Emprisonné pour une autre affaire, l'homme a aussi été banni à vie du secteur pharmaceutique, a décidé la juge Denise Cote.
Surnommé un temps "l'homme le plus détesté des Etats-Unis", M. Shkreli, 38 ans, s'était fait une spécialité de racheter des brevets sur des médicaments bon marché et d'en augmenter ensuite massivement le prix.
Le Daraprim, destiné à traiter la toxoplasmose, était ainsi passé du jour au lendemain de 17,60 dollars la pilule à 750 dollars en 2015.
L'autorité américaine de la concurrence (FTC) et les procureurs de sept Etats avaient déposé plainte en janvier 2020 contre l'entrepreneur et la société qu'il avait fondée.
Baptisée Turing à l'origine et depuis renommée Vyera, cette dernière s'était engagée en décembre à ne pas tenter de bloquer à nouveau la concurrence sur ce produit et à verser jusqu'à 40 millions de dollars à un fonds d'indemnisation pour solder les poursuites.
L'accord n'incluait pas son fondateur, qui a officiellement cédé les rênes de l'entreprise fin 2015, et son procès s'est déroulé sur sept jours en décembre.
Déjà condamné pour fraude
Déjà condamné en 2018 à sept ans de prison pour fraude boursière, il purge actuellement sa peine dans un établissement pénitentiaire de Pennsylvanie et doit théoriquement être libéré en novembre 2022.
M. Shkreli a non seulement augmenté le prix du Daraprim de plus de 4000%, mais il s'est aussi organisé pour empêcher l'arrivée de concurrents sur le marché aussi longtemps que possible, a estimé la juge.
Vyera a d'une part empêché les fabricants de médicaments génériques d'avoir accès à une quantité suffisante de Daraprim pour mener les tests nécessaires, a-t-elle détaillé. En nouant des accords d'exclusivité, l'entreprise a aussi bloqué l'accès à deux ingrédients essentiels à la fabrication du produit.
M. Shkrely peut être tenu responsable de cette stratégie puisque, même après avoir renoncé à ses titres de directeur général puis de président du conseil d'administration, il a continué à exercer un certain contrôle sur la direction de l'entreprise en tant qu'actionnaire majoritaire, y compris depuis la prison, a souligné la juge.