Genève est entrée dans le Top 5 mondial des villes les plus plébiscitées par les grandes fortunes aux côtés de Miami, Tokyo ou encore Paris. La cité de Calvin a "les faveurs des 'Ultra High-Net-Worth Individuals'", des personnes détenant au moins 30 millions de dollars d'actifs, explique Thibault de Saint Vincent, fondateur du groupe Barnes.
Pour les observateurs de la société de courtage et de luxe Gerofinance, tous les indicateurs conjoncturels (politique, sécurité, sanitaire, PIB) du canton ont fait preuve de stabilité "et donc d'attractivité."
En dépit du contexte géopolitique et de l'empreinte des restrictions sanitaires, la pierre suisse conserve son image de valeur refuge, qui plus est dans le luxe avec des clients en quête d'exclusivité et de réactivité du marché. "Les annonces pour des chalets à plusieurs millions de francs ne restent que quelques jours en vitrine et tout particulièrement en montagne," raconte Frank Casanova, directeur Barnes à Genève et Zermatt.
A géographie variable
Verbier, Crans-Montana ou Gstaad attirent ainsi les clientèles britannique, scandinave et belge. "Les familles suisses choisissent de plus en plus d'y installer leur résidence principale, attirées par les infrastructures haut de gamme ou encore les bonnes écoles internationales", observe le dirigeant de Barnes.
"Les prix de l'immobilier de luxe ont augmenté dans toutes les régions. Genève et Zurich ont vu les prix grimper de respectivement 10% et 12%," soit au-delà de la moyenne enregistrée dans les principales localités, précise la dernière publication d'UBS Chief Investment Office GWM. "Cependant, les destinations de montagne ont eu un développement incohérent avec des biens négociés à 31'000 francs par mètre carré en Haute-Engadine, tandis qu'au Tessin, les propriétés luxueuses changeaient de mains à partir de 19'000 par mètre carré."
Face à une demande accrue, l'offre se limite. "Le nombre de propriétés annoncées dans certains des meilleurs endroits s'est effondré entre un tiers et la moitié par rapport aux niveaux d'avant la pandémie," explique l'analyste immobilière d'UBS, Katharina Hofer. L'étude annuelle sur le segment de l'immobilier de luxe, UBS Luxury Property Focus 2022, a fait état d'une "spirale ascendante du marché en 2021 avec des prix environ 10% plus élevés qu'à l'exercice précédent."
Concernant la Russie, "les sanctions ne semblent pas avoir d'impact car la clientèle russe est quasi inexistante pour les transactions en dessous de 5 millions", explique Jérôme Félicité, président du conseil d'administration de Barnes Suisse, ajoutant que la plupart des clients russes du groupe sont vendeurs. "En termes d'investissement à l'international, les Russes continuent d'acheter à Dubaï, en Turquie et en Afrique du Sud."
Pour 2022, la demande de biens immobiliers devrait ralentir, selon les analystes, et ceci en parallèle du recul de la croissance économique suisse. Les deux études s'accordent à dire que cette ruée vers le luxe est due entre autres à l'augmentation considérable des actifs, elle-même due à une bonne année pour le secteur. Cependant, l'ombre de l'inflation et la volatilité du cours des matières premières pourraient venir jouer les trouble-fête.