L'Assemblée pour l'environnement de l'ONU (ANUE), plus haute instance internationale sur ce sujet qui réunit actuellement des délégués de 175 pays, doit adopter dans l'après-midi une résolution pour "mettre fin à la pollution plastique", créant un "Comité intergouvernemental de négociation" chargé d'élaborer un texte juridiquement contraignant d'ici fin 2024.

"C'est un jour à inscrire dans les livres d'Histoire", a lancé le président de l'Assemblée, le ministre norvégien de l'Environnement Espen Barth Eide, en ouvrant la dernière journée de travaux.

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"Nous allons entamer le processus extrêmement important de négociation d'un traité fort pour interdire la pollution plastique", a-t-il souligné, rappelant le lien entre les crises du climat et de la nature, "toutes deux aussi importantes (...) que nous ne pouvons résoudre l'une au détriment de l'autre".

Le texte doit fixer un agenda très large aux discussions sur un traité.

Cycle de vie

Les négociateurs devront notamment se pencher sur le "cycle de vie" complet du plastique, c'est-à-dire les impacts de sa production, de son utilisation, des déchets, du recyclage...

Implicitement, des mesures de limitation sont donc envisageables, alors que de plus en plus de pays dans le monde ont interdit les sacs en plastique à usage unique, ou autres produits jetables.

Le mandat prévoit également de négocier des objectifs mondiaux chiffrés avec des mesures pouvant être contraignantes ou volontaires, des mécanismes de contrôle, l'élaboration de plans d'action nationaux, prenant en compte les spécificités des différents pays, ou encore un système d'aide pour les pays pauvres.

Il concerne toutes les formes de pollution terrestre ou marine, y compris aux microplastiques.

"Vous allez faire ce pas crucial pour renverser la vague de la pollution plastique. C'est un moment historique", a abondé Inger Andersen, directrice exécutive de l'agence de l'ONU sur l'environnement (Unep).

"Mais il reste beaucoup de travail à faire pour s'attaquer au volume de pollution plastique", a-t-elle souligné.

Les négociations doivent commencer au deuxième semestre de cette année et seront ouvertes à tous les pays membres de l'ONU.

Triple crise

Il s'agit pour elle de la principale avancée depuis l'accord de Paris sur le réchauffement climatique en 2015 pour faire face à la "triple crise" qui menace le monde: changement climatique, effondrement de la biodiversité et pollution.

L'inclusion dans le champ des négociations de toutes leurs préoccupations rend les ONG prudemment optimistes, même si elles soulignent, comme nombre d'observateurs et participants, qu'il faudra veiller à ce qu'elles ne soient pas édulcorées au fil des pourparlers.

L'engagement affiché de grandes multinationales, dont certaines utilisent beaucoup d'emballages plastiques comme Coca-Cola ou Unilever, pour un traité fixant des règles communes renforce l'optimisme, même si elles ne se sont pas prononcées sur des mesures précises.

Le futur texte doit leur donner de la visibilité et éviter les distorsions de concurrence au sein d'une industrie pesant des milliards, selon ses promoteurs.

Quelque 460 millions de tonnes de plastiques ont été produites en 2019 dans le monde, générant 353 millions de tonnes de déchets, dont moins de 10% sont actuellement recyclées et 22% sont abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans l'environnement, selon les dernières estimations de l'OCDE.

Cette pollution contribue notamment à l'effondrement de la biodiversité, relevé par tous les spécialistes, alors même que les "solutions basées sur la nature" sont considérées dans le nouveau rapport des experts sur le climat de l'ONU (Giec), publié lundi, comme un outil important de lutte contre le changement climatique et d'atténuation de ses effets.