Peu après midi, la devise helvétique s'échangeait à 0,9595 franc pour un euro, après s'être renchérie à 0,9552 EUR/CHF dans la matinée, un nouveau plus bas historique de la paire de devises. A titre de comparaison, le cours de changes s'élevait encore à 1,038 EUR/CHF début janvier.
Faut-il s'en étonner, interroge John Plassard, de Mirabaud Banque. Le 16 juin dernier, Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), avait en effet affirmé que le franc ne s'inscrivait plus à un niveau élevé et n'avait pas permis de protéger la Suisse contre les méfaits de l'inflation importée, rappelle-t-il.
Une manière de reconnaître que le franc n'est plus au centre des priorités de la BNS et qu'une appréciation supplémentaire sera sans doute tolérée. Ce qui a effectivement été le cas, constate l'analyste.
En bref, un franc fort permet de lutter efficacement contre l'inflation, et ceci explique concrètement pourquoi l'institution monétaire n'est pas tellement intervenue ces dernières semaines.
D'un point de vue technique, il n'existe pas de ligne de soutien et la paire EUR/CHF poursuit sa chute, écrit de son côté la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans un commentaire. L'euro étant survendu, une réaction à court terme pourrait cependant intervenir.
D'autres facteurs expliquent le recul de l'euro, face au dollar comme au franc. Alors que les marchés s'attendent à un resserrement monétaire aux Etats-Unis de 75 points de base en septembre, en Europe la Banque centrale européenne (BCE) est coincée entre le besoin de relever ses taux et celui de ne pas provoquer une récession, note Jurus Arthur d'Oddo BHF.
Or, la fermeture annoncée du gazoduc Nord Stream 1 fin août a renchéri le cours du gaz naturel de 14%. Et même si la BCE relevait ses taux à la même vitesse que la Fed, cela ne ferait pas vraiment baisser l'inflation européenne qui s'explique essentiellement par la montée en flèche des prix de l'énergie, souligne de son côté Ipek Ozardeskaya, de Swissquote.