"Nous glissons vers une récession hivernale", estime Timo Wollmershäuser, directeur des études conjoncturelles de cet institut, l'un des plus influents en Allemagne, qui abaisse ainsi de 4 points sa précédente prévision de juin.
L'IFO table sur une récession technique au premier trimestre 2023, avec une chute de 0,4% du PIB, après un recul de 0,2% au quatrième trimestre 2022.
En cause : les "baisses de fourniture de gaz russe intervenues cet été" et "les hausses de prix massives qui en résultent", explique-t-il.
L'inflation moyenne devrait ainsi grimper à 9,3% l'année prochaine, après 8,1% en 2022, a-t-il ajouté.
Gazprom a réduit drastiquement ses livraisons de gaz ces derniers mois vers l'Allemagne, à travers Nord Stream, avant de les arrêter début septembre, sur fond de bras de fer entre Moscou et l'Union Européenne concernant la guerre en Ukraine.
L'Allemagne, qui s'approvisionnait à 55% en Russie avant la guerre, doit se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés.
Ces tensions ont fait donc exploser le prix du gaz et de l'électricité en Europe, faisant flamber l'inflation.
Et le mouvement devrait se poursuivre: "Les fournisseurs d'énergie ajusteront sensiblement leurs prix de l'électricité et du gaz (...) en particulier au début de 2023", estime l'IFO.
Le président de la banque centrale allemande Joachim Nagel a lui aussi jugé "possible" que l'Allemagne glisse dans la récession dès les 3e et 4e trimestres de cette année, et y reste aussi jusqu'en début d'année prochaine, dans une interview donnée dimanche à la radio allemande Deutschlandfunk.
Le taux d'inflation montera, lui, à environ 11% au cours du premier trimestre 2023, affectant sévèrement le pouvoir d'achat des ménages, prévoit encore l'IFO.
Le gouvernement allemand a adopté début septembre un troisième plan de mesures pour aider les plus démunis, mais cela ne pourra pas compenser la perte de pouvoir d'achat prévue, selon l'IFO.
"Le recul des salaires réels, d'environ 3% cette année ainsi que l'année prochaine, sera le plus élevé depuis l'introduction des comptes nationaux en 1970", anticipe M. Wollmershäuser.
La situation pourrait toutefois se "normaliser" à nouveau en 2024 avec "une croissance de 1,8% et une inflation de 2,5%", conclut-il.