Plus d’une PME sur six cherche un repreneur en Suisse. Ce chiffre considérable, issu d’une étude du cabinet Dun & Bradstreet, est indéniablement amené à croître dans les prochaines années avec l’arrivée à l’âge de la retraite des baby-boomers.

Problème: avec plus de quinze ans d’expérience dans l’accompagnement de projets de cessions, d’acquisitions et de valorisations de sociétés, force est de constater que les entrepreneurs sous-estiment la complexité de cet exercice. Les raisons de cette appréciation faussée peuvent être multiples.

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Le manque de recul, les entrepreneurs étant trop occupés à gérer le développement quotidien.

L’impression (trompeuse) qu’une transmission s’effectue seulement avec leurs compétences de gestion d’entreprise acquises au fil du temps.

La pudeur à aborder ce sujet sensible, notamment en famille.

Or nous parlons ici d’un actif, l’entreprise et ses employés, souvent au cœur du patrimoine de son propriétaire et qui revêt une dimension aussi bien financière qu’émotionnelle. Autrement dit, il serait dommage de bâtir avec succès une aventure entrepreneuriale durant tant d’années et de ne pas faire fructifier cet investissement à sa juste mesure, faute d’anticipation suffisante.

La clé? La préparation en amont et l’accompagnement par des personnes expertes qui ont l’expérience de ce processus rigoureux, codifié et relativement technique. Voici donc trois conseils pratiques afin d’optimiser les conditions de transmission de son entreprise.

1. Structurer son entreprise afin d’améliorer sa valorisation

Il ne viendrait à l’idée de personne de courir un marathon sans entraînement. La logique est similaire pour une cession ou une transmission d’entreprise: cela ne s’improvise pas! Les premières actions à mener? Mettre en place des processus solides et une organisation claire, si ce n’est pas encore le cas.

L’objectif est de rendre la société de moins en moins dépendante de son dirigeant ou de personnes clés, mais également de s’assurer que les fondamentaux du modèle économique reposent sur des bases pérennes, afin de ne pas limiter sa valorisation ou, tout bonnement, la faisabilité de l’opération. Il est ici question des éléments comptables, des reportings financiers, des contrats avec les employés, les clients ou les fournisseurs, etc.

A ce stade, une revue externe permet généralement d’ouvrir les yeux des entrepreneurs et de les aider à prendre du recul. Par exemple, dans le cas d’un dirigeant dans la distribution, en scrutant son entreprise, il est apparu que le contrat de location de son magasin principal arrivait bientôt à échéance et que le bâtiment utilisé s’apprêtait à subir de profonds travaux de réfection.  Il a été nécessaire de sécuriser un nouvel emplacement de choix avant d’entamer la démarche de cession. Une mesure corrective qui a nécessité du temps afin d’agir sereinement, sans précipitation.

2. Anticiper le volet personnel et familial

Une transmission d’entreprise revient à rendre soudainement liquide une grande partie du patrimoine d’un entrepreneur. Dans certaines conditions, il peut être opportun de mettre en place en amont des configurations permettant d’optimiser la situation fiscale de ce dernier et de préserver cette fortune par une allocation d’actifs efficiente.

Aussi, ce processus est bien souvent indissociable d’une formalisation préalable des implications pour la famille du propriétaire cédant. Il peut s’agir de donation, de protection de ses proches ou de planification successorale, mais aussi et surtout, en cas de transmission familiale, de clarification de la gouvernance entre les membres de la famille.

3. Considérer sa transmission comme une étape de sa vie et non comme un objectif en soi

Enfin, les entrepreneurs oublient fréquemment l’aspect psychologique d’une telle expérience – certains témoignent même d’une sensation de deuil post-cession. Notre recommandation? Se projeter vers l’avenir, avant même le processus de transmission.

Céder son entreprise n’est pas une fin en soi. C’est se donner les moyens d’accomplir les prochains objectifs de sa vie. Dans un cas concret d’accompagnement d’un entrepreneur en vue d’une transmission, il a été nécessaire d’échanger énormément en parallèle avec ce dernier afin de construire son futur projet de vie autour d’une de ses passions.

Plus que jamais, avoir envie de vendre son entreprise est une chose, être prêt en est une autre.