M. Braun, ainsi deux autres anciens cadres également mis en accusation, se voient reprocher une série de délits passibles de la prison, incluant ceux de fraude en bande organisée et de manipulation de marché, a précisé le parquet pénal de Munich dans un communiqué lundi.
Fleuron allemand des paiements numériques, Wirecard s'est effondré en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d'euros d'actifs (environ 1,95 milliard de francs), soit un quart de la taille du bilan, n'existaient pas en réalité.
Cette faillite a constitué, de l'aveu même du gouvernement allemand, "le plus grand scandale financier" ayant jamais touché le pays.
Depuis lors, la justice allemande mène une enquête criminelle complexe, aux multiples ramifications internationales, pour démêler l'écheveau des responsabilités. L'acte d'accusation désormais bouclé, avec pas moins de 474 pages, c'est au tribunal de décider du renvoi des accusés en procès.
Des personnes impliquées "à l'intérieur et à l'extérieur de Wirecard ont travaillé pendant des années pour s'assurer que la société était perçue comme une entreprise à croissance rapide et extrêmement prospère qui a même fait son entrée dans le Dax 30", l'indice des plus grandes valeurs cotées en Allemagne, a souligné le parquet dans son communiqué.
Les états financiers consolidés pour les années 2015 à 2018 "étaient incorrects et ne reflétaient pas correctement la situation du groupe", a ajouté le parquet.
Explication: une partie des produits comptabilisés, basés sur des services de paiements, ne provenaient pas de Wirecard mais de tiers, en raison de l'absence de licences propres ou parce que ces tiers opéraient des activités à haut risque telles que la pornographie ou les jeux d'argent.
A la fin 2015 au plus tard, "il était clair pour tous les accusés que Wirecard ne faisait que des pertes" et que cela la "conduirait finalement à l'insolvabilité", selon le communiqué.
L'acte d'accusation met ainsi en avant 26 cas de manipulation de marché, pour faire apparaître l'entreprise plus saine et performante qu'elle ne l'était en réalité.
Par ce biais, l'entreprise a pu obtenir quatre prêts d'un montant d'environ 1,7 milliard d'euros et lever deux obligations d'environ 1,4 milliard d'euros, selon la justice.
Pour parvenir à ces accusations, les limiers de la justice allemande ont scruté à la loupe 340 entreprises, interrogé 450 personnes et vérifié plus de 1100 coordonnées bancaires.
Alors que Markus Braun est en détention provisoire depuis l'éclatement de l'affaire, les recherches se poursuivent pour localiser son bras droit, Jan Marsalek, en fuite depuis 2020.