L'impôt anticipé sur les intérêts des obligations suisses entend éviter que les gestionnaires de fortune douteux, les gros investisseurs et les oligarques ne fraudent le fisc, relève le comité référendaire. Sa suppression ouvre grand les portes à la criminalité fiscale aux dépens de la collectivité.
C'est un camouflet pour les honnêtes contribuables. "Leurs modestes économies déposées sur des comptes épargne continueront à être soumises à l'impôt anticipé, alors que les gros investisseurs ne débourseront pas un sou", a critiqué Prisca Birrer-Heimo (PS/LU).
Plus d'un milliard de pertes
Pour le co-président des socialistes, la suppression de l'impôt anticipé fait partie d'un vaste plan de la droite, visant à réduire les impôts des grandes entreprises ou des personnes fortunées. Ses propositions favorisent unilatéralement le capital, a dénoncé Cédric Wermuth (AG). "Au final, seuls les salaires, les retraites et la consommation resteront imposés."
Les inégalités entre les gros investisseurs soulagés et les travailleurs, sous pression à cause de la hausse des primes maladie et des loyers, se creuseront d'autant plus, a averti quant à lui le président de l'Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard (PS/VD). Ces derniers subiront directement le manque de ressources des pouvoirs publics dû à d'énormes pertes fiscales.
"La proposition est une bombe à retardement pour la politique financière", a précisé l'économiste Samuel Bendahan (PS/VD). Elle entraînera une baisse unique des recettes d'un milliard de francs, ainsi que des diminutions récurrentes des recettes d'environ 200 millions de francs par an. Un montant qui pourrait largement augmenter dès que le niveau des taux d'intérêt remontera.
"D'importants investissements pour l'avenir seraient empêchés et la place économique suisse serait bradée", a pointé Gerhard Andrey (Vert-e-s/FR). Et de rappeler les grands défis à venir: la prévoyance vieillesse, le changement climatique ou encore la perte de biodiversité. "Sous ces auspices, la volonté de la droite d'octroyer des privilèges fiscaux à ceux qui en ont le moins besoin reste un mystère."
Rapatrier de l'argent
La réaction des opposants ne s'est pas faite attendre. Une alliance de droite et des milieux économiques l'a communiquée aux médias avant même le dépôt du référendum. Elle rappelle la nécessité de supprimer une particularité suisse qui provoque l'exil des opérations de financement des entreprises helvétiques. La réforme vise avant tout, à ses yeux, à rapatrier de l'argent.