L'allègement des restrictions sanitaires en Europe et aux Etats-Unis devrait laisser la voie libre aux touristes pour revenir en Suisse: une analyse des tendances sur Google montre ainsi qu'à fin mars, les recherches de vols pour se rendre en territoire helvétique ont atteint leur niveau d'avant la pandémie, soulignent les autrices de l'étude.
D'un autre côté, un effet de rattrapage devrait pousser à nouveau les Suisses à passer leurs vacances hors des frontières de leur pays. Ainsi, le soutien apporté au cours des deux années de pandémie par la clientèle venue de Suisse risque de s'amoindrir.
Au vu de la recrudescence des cas de Covid-19 en Chine, il ne faut pas non plus compter sur les touristes de ce pays. Pour certaines régions comme Lucerne ou les cantons d'Obwald et de Nidwald, les hôtes venus de l'Empire du milieu pesaient pour jusqu'à 12% des nuitées avant que la pandémie ne vienne mettre un coup d'arrêt aux arrivées des touristes chinois.
Effets indirects de la guerre
Bien que les voyageurs en provenance de Russie ou d'Ukraine pèsent assez peu dans le tourisme helvétique, la guerre aura des effets indirects. Elle risque en effet de décourager les touristes hors Europe à effectuer un séjour en Suisse, comme ce fût le cas lors des attentats qui ont touché Paris en 2015. Les craintes sur la sécurité avaient alors découragé les visiteurs venus d'Asie ou des Etats-Unis.
De plus, le renchérissement de l'énergie devrait également peser. En plus des prix de l'essence, ceux des vols sont aussi en nette hausse. Selon l'indice des prix à la consommation suisse, en mars, les prix des billets d'avion ont bondi de 19% par rapport au mois de février et même enflé de 41% sur un an. Aux Etats-Unis, les tarifs des vols internationaux ont également pris l'ascenseur, en hausse de 15% sur un mois et revenant au niveau d'avant la pandémie.
Plus généralement, l'inflation resserre son étau sur le budget des ménages, et les dépenses pour le tourisme risquent de s'amenuiser en conséquence. Les voyages d'affaires risquent également de ne jamais revenir à leur niveau d'avant la pandémie, ce qui pénalisera avant tout les grands centres urbains.
En résumé, il ne faut pas s'attendre à un rétablissement complet du tourisme dès cet été: les nuitées devraient rester inférieures d'environ 13% à leur niveau d'avant la pandémie. Cela représente toutefois une nette amélioration par rapport à l'été 2021, où les nuitées étaient inférieures de 24% à leur niveau de l'été 2019, concluent les économistes.