Celui-ci espère voir approuver au pas de charge des lois controversées. Pour pallier une éventuelle pénurie d'engrais venus de Russie en raison du conflit en Ukraine, l'un de ces textes vise à légaliser l'exploration minière sur ces terres censées être réservées aux activités traditionnelles des autochtones.
La manifestation a rassemblé d'autres artistes importants de la scène brésilienne, comme Daniela Mercury, le rappeur Emicida ou le chanteur et acteur Seu Jorge, et des dizaines de militants associatifs, mobilisés contre le "paquet de la destruction", des lois qui pourraient affecter notamment les territoires indigènes en Amazonie.
"C'est une mobilisation inédite (...), le Brésil vit son moment le plus grave pour ce qui est de l'environnement depuis la redémocratisation (après la dictature militaire de 1964 à 1985)", a déclaré Caetano Veloso lors d'une audience au Sénat avant de rejoindre la manifestation.
"Plus d'avenir"
"La déforestation est hors de contrôle, la violence contre les indigènes ne cesse d'augmenter et notre crédibilité internationale est au plus bas", a ajouté l'icône du mouvement tropicaliste, connu pour ses chansons engagées durant les années de plomb du régime militaire.
Une grande estrade a été installée devant le bâtiment à l'architecture futuriste du Parlement, et les artistes devaient se produire en concert dans la soirée. "Le Brésil est en train d'être détruit, si ça continue, on n'aura plus d'avenir, la température va augmenter et on aura de plus en plus de désastres climatiques", a déclaré Michele Pereira, infirmière de 40 ans, venue manifester avec ses deux filles.
Les alliés du président Bolsonaro tentent de faire adopter à la Chambre des députés le régime d'urgence pour l'examen d'un projet de loi qui permettrait "d'explorer des réserves de potassium (utilisé dans de nombreux engrais) et garantir les engrais suffisants pour l'agriculture", a expliqué le député Ricardo Barros, leader de la majorité présidentielle.
Avec ce régime d'urgence, ce texte, dont l'examen était au point mort depuis 2020, pourra être débattu directement en séance plénière, sans passer par des commissions. S'il est approuvé, il devra encore passer par le Sénat pour entrer en vigueur.
Conflit ukrainien comme "prétexte"
Puissance agricole majeure, le Brésil importe plus de 80% de ses engrais. Pour ce qui est du potassium, la proportion est encore plus écrasante: 96%. La Russie, principal fournisseur du Brésil, représente 20% des engrais importés par la première économie d'Amérique Latine.
Lundi, Jair Bolsonaro a déclaré que le conflit en Ukraine était une "bonne opportunité" pour faire approuver le projet de loi qui autorise l'activité minière sur des terres indigènes. Selon le député Rodrigo Agostinho, du Front parlementaire écologiste, les bolsonaristes utilisent le conflit en Ukraine comme "prétexte".
"Ce projet vise en fait à autoriser des mines qui sont illégales aujourd'hui. Ça n'a rien à voir avec les engrais. La plupart du potassium du Brésil se trouve dans d'autres Etats, pas en Amazonie, et en dehors de réserves indigènes", a-t-il expliqué à l'AFP. Un autre projet de loi controversé porte sur le "cadre temporel" qui accorderait des droits aux indigènes seulement sur les terres qu'ils occupaient l'année de la promulgation de la Constitution en 1988.
Jair Bolsonaro a toujours défendu l'exploration minière et agricole en Amazonie, y compris dans des zones protégées. Depuis son arrivée au pouvoir, il y a trois ans, la déforestation et les feux de forêt ont fortement augmenté.