dans d’autres secteurs. Nous avons par exemple mis au point une machine qui permet d’extraire les métaux présents dans les déchets pour les récupérer et les remettre dans le circuit de production. Un procédé qui a remporté le Swiss Startcup Challenge organisé par Nespresso Suisse et B Lab Suisse en 2022 et qui intéresse sérieusement de grands acteurs suisses du traitement des déchets. Le début d’une nouvelle aventure entrepreneuriale.»

Points clés

2007
Fondation de RedElec Technologie à Riddes (VS).

20 000
Le nombre de paires de jeans que la machine mise au point par RedEelc peut teindre en un jour.

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Christian Rappaz, journaliste
Christian Rappaz