Le plafond de tarification autorisé va passer de 1971 livres par an par foyer moyen à 3549 livres à partir d'octobre, a indiqué vendredi le régulateur Ofgem. "La hausse reflète la progression continue des cours mondiaux de gros du gaz, démarrée avec les déconfinements post-pandémie, et ont été poussés à des niveaux record quand la Russie a lentement interrompu ses approvisionnements de gaz à l'Europe", argumente l'Ofgem.

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Au regard de la tendance actuelle, l'Ofgem avertit que "les prix pourraient empirer considérablement en 2023". Ce seuil étant calculé d'après la moyenne des cours de gros du gaz sur les mois précédents, les experts s'attendent à ce qu'il soit relevé à plus de 4000 livres en janvier et jusqu'à 6000 livres au printemps.

Eviter un choc "dramatique"

Le prix du gaz s'est approché ces derniers jours les records historiques atteints au début de l'offensive russe en Ukraine.

"Nous avons conscience de l'impact massif que cette hausse de plafond tarifaire aura sur les ménages à travers la Grande-Bretagne et les décisions difficiles que les consommateurs vont devoir prendre", a commenté le directeur général d'Ofgem, Jonathan Brearley.

L'Ofgem, le patronat, fournisseurs et associations appellent à une action gouvernementale immédiate pour éviter un choc "dramatique" pour les ménages modestes, déjà confrontés à une inflation à plus de 10%, la plus forte des pays du G7, tandis que l'économie britannique flirte avec la récession.

Deux tiers des ménages menacés

D'après l'université de York, près de deux tiers des ménages britanniques sont menacés de pauvreté énergétique dès l'an prochain. "On observe une situation de très grand stress chez nos clients. (...) Environ un tiers sont en situation de précarité énergétique et 20% de plus pourraient le devenir", souligne Philippe Commaret, directeur commercial d'EDF pour le Royaume-Uni, interrogé par l'AFP.

Selon lui, certains ménages prennent des mesures désespérées et dangereuses pour eux, comme de renoncer à se chauffer ou de débrancher leur réfrigérateur.

Avec de nombreux foyers précaires dépendant de compteurs rechargeables, "nous sommes partis pour voir des milliers (de foyers) avec des interruptions subites d'électricité", dénonce le centre de réflexion Resolution Foundation.

"L'aide arrive"

Diane Skidmore, retraitée de 72 ans qui vit dans un logement social du sud de Londres avec 600 livres par mois, a vu en un peu plus d'un an sa facture mensuelle passer de 25 à 45 livres. Elle vient de recevoir une lettre de son fournisseur lui demandant de prévoir des prochains débits de 70 livres.

"Tout le monde va avoir du mal", affirme-elle, disant son intention de recourir aux pulls et couvertures pour minimiser sa consommation. Elle s'inquiète pour ses voisins dont le compteur électrique fonctionne aux pré-paiements: "ils se retrouvent toujours en dette et du coup ils ne paient pas leur loyer sinon l'électricité et le gaz sont coupés".

Le ministre de l'Economie Nadhim Zahawi a promis que "l'aide arrive, avec 400 livres de rabais sur les factures d'énergie pour tous, 650 livres pour les ménages vulnérables et 300 livres pour les retraités".

"Protéger les gens"

Le Premier ministre conservateur Boris Johnson, sur le départ, a laissé ce dossier au prochain chef de gouvernement dont le nom sera dévoilé le 5 septembre. La favorite pour le remplacer, la très thatchérienne Liz Truss, privilégiait jusque-là les baisses d'impôts plus que les aides directes qu'elle qualifie de "pansements".

Vendredi, elle a semblé assouplir sa position, dans une tribune au Daily Mail: si elle est élue, elle promet de "prendre des mesures (...) sur des aides immédiates, mais je m'attaquerai aussi aux racines du problème".

"Il est temps que le gouvernement arrête de protéger les bénéfices des géants des carburants pétroliers et commencent à protéger les gens", s'est impatienté sur Sky News le directeur de l'association de lutte contre la pauvreté énergétique NEA.