La nécessité de développer les énergies renouvelables n'a pas été contestée. Les raisons sont multiples. Des sénateurs de tous bords les ont énumérées: difficultés d'importation, abandon progressif du nucléaire, changements climatiques ou encore besoins croissants de la population et de l'économie.

"En moyenne, il nous a manqué 4 TWh de courant ces dix dernières années. C'est deux fois la production annuelle de la Grande Dixence", a chiffré Beat Rieder (C/VS) pour la commission. Une lacune hivernale de 2 TWh est également pronostiquée jusqu'en 2035. Il faut massivement augmenter la production indigène, grâce à une réorganisation complète de l'approvisionnement énergétique.

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A une large majorité, les sénateurs ont suivi leur commission et décidé d'objectifs bien plus ambitieux que ceux proposés par le Conseil fédéral. Au moins 35 TWh d'électricité devront être produits grâce aux énergies renouvelables en 2035, et 45 TWh en 2050. Le gouvernement avait mis la barre à 17 TWh et 39 TWh. Les exigences pour l'énergie hydraulique sont elles fixées à 37,9 TWh et 39,2 TWh.

Sacrifice inutile

Pour faciliter la mise sur pied des installations produisant de l'énergie renouvelable, la commission aurait également voulu leur donner la priorité. Les dispositions environnementales ne doivent, à ses yeux, ni entraver ni empêcher leur construction, leur maintien, leur agrandissement ou leur rénovation.

Sécurité de l'approvisionnement, protection climatique ou protection de l'environnement: "Où voulons-nous mettre la priorité? Pour moi, la priorité est à la sécurité de l'approvisionnement", a jugé Martin Schmid (PLR/GR). "Devant le risque accru de pénurie d'électricité, il n'y a pas d'autres possibilités que de lever les mesures de protection de l'environnement", a abondé Hansjörg Knecht (UDC/AG).

"Les énergies propres viennent de la nature, du soleil, du vent, de la terre et de l'eau. Le lien entre la nature, les énergies renouvelables et la production d'électricité est tellement évident. Il est inutile de sacrifier l'un, la nature, pour l'autre, l'énergie", a opposé Elisabeth Baume-Schneider (PS/JU).

Pour Lisa Mazzone (Vert-e-s/GE), il ne faut pas suspendre les débits résiduels ou supprimer les biotopes nationaux. Les premiers permettent aux cours d'eau de rester vivants, notamment lors des sécheresses. Quant aux biotopes, ils recèlent un tiers des espèces menacées tout en n'occupant que 2% du territoire. Si elle se dit prête à faire des concessions, la Genevoise estime que le potentiel de production doit être à la hauteur des dégâts causés.

Mesures anticonstitutionnelles

Plusieurs orateurs de gauche comme de droite ont encore souligné l'anticonstitutionnalité des mesures proposées. Philippe Bauer (PLR/NE) se dit certes fâché contre les associations, qui font systématiquement recours contre les barrages ou les éoliennes pour gagner du temps. Des problèmes de procédure ne doivent toutefois pas être réglés en bafouant les lois décidées par le Parlement.

"Je ne suis pas prêt à m'asseoir sur toutes les dispositions légales", a abondé Charles Juillard (C/JU). Et de préciser que sa décision n'était pas un blanc-seing pour "tous les ayatollahs de la protection de l'environnement".

"La constitutionnalité des mesures n'est pas assurée", a reconnu Andrea Gmür-Schönenberger (C/LU). Même si elles ne sont pas optimales, elles doivent cependant être acceptées pour éviter les blocages, comme celui de Grimmelsee (BE). Une meilleure solution pourra être trouvée au fil des débats entre les deux Chambres.

Les sénateurs ont finalement limité les attaques à l'environnement. Les grandes installations destinées aux énergies renouvelables revêtiront toutefois un intérêt national.

Les débats se poursuivent.