Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés (Opep+) ont convenu que "la production d'août serait ajustée à la hausse de 648'000 barils par jour", comme en juillet, en comparaison des 432'000 barils fixés auparavant, a annoncé l'alliance dans un communiqué à l'issue d'une réunion par visioconférence.

Le cartel reste donc sur la même ligne après le tournant opéré le mois dernier. Jusque là, et depuis le printemps 2021, il s'était limité à des hausses modestes de ses quotas dans le but de retrouver graduellement ses niveaux pré-Covid.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

"Théâtre politique"

Les efforts consentis sont toutefois trop maigres pour compenser le manque de pétrole lié à l'instauration par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) d'un embargo sur les livraisons russes.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, a pris plus de 16%, et son homologue américain le WTI, plus de 17%.

Vers 12H40 GMT, le Brent évoluait à 115,63 dollars le baril quand celui de WTI s'échangeait à 109,04 dollars, des prix toujours très hauts, le marché réagissant peu à la décision de l'alliance, largement anticipée.

Face à la flambée des cours, la France avait de nouveau appelé lundi les pays producteurs à augmenter leur volume de "manière exceptionnelle".

Le sujet sera également au menu de la visite du président américain Joe Biden mi-juillet en Arabie saoudite.

Edward Moya, d'Oanda, ne se fait cependant guère d'illusions: "c'est du théâtre politique, ce voyage n'aboutira pas à une hausse significative au-delà de ce qui a déjà été décidé", estime-t-il.

Et même si l'Opep+ cédait aux appels, "elle n'en aurait pas la capacité", poursuit l'expert, rappelant que de nombreux membres "sont soumis à des sanctions internationales ou souffrent de problèmes de production".

Résultat, les quotas fixés sont rarement atteints.

Membres sur la touche

Cible des Etats-Unis et de l'UE depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie a rejoint le rang des pays indésirables placés sous sanctions, aux côtés de l'Iran et du Venezuela.

Quant à la Libye, autre membre de l'alliance, elle est en proie à une longue et grave crise politico-institutionnelle, mettant aux prises deux gouvernements rivaux.

La production pétrolière, principale source de revenus, est l'otage de ces divisions avec de nombreux sites fermés de force.

D'autres nations comme le Nigeria, le Congo ou la Guinée équatoriale font figure de mauvais élèves, le manque d'investissement dans les infrastructures pétrolières au plus fort de la pandémie les empêchant d'atteindre leurs objectifs.

Même les premiers de la classe - les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite - auraient du mal à doper leur volume, selon des propos rapportés cette semaine par le président français Emmanuel Macron.

"Si cela s'avère exact, cela signifie que la production de pétrole de l'Opep+ en juillet et août n'augmentera pas davantage malgré l'accord récent", s'inquiète Stephen Brennock, de PVM Energy.

"Les problèmes d'approvisionnement resteront donc le principal sujet d'actualité pour le pétrole, et les prix devraient grimper encore", avertit Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

A moins que les craintes de récession ne prennent le dessus et fassent fléchir les cours.