Les députés ont été nombreux mercredi matin à prendre la parole lors du débat urgent. Chacun avait ses préoccupations et inquiétudes. Mais un point les a unis: leur indignation et condamnation de l'invasion russe. Plusieurs ont loué l'action, quoique tardive, du gouvernement. Leurs revendications étaient elles variées. Preuve en est, quatre conseillers fédéraux ont dû faire le déplacement.

Deux miliards pour l'armée

A droite de l'échiquier politique, c'est avant tout la défense de l'armée qui a prévalu. "Nous avons trop longtemps baissé notre garde face à un monde dangereux", a critiqué Damien Cottier (PLR/NE). "Les effectifs de l'armée ont été massivement réduits. Nos moyens lourds sont devenus obsolètes", a relevé Jean-Luc Addor (UDC/VS). "Notre armée n'est pas en mesure d'assumer une défense conventionnelle."

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"Il est temps de nous réveiller et de faire à nouveau de la sécurité notre priorité", a poursuivi le Valaisan. "Tous les autres pays européens annoncent les uns après les autres un renforcement de leur politique de défense et de leurs investissements dans ce domaine. La Suisse doit joindre le mouvement. Qui veut la paix, prépare la guerre", a plaidé Damien Cottier, citant un fameux proverbe.

Il faut augmenter le budget de l'armée de deux milliards de francs par an pour atteindre 1% du PIB, contre 0,7% aujourd'hui. "C'est encore beaucoup moins que les 2% demandés par l'OTAN à ses membres", a noté Jean-Luc Addor. L'achat rapide de nouveaux avions de combat et du système de défense sol-air est aussi une priorité, tout comme le renforcement de la participation suisse à Frontex.

Défense autonome illusoire

Le Centre a assuré son soutien à une hausse du budget de la défense. Il souhaite toutefois qu'une stratégie concrète, présentant les bénéfices et les coûts, soit établie au préalable. Un rapport est en cours d'élaboration, a souligné la ministre de la défense Viola Amherd. Il devrait être présenté d'ici la fin de l'année.

"Une armée est nécessaire", a reconnu François Pointet (PVL/VD), Mais la Suisse ne peut assurer seule sa sécurité. "La défense militaire autonome est un rêve pieux." La solution réside dans la coopération internationale, et en particulier européenne.

"Il faut cesser de s'abriter sous le parapluie de l'OTAN. Nous devons apporter notre pierre à la sécurité européenne en sortant de notre rôle de passager clandestin tout en conservant notre neutralité", a jugé le Vaudois. "L'Europe développe une politique de sécurité extérieure commune. Nous ne devons pas rester à l'écart."

Isoler Moscou sur tous les plans

Pour la gauche aussi, la coopération avec l'Union européenne doit être accrue. Et ce dans tous les domaines, notamment l'accueil des réfugiés. Le traité interdisant les armes nucléaires doit en outre être ratifié dans les plus brefs délais, comme demandé par le Parlement. Saluant les sanctions déjà prises par le Conseil fédéral, le camp rose-vert juge cependant qu'il faut aller encore plus loin.

"Nous devons être prêts à isoler la Russie sportivement, culturellement et économiquement, jusqu'à ce que Vladimir Poutine comprenne que l'Ukraine ne lui appartient pas", a lancé Nicolas Walder (Vert-e-s/GE). Les entreprises helvétiques doivent interrompre toutes leurs collaborations avec Moscou.

Il faut aussi cesser rapidement toutes les importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie. "Si les importations de fioul et de gaz nous permettent de finir l'hiver bien au chaud et d'alimenter nos 4x4 pour aller skier, les Ukrainiennes et les Ukrainiens, eux, meurent sous les bombes financées par nos devises", a dénoncé le Genevois. "C'est insupportable!"

Guerre déjà envisagée

Les représentants du gouvernement se sont eux principalement attelés à calmer les inquiétudes. "La guerre n'était pas imprévisible. C'est sa rapidité et sa brutalité qui ont surpris", a relevé le président de la Confédération Iganzio Cassis. "L'armée avait déjà prévu et pris en compte ce scénario dans sa planification ses dernières années", a complété Viola Amherd. Elle est bien équipée, également en comparaison des autres forces européennes.

La Suisse met par ailleurs tout en oeuvre pour qu'un cessez-le-feu, idéalement un arrêt du conflit, voie le jour. Elle a proposé ses bons offices, a souligné Ignazio Cassis. Berne a aussi déjà envoyé plus de 500 tonnes de biens d'urgence sur place.

Sur son sol, elle a facilité l'accueil des réfugiés, en activant notamment le statut de protection S, a rappelé la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter. Les autorités prêtent en outre une attention toute particulière aux tentatives d'abus envers les réfugiés les plus vulnérables, soit les femmes et enfants.

Dans le domaine de l'énergie, des mesures ont déjà été prises pour assurer l'approvisionnement en électricité, a pointé la ministre de l'énergie Simonetta Sommaruga. "La Suisse est toutefois dépendante de l'étranger pour le gaz et le pétrole", a-t-elle reconnu. Et de plaider pour diminuer cette dépendance, en accélérant le recours aux énergies renouvelables indigènes.