Sondages et ralliements successifs n'ont fait que confirmer l'avance considérable de la cheffe de la diplomatie de 47 ans sur l'ancien ministre des Finances de 42 ans, au sein du Parti conservateur.

Après la fin du vote des adhérents vendredi soir, le résultat sera proclamé lundi à 12h30 (13h30 suisses). Sauf coup de théâtre, Liz Truss deviendra mardi la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May.

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Elle succédera à Boris Johnson, poussé à la démission début juillet par l'accumulation des scandales. Et sera très attendue pour répondre en urgence à la flambée des factures d'énergie qui étrangle ménages, écoles, hôpitaux et entreprises, entraînant des conflits sociaux comme jamais depuis les années Thatcher (1979-1990).

"Cela sera une très très grande surprise si elle ne gagne pas", explique à l'AFP John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde, relevant la capacité de la ministre à "séduire politiquement les adhérents conservateurs et articuler un message clair pour eux".

A l'issue d'un été de campagne émaillé de 12 rencontres avec au total près de 20'000 électeurs dans tout le pays, Liz Truss a assuré vendredi avoir "un projet audacieux qui va faire croître l'économie", répétant sa promesse de baisser les impôts et réduire la bureaucratie.

Rishi Sunak a affirmé de son côté "savoir quoi faire pour surmonter la période difficile" qui s'annonce.

Politique chevronnée qui enchaîne les postes ministériels depuis dix ans, Liz Truss a séduit la base en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats. Cela lui a valu d'être comparée à Margaret Thatcher, icône du conservatisme, bien que son rival s'emploie à en disputer l'héritage en se posant en champion de la prudence budgétaire.

Rishi Sunak, petit-fils d'immigrés indiens qui deviendrait le premier Premier ministre non blanc du pays s'il créait la surprise, a peiné à se défaire de son image de riche technocrate, de donneur de leçons et de traître ayant précipité la chute de Boris Johnson en claquant la porte du gouvernement début juillet.

Ce dernier reste regretté par une partie des adhérents, - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques - appelés à voter. Leur nombre exact ne sera dévoilé que lundi mais il est estimé à moins de 200'000, soit 0,3% de la population britannique.

Aller-retour en Écosse

Mardi, Boris Johnson ira remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.

Son successeur suivra pour devenir le 15e chef de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, former son gouvernement et affronter mercredi le chef de l'opposition Keir Starmer pour la première fois au Parlement.

La pression sera considérable pour agir vite. La crise du coût de la vie a pris un tour dramatique, avec l'annonce d'une hausse de 80% des factures d'énergie pour les ménages en octobre qui pourrait porter l'inflation, déjà à plus de 10%, jusqu'à 22% selon les prévisions les plus alarmistes.

Des transports aux postiers en passant par les dockers et les avocats, les grèves continuent à s'étendre.

Restée vague pendant la campagne sur ses intentions, Liz Truss a promis un "soutien immédiat" pour les ménages en difficulté, sans annoncer de mesure concrète.

Boris Johnson, lui, a brillé par son absence pendant l'été, partant en vacances en Slovénie puis en Grèce. Il a refusé d'exclure un retour en politique et sa présence s'annonce encombrante. Jeudi, il a promis son "soutien complet" à celui qui le remplacera: "Et pour le reste, la vie continue".