"La pandémie a créé des conditions qui ont permis à l'industrie biotechnologique de réaliser potentiellement le plus grand exploit scientifique de tous les temps: le développement, la production et l'administration rapide de vaccins Covid-19 hautement efficaces à des milliards de personnes dans le monde entier", rappelle en entretien avec AWP Mark Charest, gestionnaire de portefeuille chez LifeSci Fund Management.
La concentration de l'attention du public sur la recherche d'unes solution à la crise sanitaire a par ailleurs relégué au second plan les préoccupations sur les prix élevés des médicaments.
Emballement rapide...
L'attrait soudain pour le secteur a favorisé l'afflux de capital-risque dans des sociétés jusqu'ici justement renommées pour la glorieuse incertitude de leur retour sur investissements. Nombre d'entre-elles ont même sauté le pas d'une introduction en Bourse, aux Etats-Unis principalement. Le Nasdaq new-yorkais a en effet accueilli plus de 200 laboratoires biotechnologiques entre 2020 et 2021.
"Beaucoup d'entreprises à un stade précoce de développement ont décroché des cotations, que leur faible niveau de maturité ne leur aurait jamais permis d'obtenir avant la crise", résume M. Charest. Conséquence imparable, de nombreux investisseurs ont perdu de vue le risque inhérent au développement de nouveaux médicaments et se sont brûlés les doigts, analyse Thomas Heinmann, de HBM Partners.
Michael Altorfer, à la tête de la Swiss Biotech Association, rappelait récemment à AWP que seul 1% environ des projets entrepris débouchaient effectivement sur une commercialisation. Le taux de réussite ne grimpe ensuite qu'autour de 10% pour les programmes ayant atteint le stade des tests sur l'homme.
... chute abrupte
Un coup d'oeil sur les indices jette une lumière crue sur le phénomène. Parti d'à peine plus de 3000 points au printemps 2020, le Nasdaq Biotechnology Index a culminé à près de 5500 points 18 mois plus tard pour retomber depuis en-dessous de 3400 points. Sous nos latitudes, le SXI Bio+Medtech a affiché sur la période une évolution comparable.
La vague venderesse s'est avérée aussi irrationnelle que la formidable escalade qui l'avait précédée. L'essor des cours avait en effet reposé plus sur une confiance aveugle dans un secteur que sur des avancées scientifiques concrètes, rappelle M. Charest. Divers revers cliniques ont dans la foulée ramené sur terre sans ménagement les investisseurs.
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