"L'Etat se doit de montrer l'exemple en matière d'économie d'énergie", a relevé mardi à Fribourg le Conseil d'Etat, représenté par son président Olivier Curty, chargé de l'énergie, et par trois de ses collègues, à savoir Didier Castella (institutions), Romain Collaud (sécurité) et Jean-François Steiert (infrastructures).
"La question est de savoir si l'on passera ou non l'hiver", a résumé Romain Collaud. Les réflexions ont été entamées avec la guerre en Ukraine, puis accentuées cet été, dans le contexte de l'amplification de la crise, avec l'instauration d'une délégation, qui se réunit une fois par semaine. L'Etat veut agir sur deux plans.
L'Etat consommateur
Tout d'abord, l'Etat en tant que consommateur d'énergie. "Nous sommes passés d'un scénario possible à un scénario probable", a noté Olivier Curty. En hiver, le canton de Fribourg dépend à 41% des importations d'énergie (gaz et électricité). Ainsi, le gouvernement a décidé des mesures concrètes touchant à ses bâtiments.
Dans les bureaux, la température cible sera limitée à 19 degrés et l'eau chaude sera supprimée, sauf besoins impératifs. Le recours à des appareils de chauffage privés sera banni du cadre professionnel. Outre une utilisation plus parcimonieuse des éclairages, il sera aussi interdit de prendre les ascenseurs, sauf handicaps.
A l'extérieur, les routes cantonales ne bénéficieront plus d'éclairage entre 23h30 et 05h30. L'Etat recommande d'agir de même pour les routes communales. Les passages piétons devront rester éclairés, avec un système de détection des mouvements. D'autres mesures viendront "rapidement" pour étoffer le premier catalogue.
Crédit cadre
Les actions débuteront dès la mi-octobre. Des contacts existent avec tous les acteurs concernés, a dit Olivier Curty. Cette phase une est sans impact majeur, dans le contexte d'une hausse de 20% du prix de l'électricité dès 2023 pour les clients captifs et d'un relèvement immédiat pour ceux qui s'approvisionnent sur le marché libre.
Une campagne de sensibilisation cantonale s'inscrira en complément de celle de la Confédération. "Du niveau de cohésion dépendra la capacité à passer la crise énergétique", a indiqué de son côté Didier Castella. Jean-François Steiert a insisté sur la graduation de mesures arrêtées en coordination avec les autres cantons.
Pour répondre aux besoins, le Conseil d’Etat octroie à sa délégation "énergie" un crédit cadre de 700'000 francs. Celui-ci assurera notamment la création temporaire de 8 postes en équivalents plein temps, répartis entre les services de l’énergie, des bâtiments ainsi que de la protection de la population et des affaires militaires.
Une partie du crédit sera en outre consacrée à la communication destinée à la population, aux partenaires institutionnels ou encore aux entreprises. Des programmes d'accélération de mesures sont prévus, pour le solaire et le remplacement des anciennes ampoules par des ampoules LED, a précisé Jean-François Steiert.