Des inspecteurs du Service phytosanitaire fédéral (SPF) avaient prélevé certains plants de tomates de cet arrivage et les avaient envoyés à la station fédérale Agroscope à Changins (VD) pour analyse. Le lendemain, le résultat était disponible et le virus détecté. Le SPF a aussitôt ordonné la destruction complète de la livraison à l'aéroport.
Le cas décrit ci-dessus n'est plus un cas isolé, a indiqué mardi Agroscope dans un communiqué. Avec le commerce mondial de semences et de plants, les nouveaux ravageurs augmentent en Suisse.
L'année dernière, le virus du fruit rugueux brun de la tomate a été découvert pour la première fois sur des plantes importées en Suisse, en Thurgovie. En 2022, Agroscope a pour l’instant analysé trois lots d’importation, dont deux se sont révélés positifs.
"C'est une course contre la montre", estime Denise Altenbach, responsable du groupe de recherche Diagnostic moléculaire des organismes nuisibles réglementés des végétaux à Agroscope-Changins: "Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il faut à tout prix éviter que de jeunes plants infectés ne gagnent les exploitations de production et les jardins potagers", ajoute la spécialiste, citée dans le communiqué.
Un millier de contrôles prévus
Cette année, jusqu'à 1000 contrôles aléatoires sont prévus, par exemple dans les pépinières ou jardineries. A cela s'ajoutent les interventions imprévues comme dans le cas de l'importation décrite ci-dessus. L'eau de drainage des serres est également analysée à la recherche du virus, qui est inoffensif pour l'homme.
Comme pour la grippe et le Covid-19, il n'est pas toujours facile de distinguer une infestation par le virus du fruit rugueux brun de la tomate d'une infestation par d’autres virus sur la seule base des symptômes. Seuls les tests moléculaires permettent de poser un diagnostic.
L'échange au niveau international, auquel participe Agroscope, constitue un autre élément de cette lutte. Les experts suisses peuvent ainsi profiter de l'expérience d'autres pays qui sont confrontés depuis longtemps à ce virus.
Organisme de quarantaine
La maladie s'attaque aux tomates, aux piments et aux poivrons. D’autres plantes hôtes dans les champs ou dans l'environnement ne sont actuellement pas connues. Des pertes de rendement allant jusqu'à 100% sont possibles. Le virus est très contagieux. Il survit longtemps sur les résidus végétaux, dans le sol et dans les serres.
Décrit pour la première fois en Jordanie et en Israël en 2014, il a depuis lors été détecté sur tous les continents. En Suisse, en tant qu'organisme de quarantaine, le virus doit être déclaré et combattu. Il est surveillé par les services phytosanitaires fédéraux et cantonaux.