Le président américain, âgé de 79 ans, avait entamé mercredi sa tournée dans la région par une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens avant de se rendre en Arabie saoudite pour assister à un sommet réunissant à Jeddah (ouest) les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l'Egypte, la Jordanie et l'Irak.
Dans un discours prononcé samedi devant un parterre de dirigeants arabes, M. Biden a promis que son pays "ne se détournerait pas" du Moyen-Orient en laissant "un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l'Iran".
Critiqué pour sa visite dans la monarchie du Golfe accusée de graves violations des droits humains, il a affirmé que "le futur appartiendrait aux pays (...) dont les citoyens peuvent remettre en cause et critiquer leurs dirigeants sans peur de représailles". "Intégration, interconnection. Ce sont les thèmes sous-jacents de notre réunion" a-t-il dit.
"Tragédie pour l'Arabie saoudite"
L'administration Biden dit vouloir promouvoir une nouvelle "vision" pour le Moyen-Orient, basée sur le dialogue et la coopération économique et militaire. Avec en toile de fond les processus de normalisation entre Israël et certains pays arabes, dans lequel Washington voudrait embarquer aussi l'Arabie saoudite, M. Biden a salué la décision "historique" de Ryad d'ouvrir son espace aérien à "tous les transporteurs", y compris israéliens.
Mais, peu après son départ, les Saoudiens ont cherché à tempérer une annonce qui "n'a rien à voir avec des liens diplomatiques" avec l'Etat hébreu, selon le ministre des Affaires étrangères saoudien. Pour le prince Fayçal ben Farhane, il s'agit seulement "d'assurer une connexion entre les différents pays du monde" et ce n'est "en aucun cas un prélude à une quelconque étape" vers la normalisation.
Dans une allusion transparente à Téhéran, où se rend bientôt le président russe Vladimir Poutine, Joe Biden a par ailleurs promis que les Etats-Unis ne "tolèreraient pas qu'un pays essaie d'en dominer un autre dans la région au travers de renforcements militaires, d'incursion, et/ou de menaces."
Check
Le voyage reste toutefois marqué par l'image du président échangeant un "check" du poing avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", accusé par les renseignements américains d'être le commanditaire de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Kashoggi en 2018. Joe Biden avait d'ailleurs promis de traiter le royaume en pays "paria".
Le président américain a assuré vendredi avoir évoqué cette affaire "au tout début" de sa réunion avec le prince héritier, de fait aux commandes de la riche monarchie, assurant avoir été "on ne peut plus clair".
Selon le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, interrogé par CNN, MBS "a expliqué vendredi (à M. Biden) qu'il s'agissait d'une tragédie pour l'Arabie saoudite". Il lui a dit que "les responsables avaient fait l'objet d'une enquête, avaient été confrontés à la justice et payaient désormais pour le crime", a ajouté M. Jubeir, indiquant par là que pour le royaume, il s'agissait d'une affaire classée.
Plusieurs grands journaux américains ont mis en Une la photo de la salutation entre Joe Biden et MBS, tandis que des activistes ont accusé le président américain de se renier pour quelques barils de pétrole.
"Tout mon possible"
La hausse du gallon d'essence est un enjeu considérable à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. "Je fais tout mon possible pour augmenter la production pour les Etats-Unis", a dit Joe Biden vendredi, assurant avoir eu des discussions fructueuses avec les Saoudiens, dont les résultats concrets se verront "dans quelques semaines".
L'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (spatial, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe. Le président américain, qui a multiplié les contacts bilatéraux, a par ailleurs "solennellement" invité son homologue des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, à se rendre aux Etats-Unis, après des relations glaciales ces derniers mois.
Les Etats-Unis ont aussi promis un milliard de dollars en soutien à la sécurité alimentaire "à court et à long terme" au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et Washington a conclu un accord avec la Jordanie pour apporter au pays une assistance financière de 1,45 milliard par an, à partir de 2023 et jusqu'en 2029.