Du nord au sud de la France, les mêmes scènes se reproduisent: des stations fermées, d'interminables files d'attente, des prix en hausse et le moral des automobilistes en berne.

Depuis plusieurs semaines, le pays est touché par des grèves dans les raffineries et dépôts de carburants, à l'appel d'organisations syndicales demandant des hausses salariales. Ce mouvement social a commencé à créer des difficultés majeures pour les automobilistes depuis la semaine passée.

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"Quand il y a des propositions de négociations, il faut s'en saisir. Sinon ce n'est plus de la grève pour obtenir des résultats, c'est tout simplement un blocage du pays, et ce n'est pas acceptable", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, sur le média France Info.

"Si (le syndicat) CGT refuse catégoriquement d'engager cette discussion, nous n'aurons pas d'autre moyen que de réquisitionner les moyens nécessaires pour libérer les dépôts et faire fonctionner les raffineries, tout simplement parce que nos compatriotes ne peuvent pas être les victimes collatérales d'un conflit social entre une organisation syndicale (...) et une entreprise privée", a-t-il ajouté.

"Le gouvernement appelle à ce que la totalité des blocages soient levés sans délai. Sans quoi, nous prendrons nos responsabilités, c'est-à-dire que nous pourrions être amenés à les lever", a aussi affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, au lendemain d'une réunion d'urgence.

"Défaut d'anticipation"

Chez TotalEnergies, les salariés ont revoté lundi matin "à une large majorité pour la poursuite de la grève", a annoncé Eric Sellini, de la CGT. Sont concernés notamment sa raffinerie de Normandie (nord-ouest de la France), son dépôt de carburants de Flandres (nord) et sa "bio-raffinerie" de la Mède (sud).

Du côté d'Esso-ExxonMobil, les deux raffineries françaises ont aussi reconduit le mouvement, à l'appel des syndicats FO et CGT, malgré la signature la veille d'un accord salarial par deux organisations majoritaires à l'échelle du groupe mais pas des raffineries.

En cas de réquisition, "on ira devant les tribunaux pour les faire annuler", a assuré M. Sellini, tandis que la CGT d'Esso-ExxonMobil a dénoncé "une remise en cause du droit de grève".

"Nous ne sommes pas là pour bloquer la vie de tous les Français mais pour revendiquer des conditions de vie dignes", a déclaré Lionel Arbiol, porte-parole de la CGT Esso.

Les syndicats mettent en avant les super profits réalisés par les groupes pétroliers, qui profitent de la flambée des cours liée à la guerre en Ukraine. TotalEnergies a ainsi engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre.

Cependant, de nombreux automobilistes et certaines professions en tête déplorent cette situation, comme les infirmiers libéraux, qui s'inquiètent de ne plus pouvoir visiter leurs patients et de mettre en danger leur santé.

"J'ai passé trois heures (hier midi) dans la file d'attente d'une station. J'ai dû faire ma tournée en speed et laisser mes patients en stand-by pour aller faire le plein rapidement", a expliqué à l'AFP Sandrine Monteiro, infirmière libérale de 35 ans.

Les oppositions ont accusé le gouvernement, la droite et l'extrême droite critiquant un "défaut d'anticipation" et une "fébrilité", quand la gauche a dénoncé des "menaces pour les salariés mais (des) caresses pour les patrons".

M. Véran a estimé que retrouver "un fonctionnement normal" dans les régions les plus touchées allait "prendre quelques jours", et assuré que "ce sera le cas dans les 15 jours".

Il a par ailleurs jugé anormal que "quelques profiteurs de grève" aient fait bondir "les prix de l'essence à la pompe" dans certaines stations.