Les départs concernent les personnes les plus capées du comité exécutif, celles qui y siégeaient depuis le plus longtemps, notamment le directeur financier (CFO) David Mathers. Celui-ci est en poste depuis 2010 et y restera jusqu'à l'arrivée de son successeur, a indiqué mercredi la banque aux deux voiles.

Apparemment très contesté depuis une affaire perdue aux Bermudes et une amende de 500 millions de dollars, le directeur juridique Romeo Cerutti sera remplacé le 1er juillet par Markus Diethelm, qui a déjà occupé les mêmes fonctions chez UBS entre 2014 et 2021. Exit également le directeur général de la zone Asie-Pacifique (Apac) Helman Sitohang, qui transmettra ses fonctions le 1er juin à Edwin Low, déjà responsable pour Credit Suisse en Asie.

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Ces changements n'apparaissent cependant pas comme une surprise, la presse dominicale les ayant éventés au cours du week-end.

La direction générale sera renforcée par l'arrivée de l'ex-patronne de Bank of Ireland Francesca McDonagh, qui reprendra au 1er octobre la tête de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (Emea). Cette fonction était assurée ad interim depuis le début de l'année par Francesco De Ferrari, CEO de la division dévolue à la gestion de fortune.

Le potentiel de surprise était également limité pour les chiffres trimestriels après la publication d'un avertissement sur résultats la semaine dernière. Les principaux ingrédients y figurent, à savoir de nouvelles provisions pour litiges de 703 millions de francs, une perte liée à la participation dans Allfunds de 353 millions et des charges de 206 millions pour les activités en Russie et liée à la guerre en Ukraine.

David Mathers a assuré que le niveau des provisions pour litiges devrait revenir à la normale après ce premier trimestre. Credit Suisse a multiplié les affaires depuis mars 2021, notamment avec les scandales Archegos et Greensill.

Exposition à la Russie réduite

Malgré ces effets négatifs attendus, Credit Suisse a livré une copie encore plus mauvaise qu'attendu, ponctuée par une perte nette de 273 millions de francs, plus forte que celle de 231 millions enregistrée au premier trimestre 2021. Le résultat avant impôts s'est établi à -428 millions (-757 millions précédemment).

"Le premier trimestre 2022 a été marqué par des conditions de marché volatiles et l'aversion au risque des clients", a expliqué le directeur général Thomas Gottstein. Ces conditions défavorables sont liées à la guerre en Ukraine et au resserrement des politiques monétaires, surtout aux Etats-Unis.

Autant de facteurs qui ont fait plonger les recettes de 42% à 4,41 milliards, un repli causé également par la réorientation stratégique de Credit Suisse, qui met la priorité sur la gestion de fortune au détriment de la banque d'affaires.

Les analystes peinent à trouver du positif dans cette volée de chiffres trimestriels. Chez UBS, on note néanmoins que les entrées nettes d'argent de 9,7 milliards de francs, dont 4,6 milliards dans la banque privée, constituent une bonne surprise.

Lors du premier trimestre, la grande banque a réduit son exposition à la Russie. Dans la gestion de fortune, moins de 4% des actifs appartiennent à des clients russes, dont certains frappés par les sanctions occidentales, a précisé M. Gottstein lors d'une téléconférence.

Le patron du groupe a rappelé que 2022 sera une "année de transition" pour Credit Suisse, la banque étant très prise par sa réorientation et pâtissant de conditions de marché défavorables.

Après une ouverture dans le vert, le titre Credit Suisse a plongé en début de matinée avant de reprendre du poil de la bête. A 11h02, l'action grappillait 0,1% à 6,61 francs, dans un SMI en hausse de 0,41%. La nominative reste proche de son plancher historique de 6,18 francs, atteint en mars 2020 au début de la pandémie de Covid-19.