Au total, plus de 1000 participants, dont ceux de près de 40 Etats et une quinzaine d'organisations internationales, se retrouveront dans une ville sous haute sécurité. L'armée viendra soutenir le dispositif et la portée dépassera la région, puisque les grandes délégations arriveront à Lugano par des villes voisines.

L'Ukraine est très attendue. Elle devra présenter son premier plan pour la reconstruction du pays, qui dictera l'étendue du soutien politique et financier de la communauté internationale.

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Elle veut notamment que les donateurs puissent chacun financer une région du pays s'ils le souhaitent."C'est la première fois depuis le début de la guerre que nous enverrons un tel haut niveau de délégation" en dehors du pays, a insisté jeudi l'ambassadeur ukrainien en Suisse, Artem Rybchenko.

Une centaine d'Ukrainiens feront le déplacement au total, dont le Premier ministre Denys Chmygal et sept ministres, parmi lesquels le chef de la diplomatie Dmitro Kuleba. Des parlementaires, y compris quelques-uns d'opposition, le secteur privé et la société civile seront associés.

Trois sommets récents

En raison de la situation sécuritaire, M. Zelensky devra se contenter d'un discours en ligne comme il en a désormais l'habitude. Mais il a accompagné le dispositif depuis le début, selon son ambassadeur.

Cette 5e édition de la conférence, après quatre dans d'autres pays qui portaient sur les réformes à mener en Ukraine, doit devenir le lancement international de la reconstruction. C'est dans tous les cas la tonalité donnée par le président de la Confédération Ignazio Cassis, qui doit l'ouvrir avec son homologue et M. Chmygal. Pour la première fois, tous les acteurs sont réunis.

Les participants arriveront quelques jours après la réaffirmation du soutien des pays occidentaux à l'Ukraine, que ce soit à l'UE, au G7 ou à l'OTAN. Le G7 a lui également dit dans sa déclaration qu'il prévoyait d'organiser une autre conférence internationale. Pas de quoi effrayer la Suisse, qui estime que la portée de la réunion de Lugano ne sera pas diminuée et que toutes les initiatives sont complémentaires.

De même, ni l'Ukraine ni Berne ne se disent déçues par le niveau de participation, certes plus élevé que lors des précédentes discussions sur les réformes. Aucun chef d'Etat n'est attendu et les chefs de gouvernement ne seront que quelques-uns, dont le tchèque, qui préside l'UE, la lituanienne ou le polonais.

Von der Leyen prévue

Outre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, une quinzaine de ministres doivent participer. Mais les grandes puissances présentes n'enverront au mieux pour la plupart que des vice-ministres.

Ces derniers mois, le président de la Confédération a répété à de nombreuses reprises que cette réunion, à laquelle Moscou n'est jamais invitée, ne viole pas la neutralité. Un dialogue a été mené régulièrement avec la Russie sur les avancées.

M. Cassis estime que la reconstruction sera "complexe" et pourrait prendre des décennies. Selon le gouvernement ukrainien, les coûts atteignent déjà plus de 600 milliards de francs. Mais d'autres n'arrivent pas au même chiffre.

Surveillance selon Cassis

Une Déclaration de Lugano doit établir les "priorités, méthode et principes" de ce rétablissement ukrainien. Une dizaine de principes au total devraient être décidés, dont celui de lier la reconstruction aux réformes demandées par la communauté internationale. La conférence n'est pas une réunion de donateurs mais certains pourraient malgré tout faire des annonces.

Face à ceux qui mettent déjà en garde contre la distribution de milliards à un pays accusé d'être piloté par la corruption, le président de la Confédération a opposé un engagement à surveiller les flux financiers. Certains experts redoutent que le dispositif ne renforce les oligarques après la guerre.

Selon M. Cassis, cette conférence doit contribuer à la "stabilité en Europe et dans le monde". Les composantes sociale, économique, numérique, d'infrastructures ou environnementale doivent être abordées.

La guerre en Ukraine a des effets importants sur l'approvisionnement alimentaire et énergétique, faisant redouter des famines et des détériorations économiques. Des millions de personnes sont réfugiées ou ont été déplacées à l'intérieur du pays. Selon les autorités, des dizaines de milliers de civils ont été tués. Dans certaines villes, jusqu'à 90% des habitations ont été détruites.