Le chiffre d'affaires du deuxième trimestre de son exercice décalé (d'octobre à septembre) a atteint 97,2 milliards de dollars, en hausse de 9% sur un an. C'est la première fois depuis le trimestre achevé en septembre 2020 qu'Apple affiche une croissance à un seul chiffre.
En janvier, le groupe californien avait dit s'attendre à une croissance moins impressionnante que les trimestres précédents lors des trois premiers mois de 2022. La faute, selon Apple, à un effet de comparaison défavorable avec la même période de 2021, marquée par des confinements qui avaient dopé l'utilisation des appareils électroniques et services numériques.
Zone Amériques la plus dynamique
Si elles pèsent plus de la moitié du chiffre d'affaires, les ventes d'iPhones n'ont progressé que de 5,4% par rapport à la même période de 2021.
Sur le plan géographique, c'est la zone Amériques qui a soutenu la croissance, avec une hausse de 19% des revenus sur un an. Les autres zones d'activités du groupe ont été beaucoup moins dynamiques, en particulier l'Asie-Pacifique hors Chine et Japon, qui affiche un recul de son chiffre d'affaires.
Le bénéfice net ressort à 25 milliards de dollars, en hausse de 5,8%. Rapporté par action, indicateur suivi par Wall Street, il est supérieur aux prévisions des analystes.
Le géant de Cuppertino (Californie) est parvenu jusqu'ici à limiter les problèmes d'approvisionnement qui touchent tout le secteur de l'électronique, en particulier dans l'industrie des semi-conducteurs.
Boutique d'applications
Outre les tensions logistiques, la firme à la pomme fait aussi face à la contestation de son modèle intégré, en particulier sa boutique d'application, point de passage obligé des éditeurs.
L'activité services d'Apple, qui comprend notamment l'App Store, a encore maintenu une croissance nettement supérieure (17%) aux autres métiers du groupe lors du trimestre écoulé.
Les Etats membres de l'Union européenne, la Commission et le Parlement européen sont parvenus, fin mars, à un accord qui vise à encadrer les pratiques des leaders américains de la technologie. Il prévoit notamment le libre choix des boutiques d'applications, qui permettra notamment de contourner l'App Store.
Mi-mars, est entrée en vigueur en Corée du Sud une loi qui va dans le même sens, interdisant à Apple et à Google de forcer les développeurs à utiliser leurs boutiques d'applications mobiles, notamment pour recevoir des paiements d'utilisateurs.
Google, Meta et Apple pour la Silicon Valley, Microsoft et Amazon, les voisins de Seattle, ont tous publié leurs résultats trimestriels cette semaine.
Leurs chiffres d'affaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars restent impressionnants, et plus ou moins conformes aux attentes du marché. Mais la situation économique, liée à la crise sanitaire et à la guerre en Ukraine, pèse sur leur croissance et leurs perspectives.
Amazon a ainsi déçu les investisseurs avec des prévisions de vente plus faibles qu'espérées pour le trimestre en cours : entre 116 et 121 milliards de dollars, au lieu des 125 milliards escomptés par le consensus d'analystes FactSet.
Son directeur financier, Brian Olsavsky, a évalué jeudi à 6 milliards de dollars les coûts additionnels sur les trois premiers mois de l'année, dûs notamment à la perte de productivité, l'inflation et le coût de la main d'oeuvre - pendant la pandémie, le géant de la vente en ligne a doublé son personnel à 1,62 million d'employés dans le monde. Son action chutait d'environ 9% lors des échanges électroniques après la fermeture de la Bourse.
L'éperon TikTok
Apple a également vu sa croissance ralentir sur la période de janvier à mars, comme prévu. Son chiffre d'affaires trimestriel a atteint 97,2 milliards de dollars, en hausse de 9% sur un an. C'est la première fois depuis l'été 2020 qu'Apple affiche une croissance à un seul chiffre.
Le groupe de Cupertino est parvenu jusqu'ici à limiter les problèmes d'approvisionnement qui touchent tout le secteur de l'électronique, en particulier dans l'industrie des semi-conducteurs. Mais les perturbations engendrées par la résurgence de cas de coronavirus devraient le priver de 4 à 8 milliards de dollars de revenus pour le trimestre en cours, ont annoncé jeudi les dirigeants du groupe.
Pour Alphabet (Google, YouTube) et Meta (Facebook, Instagram), les deux leaders de la publicité en ligne, le contexte économique défavorable signifie que les annonceurs gèrent leur budget avec plus d'attention. Et nombre d'entre eux sont attirés par l'étoile TikTok, l'application de vidéos courtes, musicales et amusantes, ultra populaire auprès des jeunes.
Les deux entreprises californiennes ont assuré que leurs formats de vidéos courtes, copiés à TikTok, progressaient bien en matière d'audience, et qu'ils travaillaient activement à leur monétisation. Les "YouTube Shorts" génèrent désormais "plus de 30 milliards de vues quotidiennes, quatre fois plus qu'il y a un an", s'est félicité Sundar Pichai, le patron d'Alphabet.
"Notre transition vers les formats courts ne génère pas encore de revenus substantiels pour l'instant, mais nous sommes optimistes", a assuré Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta. "Cela va prendre plusieurs années", a précisé Sheryl Sandberg, sa directrice des opérations.
"Gueule de bois post-pandémie"
On assiste possiblement à une "gueule de bois post-pandémie", d'après l'analyste Paul Verna de eMarketer. Les grandes sociétés technologiques "n'ont certes pas fait la fête, mais la crise sanitaire a énormément dopé leurs affaires", a-t-il expliqué. "Ce genre de croissance ne pouvait pas durer".
La maison mère de Google a réalisé un profit de 16,4 milliards de dollars au premier trimestre, 8% de moins qu'il y a un an. Meta, de son côté, a publié un bénéfice net meilleur qu'attendu, 7,47 milliards de dollars, mais en baisse de 21% sur un an.
Le géant des réseaux sociaux qui avait plongé en Bourse en début d'année après avoir perdu pour la première fois des utilisateurs sur Facebook, en a légèrement gagné cette fois-ci. Quelque 3,64 milliards de personnes dans le monde se servent d'au moins une des plateformes du groupe (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp) tous les mois.
Nuage radieux
Un secteur d'activité résiste cependant aux contraintes actuelles, porté par les habitudes prises pendant la pandémie, du télétravail au divertissement et au shopping en ligne: le cloud.
Les recettes d'Azure, la plateforme d'informatique à distance de Microsoft, ont ainsi bondi de 46% sur un an, comme au trimestre précédent.
AWS, le service d'Amazon, a généré 18,4 milliards de dollars de revenus au premier trimestre (+36% sur un an). C'est le leader du secteur avec 33% des dépenses mondiales dans le cloud fin 2021, devant Microsoft (22%) et Google Cloud (9%), d'après le cabinet d'études Canalys.
Ces cinq groupes vont en outre devoir composer avec les lois européennes votées récemment, qui visent à encadrer les pratiques des leaders américains de la technologie.