Peu après 07h30, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, dégringolait de 5,31% passant à 107,43 dollars sous la barre des 110 dollars. La veille au soir, il se négociait en progression de plus de 2% à 113,45 dollars, après avoir frôlé les 115 dollars plus tôt dans la journée (114,80 dollars).

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance également en mai, il chutait encore plus nettement, cédant 6,3% à 101,30 dollars, se rapprochant du seuil des 100 dollars. Mardi soir, les 159 litres d'or noir américain se traitaient à 107,82 dollars, soit un bond de plus de 3,4%.

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Citant des sources proches du dossier, l'agence Bloomberg croit savoir que la Maison Blanche devrait annoncer jeudi un plan pour puiser jusqu'à un million de barils par jour dans les réserves stratégiques américaines. Sans précédent, l'initiative, pourrait se prolonger sur plusieurs mois, alors que les réserves stratégiques se montent actuellement à 568 millions de barils, selon les derniers chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Cessez-le-feu à Marioupol

La Maison Blanche a décrété ce mois-ci un embargo sur le pétrole en provenance de Russie dans le cadre d'une série de sanctions de grande envergure contre le pays pour son invasion en Ukraine. La décision a fait grimper les prix et a exercé une pression supplémentaire sur l'inflation mondiale, qui atteignait déjà des sommets qui n'avaient pas été atteints depuis plusieurs décennies.

Sur le front de l'invasion russe de l'Ukraine, le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi soir un "régime de silence", soit un cessez-le-feu local, à partir de 10H00 jeudi dans le port assiégé ukrainien de Marioupol afin d'évacuer des civils. Cette mesure doit permettre d'ouvrir un couloir humanitaire vers la ville ukrainienne de Zaporojie avec une étape par le port de Berdiansk, sous contrôle russe.

Semblant revenir sur des annonces faites par Moscou à l'issue de discussions entre les belligérants mardi à Istanbul, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov avait auparavant déclaré ne pas pouvoir "faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d'une percée quelconque".

Les inquiétudes concernant la demande en Chine suite à l'annonce du confinement de Shanghai ont ajouté à la pression à la baisse. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a de son côté exhorté d'autres pays à puiser davantage dans leurs réserves.

Réunion de l'Opep+

Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou (Opep+), qui se réunissent jeudi, devraient encore maintenir leur stratégie d'ouverture très timide de leurs vannes d'or noir, avec une nouvelle augmentation du niveau total de production de 400'000 barils par jour pour le mois de mai, de l'avis des analystes.

"L'Opep+ a surpris les marchés à plusieurs reprises lors de ses réunions mensuelles, mais le scénario de base, pour l'instant, est que le statu quo sera maintenu", prévoit Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management. "Les signaux ne laissent entrevoir aucune déviation" par rapport à la politique entamée au printemps 2021, poursuit-il.

Les attentes sont pourtant immenses, le pétrole ayant tutoyé le 7 mars ses records historiques de prix atteints lors de la crise financière de 2008. Depuis, les cours ont dévissé de leurs sommets, rendant "encore moins probable que l'Opep+ décide d'augmenter plus largement sa production", commente Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank.

Pour l'Opep+ qui a justement vu le jour en 2016 dans l'optique d'une régulation du marché, la récente flambée "est principalement due à des risques géopolitiques, et non à une réelle pénurie de l'offre", rappelle-t-il. La guerre a fait craindre des ruptures d'approvisionnement en pétrole russe et provoqué une volatilité extrême, les cours s'envolant au gré des nouvelles de sanctions occidentales contre Moscou, ou retombant devant l'espoir d'avancées des négociations de paix.

Les appels de la communauté internationale se sont pourtant multipliés, notamment après la décision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d'arrêter d'importer du pétrole de Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde derrière l'Arabie saoudite.