L'exposition, intitulée "Eternalizing Art History", présente des oeuvres "représentatives de l'Italie, de la Renaissance à l'art moderne", a résumé mardi Serena Tabacchi, de l'entreprise Cinello ayant reproduit numériquement les tableaux d'origine.
Chaque oeuvre a été dupliquée dans "la plus haute résolution possible" en coopération avec les musées italiens, explique-t-elle, et les copies numériques ont été certifiées par "NFT", des jetons non fongibles - ou "non-fungible token" en anglais - permettent d'associer un certificat d'authenticité à tout objet virtuel.
Théoriquement inviolables, les NFT sont conçus grâce à la technologie "blockchain", qui sert de base aux cryptomonnaies comme le bitcoin. En vogue sur le marché de l'art, ils rassurent les collectionneurs contre le risque de copie.
Accès rare
Visibles sur écrans, les six oeuvres italiennes sont exposées dans le même format que les tableaux d'origine et les cadres qui les entourent ont également été reproduits à l'identique.
L'exposition, qui ouvre mercredi à la galerie Unit London et se tient jusqu'à la mi-mars, est "la première du genre au Royaume-Uni" et permet ainsi au public "d'expérimenter de manière physique" cette nouvelle forme d'art tout en soutenant les musées "qui ont vraiment souffert" pendant la pandémie, assure Joe Kennedy, le directeur de la galerie.
"L'idée, c'est de montrer des chefs-d'oeuvre auxquels on a rarement accès" pour des raisons de conservation ou de coûts de transport, ajoute-t-il. La moitié des ventes nettes liées à l'exposition ou à la vente de NFT est allouée aux efforts de conservation des oeuvres originales en Italie.
Marché en envol
En accord avec les musées, neuf NFT ont été émis pour chaque tableau reproduit. Certains ont déjà été vendus, dont une réplique de "Le Baiser" de Hayez adjugée pour l'équivalent d'environ 95'000 francs.
Le marché des NFT, dans l'art mais aussi dans d'autres secteurs comme les jeux vidéo, s'est envolé en 2021 avec des échanges représentant 44,2 milliards de dollars dans le monde, selon les données du cabinet Chainalysis.
Leur développement suscite aussi des inquiétudes. Dans un rapport sur le sujet, Chainalysis estime que les transactions en NFT venus de portefeuilles liés à des transactions illégales a augmenté en 2021, pour atteindre 1,4 million de dollars au quatrième trimestre.
Lundi, l'administration fiscale britannique a annoncé avoir saisi trois oeuvres NFT, une première dans le pays, et arrêté trois personnes soupçonnées de chercher à échapper au fisc via l'utilisation de cryptoactifs.