La fuite de 12'000 barils de brut s'est produite le 15 janvier lors d'un transfert de brut depuis un pétrolier vers une raffinerie située à 30 km au nord de Lima et propriété du groupe Repsol. Le pétrole s'est ensuite répandu sur une distance de 140 km, tuant plusieurs centaines d'oiseaux marins.
Selon le gouvernement, plus de 7000 pêcheurs artisanaux ont été directement touchés par les conséquences du déversement, une vingtaine de plages ont été fermées ainsi que des dizaines de commerces du littoral.
La demande a été déposée devant un tribunal civil à Lima visant solidairement six entreprises, parmi lesquelles Repsol (Espagne), la raffinerie La Pampilla (Pérou) et l'armateur italien du pétrolier, Fratelli d'Amico Armatori, selon l'agence de presse péruvienne.
"Faire jurisprudence"
L'Institut national de défense de la concurrence et de la protection de la propriété intellectuelle (Indecopi) réclame 3 milliards de dollars pour les dommages environnementaux et 1,5 milliard de dollars pour le dommage moral aux consommateurs et usagers.
"Ces actions pourront faire jurisprudence en matière de marée noire qui provoquent des préjudices et des dommages moraux collectifs de pollution à l'environnement dans les zones côtières", a déclaré Julian Palacin, directeur exécutif de l'Indecopi, dans un communiqué diffusé vendredi soir.
"Infondée, injustifiée et incongrue"
Samedi, Repsol a estimé sur son site internet "la demande de l'Indecopi "infondée, injustifiée et incongrue". "Ses estimations manquent de la moindre base pour étayer les chiffres indiqués", a souligné le groupe, selon lequel l'Indecopi ne tient pas compte des causes de la fuite de pétrole, ni des travaux de nettoyage entrepris par l'entreprise.
Le groupe a affirmé fin avril avoir nettoyé 96% des zones côtières et maritimes polluées. Repsol rejette la responsabilité de l'accident sur un "mouvement incontrôlé" du pétrolier en raison de la forte houle présente en mer le 15 janvier après la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un raz-de-marée dans le Pacifique.
Le parquet a ouvert une enquête. Huit responsables de Repsol Pérou, dont son président espagnol Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, ont interdiction de sortir du territoire. Parallèlement, l'Organisme d'évaluation et contrôle environnemental a infligé cinq amendes à l'entreprise pour un total de 620'000 dollars.
Selon des associations de pêcheurs artisanaux, Repsol a pour l'heure distribué aux personnes affectées 500 soles (125 dollars) en janvier et une avance sur indemnisation de 3000 soles (810 dollars).