Ces résultats sont inquiétants et demandent des réponses urgentes, s'alarment les auteurs de l'étude, publiée samedi par les syndicats SEV, Syndicom et SSP, ainsi que par Unisanté, le Centre universitaire de médecine générale et de santé publique à Lausanne.
Selon les résultats de cette enquête, seulement 3,9% des personnes interrogées ne souffrent d'aucun problème. Plus d'une sur deux (57%) se plaint de douleurs musculaires au niveau des épaules et du cou. Environ 50% souffrent de douleurs dorsales et de fatigue anormale, 43% ont des problèmes de sommeil et 42% se plaignent de stress. Par ailleurs, 35% des sondés se sentent irrités et 33% disent avoir des maux de tête.
Près d'un tiers des conducteurs ne se sentent pas toujours en pleine possession de leurs moyens lorsqu'ils prennent le volant. Le nombre d'arrêts maladie a aussi augmenté en 2022, relève l'étude. Fatigue et maux de tête ont un effet sur la fréquence des accidents, en hausse en 2022 par rapport à l'enquête précédente de 2018.
"Au vu du pourcentage élevé de certains problèmes de santé assez spécifiques, il est possible de penser que ces problèmes sont liés à l'environnement de travail", estime Unisanté. Il a ainsi été démontré que les vibrations, auxquelles les corps des conducteurs sont soumis au quotidien, provoquent des douleurs dorsales.
Comportement des cyclistes critiqué
L'enquête a également permis d'évaluer certaines pénibilités. Les services de plus de dix heures, en raison d'horaires coupés, sont jugés pénibles par 80% des chauffeurs sondés. Les longues heures de travail sans accès aux toilettes arrivent en troisième position des difficultés mentionnées.
Le nombre croissant de conductrices a permis d'augmenter le nombre de toilettes installées aux terminus. Mais les horaires serrés et les retards accumulés en raison du trafic dissuadent de nombreuses personnes d'aller aux toilettes et également de boire.
Le comportement des cyclistes et l'agressivité des autres usagers de la route arrivent respectivement à la deuxième et quatrième place des griefs. Des voies spécifiques pour les bus permettraient de remédier à cette situation.
Lors de la pandémie de Covid-19, plus de 40% des chauffeurs ont été confrontés à des temps de repos réduits parce qu'ils devaient remplacer des collègues. L'enquête a également mis en évidence l'importance accordée par la quasi-totalité des sondés aux questions d'ergonomie, particulièrement des sièges. Les plus de 56 ans sont par exemple particulièrement touchés par des douleurs aux membres inférieurs et supérieurs.
L'enquête a été réalisée pour la troisième fois, après 2010 et 2018. Les syndicats ont envoyé 4323 questionnaires et reçu 916 réponses. Unisanté s'est lui chargé d'analyser les données.