La capitale est en partie paralysée depuis lundi par environ 10'000 manifestants indigènes venus de tout le pays qui descendent quotidiennement dans la rue pour protester contre le coût de la vie et réclamer plus d'aides sociales, dans un contexte de difficultés économiques croissantes.

Aux cris de "Lasso dehors !" en référence au chef de l'Etat Guillermo Lasso, les manifestants ont brûlé des pneus et des branches d'arbres, tandis que des barbelés et des gardes militaires protégeaient le Palais présidentiel.

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Le gouvernement refuse de lever l'état d'urgence déclaré dans six des 24 provinces du pays, une exigence du mouvement indigène préalable à l'ouverture de négociations. Il a par ailleurs dénoncé l'attaque dans la nuit de mardi à mercredi d'un poste de police de la ville de Puyo, dans la province de Pastaza.

Les assaillants ont incendié le bâtiment alors que les policiers étaient encore à l'intérieur. "Six policiers ont été grièvement blessés, trois sont retenus en otages (par une communauté indigène) et 18 sont portés disparus", a indiqué le ministre de l'Intérieur Patricio Carillo au cours d'une conférence de presse à Quito. Une succursale d'une banque a également été incendiée et d'autres bâtiments saccagés, selon le ministre.

"Appel au dialogue"

C'est au cours de ces violences qu'un manifestant a été tué et son décès annoncé dans la soirée mardi. Il est mort après avoir "manipulé un engin explosif" selon la police, "touché au visage, apparemment par une grenade de gaz lacrymogène", d'après une ONG.

"Les violences de Puyo montrent qu'ils ne veulent pas le dialogue", a dénoncé le ministre, qui a cependant "lancé une fois de plus un appel public au dialogue au mouvement indigène et à ces groupes radicaux responsables de ces actes insensés". Mardi le président avait déclaré qu'il acceptait "un processus de dialogue franc et respectueux avec la Conaie et d'autres organisations civiles".

La puissante Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie), qui a participé aux révoltes ayant renversé trois présidents entre 1997 et 2005 et mené de violentes manifestations en 2019 (11 morts), organise depuis le 13 juin des marches et barricades pour exiger une baisse des prix du carburant.

Son président, Leonidas Iza, a exigé mardi soir, en préalable à toute discussion, l'abrogation de l'état d'urgence, ainsi que la "démilitarisation" d'un parc de Quito occupé par la police et servant traditionnellement de point de rassemblent aux indigènes.

"Nous ne pouvons pas lever l'état d'urgence car cela laisserait la capitale sans défense", a répondu mercredi le ministre des Affaires gouvernementales, Francisco Jimenez.

"Résolution pacifique"

"Nous savons déjà ce qui s'est passé en octobre 2019 et nous n'allons pas le permettre", a-t-il souligné, en référence à l'envahissement du Parlement, l'incendie d'un bâtiment gouvernemental et de nombreux biens publics endommagés.

L'Alliance des organisations des droits humains fait état d'au moins 90 blessés et 87 arrestations depuis le début des manifestations. La police avance un bilan de 101 policiers et militaires blessés et 80 civils arrêtés. Dans la nuit de lundi à mardi, un premier manifestant était décédé après une chute, mais le parquet a décidé d'ouvrir une enquête pour homicide présumé.

Le sous-secrétaire d'Etat américain pour l'hémisphère occidental, Brian Nichols, a appelé mercredi sur Twitter à "une résolution pacifique et négociée des manifestations en Equateur" et a demandé à toutes les parties de s'abstenir de toute violence.

L'Organisation des Etats américains (OEA) a exhorté au dialogue pour "répondre aux revendications" des manifestants.

Outre le prix du carburant, les manifestants dénoncent le manque d'emplois, l'octroi de concessions minières dans les territoires autochtones, l'absence de contrôle des prix des produits agricoles et demandent une renégociation des dettes des paysans auprès des banques. Les peuples indigènes rassemblent au moins un million des 17,7 millions d'Equatoriens.