Ces nouveaux bombardements surviennent trois jours après de précédentes frappes qui avaient fait 17 morts sur cette ville du sud de l'Ukraine.
"Après une attaque nocturne de missiles sur Zaporijjia (...), 17 personnes sont mortes", selon un premier bilan donné dimanche par Anatoliy Kourtev, secrétaire du conseil municipal de la ville.
Les frappes ont touché des maisons et des immeubles d'habitation de plusieurs étages, a-t-il précisé.
Le président Volodymyr Zelensky a pour sa part fait état de 12 morts et 49 personnes, dont six enfants, transportées à l'hôpital.
"Mal absolu"
"Aucun sens. Le mal absolu. Des terroristes et des sauvages. Depuis celui qui a donné cet ordre jusqu'à celui qui l'a exécuté. Tous ont une responsabilité. Devant la loi et devant le peuple", a écrit le président ukrainien sur son compte Telegram.
Cette frappe russe "a détruit des résidences privées, où des gens vivaient, dormaient sans attaquer personne", a ajouté M. Zelensky.
Un responsable régional ukrainien, Oleksandr Starukh, a lui aussi fait état de 12 morts, mais précisé que d'autres victimes pourraient encore se trouver sous les décombres.
L'armée de l'Air ukrainienne a indiqué que quatre missiles de croisière, deux missiles tirés depuis des avions de chasse et d'autres missiles de type anti-aérien avaient été utilisés contre la ville.
Zaporijjia est dans la région de la centrale nucléaire du même nom, au centre d'un bras de fer depuis plusieurs mois qui a nécessité son arrêt. Ce site a de nouveau perdu sa source d'alimentation électrique externe en raison de bombardements et s'appuie sur des générateurs d'urgence, a alerté samedi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Plongeurs à l'oeuvre
Ces nouvelles frappes surviennent au lendemain d'une énorme explosion, attribuée par Moscou à un camion piégé, sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbolique reliant la Russie à la péninsule annexée en 2014 au détriment de l'Ukraine.
Des plongeurs russes devaient examiner l'ouvrage dimanche, a annoncé le vice-Premier ministre russe Marat Khousnoulline, avec de "premiers résultats" attendus dans la journée.
Le trafic automobile et ferroviaire a repris samedi quelques heures après la déflagration qui a fait s'effondrer en mer l'une des voies de ce pont construit à grands frais, inauguré par Vladimir Poutine en 2018.
Le ministère russe des Transports a indiqué dimanche que les trains de passagers de la Crimée vers la Russie "roulaient selon le plan habituel".
Des ferrys ont aussi été mis en place entre la Russie continentale et la péninsule.
Les autorités russes ont attribué l'explosion, qui a fait trois morts samedi matin, à un camion piégé dont le propriétaire est un habitant de la région russe de Krasnodar.
Moscou n'a pas accusé l'Ukraine de cette attaque dans l'immédiat et les responsables ukrainiens n'ont pas revendiqué de responsabilité officiellement.
Kiev avait toutefois menacé à plusieurs reprises de frapper ce pont symbole de l'annexion de la Crimée, qui sert aussi à l'approvisionnement des troupes russes en Ukraine.
Trois morts
Des images de vidéosurveillance diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une puissante explosion au moment où plusieurs véhicules circulaient sur le pont, dont un camion que les autorités russes soupçonnent d'être à l'origine de la déflagration.
Sur d'autres clichés, on peut voir un convoi de wagons citernes en flammes sur la partie ferroviaire du pont, et deux travées d'une des deux voies routières effondrées.
Selon les enquêteurs, l'attaque survenue samedi au petit matin a fait trois morts : le conducteur du camion ainsi qu'un homme et une femme qui circulaient en voiture à proximité de la déflagration, dont les corps ont été sortis des eaux.
L'armée russe, en difficulté sur le front de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a assuré samedi que l'approvisionnement de ses troupes n'était pas menacé.
Perturber l'approvisionnement
L'Ukraine a frappé plusieurs ponts dans la région de Kherson ces derniers mois afin de perturber l'approvisionnement russe, ainsi que des bases militaires en Crimée, des attaques pour lesquelles elle n'a reconnu de responsabilité que plusieurs mois plus tard.
Depuis début septembre, les forces russes ont été obligées de reculer sur de nombreux points du front. Elles ont notamment dû se retirer de la région de Kharkiv (nord-est) et reculer dans celle de Kherson.
Confronté à une armée ukrainienne galvanisée et forte des approvisionnements en armes occidentales, Vladimir Poutine a décrété fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes et l'annexion de quatre régions ukrainiennes bien que Moscou ne les contrôle que partiellement.
Signe du mécontentement en haut lieu sur la conduite des opérations, Moscou a annoncé samedi avoir nommé un nouvel homme à la tête de son "opération militaire spéciale" en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, 55 ans.