Renforcé par la pandémie, le fromage à pâte dure avait déjà inscrit des records de ventes en 2020. En Suisse, l’activité promotionnelle a même dû être ralentie pour éviter une pénurie, comme au printemps 2020, a fait savoir il y a quelques jours dans La Liberté Philippe Bardet, le directeur de l’Interprofession du Gruyère AOP (IPG).
Le fleuron de l’économie fromagère helvétique a donc la cote auprès des consommateurs, estime Philippe Bardet, confirmant à Keystone-ATS les propos tenus dans les colonnes du quotidien fribourgeois. L’an dernier, 31'869 tonnes de gruyère ont été commercialisées de par le monde, soit environ 250 tonnes de plus qu’en 2020.
Les exportations ont encore atteint des sommets. En tout, 14'168 tonnes ont été écoulées à l’étranger, soit 910 tonnes de plus qu’en 2020. La filière bat ses records de ventes dans l’Union européenne (8427 tonnes), mais aussi aux Etats-Unis, pays dans lequel la barre des 4000 tonnes vendues a été dépassée pour la première fois.
Demande étrangère
La demande a été si importante que les stocks n’ont pas suffi à satisfaire toutes les commandes. En Belgique et dans les pays du Nord, 300 tonnes n’ont pas pu être livrées. "Nous n’avions pas la marchandise. Ce sont surtout les meules avec un affinage plus long, de 12 à 13 mois, qui ont manqué", a indiqué Philippe Bardet.
La forte demande à l’étranger, le manque de disponibilité du produit et le fait que les vendeurs de la filière aient favorisé l’exportation ont eu un impact sur les ventes indigènes. Certaines actions de promotion n’ont du coup pas été proposées en 2021. En 2020, les consommateurs s’étaient précipités sur le gruyère râpé.
Au final, moins de gruyère a été consommé sur le territoire helvétique l’an dernier. Par rapport à 2020, les ventes en Suisse ont diminué de 700 tonnes. Totalisant 15'187 tonnes, la consommation indigène se retrouve légèrement en dessous de son niveau de 2018 (15'202 tonnes).
Tout va trop bien
Aux yeux de Philippe Bardet, "le marché se porte tout simplement trop bien", malgré une augmentation continue de la production ces dernières années. Depuis 2017, les volumes ont augmenté de 3800 tonnes. L’an dernier, 33'300 tonnes ont été produites, soit 5% de plus qu’en 2020 (31'608 tonnes).
Au-delà, la filière devra toutefois encore se battre pour protéger sa marque aux Etats-Unis. Selon un tribunal américain qui a tranché récemment la question, le nom Gruyère est un terme générique dont l’utilisation ne se limite pas au gruyère produit en Suisse et en France.
"Nous avons officiellement déposé un recours, et nous sommes en train d’étayer notre argumentaire", a relevé à ce propos Philippe Bardet dans La Liberté. L'IPG reviendra plus en détail sur son activité de l'an passé à l'occasion de son assemblée des délégués le 31 mai, a-t-il précisé à Keystone-ATS.