"Il ne faut pas tomber dans l'alarmisme", tempère néanmoins Jacques Mauron vendredi devant la presse. Le directeur général de Groupe E - qui alimente les cantons de Fribourg et Neuchâtel, ainsi qu'une partie de Vaud - explique collaborer étroitement avec l’Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise (OSTRAL) et l'Association suisse de l’industrie gazière (ASIG).

Il se prépare à la mise en oeuvre d'éventuelles mesures restrictives décidées par la Confédération. Celles-ci s'appliquent sous la forme de quatre paliers pour l'électricité et trois pour le gaz: elles vont du simple appel à réduire la consommation jusqu'à des coupures ponctuelles d'électricité.

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"En cas de délestage, c'est une situation très dure qui nous attend avec un possible risque de coupure des télécommunications, mais aussi la possibilité que certaines communes ne puissent pas assurer leur approvisionnement", alerte Groupe E.

"Tout ce qu'on fait dès maintenant à un impact sur l'hiver prochain", poursuit M. Mauron. Groupe E va accompagner sa clientèle pour l'aider à se préparer à de possibles restrictions. La firme a mis en ligne sur son site internet des conseils pour économiser l'énergie.

"Groupe E va aussi prendre des mesures pour limiter sa propre consommation", déclare Jacques Mauron. L'entreprise va notamment baisser son chauffage en hiver et procéder à l'extinction de ses enseignes durant la nuit.

"Assez de soleil, d'eau et de vent"

Pour le directeur général de Groupe E, "la Suisse n'a pas assez préparé la transition énergétique". A ce jour, la consommation actuelle domestique est de 60 térawattheures (TWh) par an. D'après l'Office fédéral de l'environnement, l'arrêt du nucléaire ainsi que le développement de la mobilité électrique et des pompes à chaleur impliqueront un déficit de 50 TWH par an à combler, dont 30 TWH pour l'hiver uniquement.

Pour le groupe, cela montre la nécessité de développer la production via les nouvelles énergies renouvelables (NER). "La Suisse a assez de soleil, d'eau et de vent pour développer son autonomie énergétique", assène Jacques Mauron, rappelant que la dépendance du pays est de 72%.

L'entreprise basée à Granges-Paccot (FR) voit deux axes de développement. "Il faut travailler sur l'efficience énergétique, et donc opérer un changement de mentalité. Si on abaisse le chauffage de trois degrés, cela peut avoir un impact important. Il faut également développer le photovoltaïque", détaille M. Mauron.

Hausse des prix

"Voilà des années que nous tirons la sonnette d'alarme sur une possible pénurie d'électricité, mais nous ne pensions pas que cela pourrait arriver si rapidement", concède Jacques Mauron. Les conséquences de cette situation s'observent sur les prix. "L'électricité est dix fois plus chère qu'il y a deux ans", affirme-t-il.

Au niveau national, les prix de l'électricité seront annoncés fin août mais l'optimisme n'est pas au rendez-vous. "Chez Groupe E, nous prendrons notre décision la semaine prochaine. En Suisse, on peut s'attendre à des hausses allant de 10 à 50%, du jamais vu!", s'exclame Jacques Mauron.