Plusieurs élus ont rappelé l'état d'insécurité qui règne en Europe et ses conséquences sur I'économie. "La Russie a annoncé une mobilisation partielle; cette guerre ne va pas se terminer demain. Nous devons renforcer la production agricole indigène", a déclaré le député Marcel Dettling (UDC/SZ).
Concrètement, l'UDC veut que le gouvernement revienne sur plusieurs mesures décidées par voie d'ordonnance qui imposent des efforts supplémentaires en vue d'une agriculture durable. "Les ordonnances ne vont pas du tout dans la direction souhaitée par la profession", a relevé Pierre-Alain Page (UDC/FR).
Elles vont restreindre la production et nuire à la fabrication d'aliments comme le Gruyère. Il n'est pas acceptable de miser sur les importations, a poursuivi le Fribourgeois. Il n'est pas normal que le Conseil fédéral décide de renoncer à 14'000 hectares de terres fertiles qui permettent de nourrir un million de personnes, a pointé le conseiller aux Etats Beat Rieder (Centre/VS). "Ce n'est pas le moment".
Biodiversité pour plus tard
Le Conseil des Etats s'est aussi montré sensible à ces préoccupations. La motion de Werner Salzmann (UDC/BE) qui s'attaque à la décision de réduire les pertes de fertilisants de 20% pour l'azote et le phosphore dans l'agriculture d'ici 2030, a été acceptée par 31 voix contre 13.
Deux autres déposées par Beat Rieder (Centre/VS) et Marco Chiesa (UDC/TI) demandant de revoir l'obligation d'affecter au moins 3,5% des terres assolées à des surfaces de promotion de la biodiversité ont passé sans problème. Le National devra confirmer.
Les Verts ont déploré en vain un revirement. Les surfaces de promotion de la biodiversité tout comme la réduction d'éléments fertilisants font partie des engagements pris il y a un an devant le peuple comme compromis aux initiatives sur l'eau potable, a rappelé Adèle Thorens (Vert-e-s/VD).
Dans l'après-midi, les propositions UDC pour réduire la dépendance de la Suisse aux importations n'ont pas eu le même succès. Elles ont toutes été rejetées.
Approvisionnement assuré
Le ministre en charge de l'agriculture Guy Parmelin a rappelé que "l'approvisionnement en aliments est assuré". La situation actuelle ne nécessite pas une intervention de l'Etat dans la production agricole du pays.
Pour le Vaudois, il ne faut pas viser une augmentation de la production mais plutôt assurer la pérennité de celle-ci. "La production indigène dépasse déjà en partie le niveau écologiquement supportable", a-t-il rappelé. Les Chambres ont en outre commencé les travaux sur la politique agricole 2022. Il vaudrait mieux attendre le résultat.
Energie: trois solutions innovantes
Au National, l'énergie s'est greffée avec plus de succès au débat sur l'approvisionnement alimentaire. Les partis du centre-droit, alliés à la gauche, a réussi à faire adopter trois motions visant à augmenter la sécurité d'approvisionnement en électricité.
Les députés ont donné leur feu vert à un texte de Rocco Cattaneo (PLR/TI) qui demande de soutenir massivement la construction d'installations permettant de transformer et stocker de l'énergie solaire sous forme de gaz de synthèse (hydrogène, méthane ou méthane liquéfié).
Le deuxième, du Centre, vise à encourager le développement généralisé de réseaux intelligents (smart grids). Et le troisième, déposé par Jürg Grossen (PVL/BE), demande au Conseil fédéral de donner la possibilité aux petits acteurs de participer au marché de l'énergie de réglage. L'énergie de réglage est la quantité d'énergie flexible qui permet de compenser les variations imprévues sur le réseau grâce à un réseau de fournisseurs.
Le Conseil fédéral était contre ces motions. La cheffe du Département fédéral de l'énergie Simonetta Sommaruga a renvoyé à la loi sur un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables qui sera débattue jeudi à la Chambre des cantons.
L'UDC avait enfin placé plusieurs motions visant à durcir l'accès au statut S, sans véritable lien avec le thème de la sécurité de l'approvisionnement. Les deux chambres les ont toutes balayées. Baptiste Hurni (PS/NE) s'est insurgé contre le camp de l'"exclusion, de la pusillanimité et du mépris des malheurs d'un peuple".