En début de soirée, le Parquet général russe a annoncé que les services de sécurité (FSB) ont ouvert une enquête pour "acte de terrorisme international". "La Fédération du Russie a subi un grave préjudice économique du fait de ces actes", a ajouté le Parquet.

Plus tôt, la Sûreté suédoise (Säpo) avait indiqué avoir "repris à la police l'enquête préliminaire concernant les événements survenus sur Nord Stream. Le motif retenu est actuellement de sabotage aggravé", a indiqué le service dans un communiqué.

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Réunion à l'ONU

La veille, l'Ukraine avait dénoncé une "attaque terroriste planifiée" de la Russie "contre l'Europe". A la demande de Moscou, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU se réunira vendredi à New York (Etats-Unis).

"La France, en tant que présidente du Conseil de sécurité, nous a informés que la Russie avait demandé une réunion sur les fuites de Nord Stream et que cette réunion était prévue vendredi", a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde lors d'une conférence de presse.

La Suède et le Danemark ont été chargés de donner des informations aux membres du Conseil sur ces fuites survenues dans leurs zones économiques exclusives, a-t-elle précisé.

La diplomatie russe a accusé implicitement les Etats-Unis, demandant des "réponses" au président américain Joe Biden sur l'implication de son pays.

"Le président américain est obligé de répondre à la question de savoir si les États-Unis ont mis à exécution leur menace", a-t-elle lancé sur Telegram, en référence à une déclaration de M. Biden début février qui affirmait que Washington "mettrait fin" à Nord Stream 2 si Moscou intervenait militairement en Ukraine.

"Si la Russie envahit (l'Ukraine), alors il n'y aura plus de Nord Stream 2", avait affirmé Joe Biden le 7 février, deux semaines avant le début de l'offensive russe.

"Ridicule" d'accuser les Etats-Unis

La Maison Blanche a rétorqué qu'il était "ridicule" d'insinuer que les Etats-Unis pourraient avoir commis ces sabotages.

"Nous savons tous que la Russie diffuse de la désinformation depuis longtemps et elle le fait à nouveau ici", a commenté la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé presque de manière symétrique qu'il était "stupide et absurde" de soupçonner la Russie, et a souligné en retour "les énormes bénéfices réalisés par les fournisseurs américains de gaz naturel liquéfié, qui ont multiplié leurs approvisionnements sur le continent européen" depuis le début de la guerre en Ukraine.

L'Union européenne s'est contentée à ce stade de mettre en garde contre toute attaque ciblant ses infrastructures énergétiques.

"Toute perturbation délibérée des infrastructures énergétiques européennes est totalement inacceptable et fera l'objet d'une réponse vigoureuse et unie", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Acte délibéré"

Les informations disponibles à ce stade indiquent que les fuites provoquées par des explosions sur ces installations sous-marines reliant la Russie à l'Allemagne résultent d'un "acte délibéré", a ajouté le responsable européen dans une déclaration au nom des 27 Etats membres de l'UE.

Alors que la Russie, en difficulté dans son opération militaire en Ukraine, pourrait être soupçonnée de chercher à allumer un contre-feu pour instiller le doute entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, la Pologne a souligné mardi que le sabotage du gazoduc était partie intégrante du bras de fer en cours dans la guerre en Ukraine.

"Nous voyons clairement que c'est un acte de sabotage, qui marque probablement la prochaine étape de l'escalade de la situation en Ukraine", a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki.

L'Allemagne a indiqué renforcer sa vigilance sur la protection de ses infrastructures critiques, par la voix de la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser.

L'inspection des deux gazoducs endommagés ne pourra se faire avant une à deux semaines en raison des remous causés par le gaz, a dans tous les cas indiqué le ministre danois de la Défense Morten Bødskov.

Les fuites, qui ont suivi les explosions, identifiées depuis lundi au large de l'île danoise de Bornholm, entre le sud de la Suède et la Pologne, sont visibles à la surface avec de vastes bouillonnements.

Selon les autorités danoises, plus de la moitié du gaz contenu dans les deux gazoducs s'est déjà échappé dans l'atmosphère.

"Une nette majorité du gaz est déjà sortie des tuyaux", a affirmé le directeur de l'autorité danoise de l'Energie, Kristoffer Böttzauw. "Nous nous attendons à ce que le reste s'échappe d'ici dimanche".

Bras de fer

Objets de bras de fer géopolitiques ces derniers mois, les deux pipelines exploités par un consortium alliant le géant russe Gazprom à des groupes occidentaux ne sont pas opérationnels à cause de la guerre en Ukraine. Mais tous les deux étaient remplis de gaz.

Nord Stream 2, achevé en 2021, était initialement destiné à doubler la capacité d'importation de gaz russe en Allemagne. Sa mise en service a été suspendue en représailles à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Ces fuites éloignent la perspective d'une reprise prochaine des livraisons de gaz à l'Europe via Nord Stream 1.