«Au départ, je voulais faire des études d’ingénieur en génie civil, avant d’opter finalement pour l’architecture à l’EPFL. J’étais très actif dans l’organisation de soirées et d’événements comme Balélec. De fil en aiguille, l’année même où nous terminions nos études, nous en sommes venus, avec trois autres camarades de cours, à gérer l’inauguration du Mudac. C’était un très gros projet, avec un concept sur quatre sites, un cortège, puis une soirée au D! Club et un budget de 50 000 francs que nous avions dû dénicher auprès de sponsors.
Grâce à la réussite de ce premier contrat, nous avons pu élargir notre réseau, créer notre agence et obtenir d’autres mandats, ce qui nous a permis de véritablement lancer nos activités. Après cinq ans, un premier obstacle s’est présenté. Par manque de revenus, nous avons dû nous séparer de deux associés fondateurs. C’était l’équivalent d’un divorce. Même s’il n’y avait pas beaucoup d’argent en jeu, c’était très émotionnel. En plus, nous étions deux contre deux, ce qui compliquait encore les choses. Après leur avoir presque vendu nos parts, nous leur avons finalement racheté les leurs et avons pu poursuivre les activités de la société. Comme quoi, il faut parfois savoir perdre pour gagner.
Durant douze ans, nous avons organisé la Nuit des musées, un projet qui nous tenait à cœur et dont nous avons fortement augmenté la fréquentation. Malheureusement, suite à la décision de l’association de reprendre la gestion à l’interne, nous avons été contraints de nous retirer. Aujourd’hui, nous sommes 18 au sein de l’agence, répartis entre Lausanne, où se trouve notre bureau principal, et Genève. En bientôt 25 ans d’existence, nous avons bien sûr connu plusieurs autres moments difficiles. Le covid a été une douche froide pour tout le monde. En 2020, l’ensemble du secteur événementiel était à l’arrêt. L’année suivante a également été très compliquée, notamment en termes de logistique en raison des normes sanitaires, par exemple lors du marché Bô Noël.
Cela nous a incités à développer notre offre dans la vidéo et le digital. Et, grâce à la diversification de nos activités dans le design, le graphisme, la signalétique ou les relations médias, nous avons pu surmonter cette période délicate en limitant la casse. Le fait d’avoir des clients dans la culture et dans l’univers commercial nous a également beaucoup aidés. En temps normal, l’événementiel représente environ 40% de nos activités.
Dernièrement, l’annulation de la diffusion du match Suisse-Italie lors de l’Euro en raison des risques d’orage a été un sacré coup dur. Sur la fan-zone d’Ouchy, nous estimons les pertes de chiffre d’affaires entre 80 et 100 000 francs. Nous savions que c’était un pari risqué. Il y a beaucoup de paramètres aléatoires, qu’il s’agisse de la programmation des matchs ou des conditions météo. Cependant, nous estimons que la décision du canton de Vaud, qui constitue une première en la matière, était abusive. Nous aimerions prochainement rencontrer les autorités cantonales afin de les sensibiliser à la situation des nombreux organisateurs lésés sur le territoire vaudois. En tous les cas, nous envisageons une action judiciaire.»