Plusieurs syndicats, dont la CGT, en tête de la mobilisation dans le secteur énergétique, ont appelé à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles mardi.
Outre la demande de hausses de salaires, sur fond d'inflation liée notamment à la crise énergétique et la guerre en Ukraine, la mobilisation vise à défendre le droit de grève, après la décision du gouvernement de réquisitionner de salariés de l'industrie pétrolière pour permettre la distribution de carburant.
Les salariés des entreprises ferroviaire SNCF et de transports publics parisiens RATP, ainsi que les fonctionnaires, aussi bien d'Etat que du secteur hospitalier, font partie des premiers à être appelés à rejoindre le mouvement.
Plusieurs centrales nucléaires avaient déjà été touchées mercredi par des mouvements sociaux, parallèlement à la mobilisation chez le français TotalEnergies et l'américain Esso-ExxonMobil.
Depuis la semaine passée, les nerfs des automobilistes français sont mis à rude épreuve par le mouvement de grève dans les raffineries et dépôts de carburants, débutées plus tôt dès septembre, mais dont l'impact avait été jusqu'à alors limité.
D'après le ministère de la Transition énergétique, 30% des stations-service étaient bloquées en France jeudi, et plus encore dans le nord du pays.
Face à cette situation, le gouvernement a mis mercredi à exécution ses menaces de réquisitions de personnel chez Esso-ExxonMobil, au dépôt de carburant de la raffinerie de Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon(nord-ouest), sommé de rouvrir les vannes.
Et jeudi, il a lancé la réquisition du personnel du dépôt de TotalEnergies de Flandres (nord).
Des réquisitions qui sont très mal reçues par les grévistes et qui ont conduit des syndicats à appeler à manifester mardi.
"Dictature macronienne"
"On assiste à la dictature macronienne", a réagi auprès de l'AFP Benjamin Tange, de la CGT. "Ce qui se passe, c'est la colère de plusieurs mois, plusieurs années et d'une rupture du dialogue social".
Après la levée de la grève dans une raffinerie Esso-ExxonMobil du sud-est de la France jeudi, cinq des sept raffineries françaises restaient touchées par des grèves. Et selon le ministère de la Transition énergétique, sept gros dépôts de carburant étaient aussi affectés sur environ 200.
Devant les menaces d'élargissement du conflit, le gouvernement avait fait pression sur TotalEnergies pour qu'il "augmente ses salaires".
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a souligné que le géant français, qui a engrangé 10,6 milliards de bénéfice au premier semestre grâce à la hausse des prix de l'énergie sur fond de guerre en Ukraine, avait "la capacité" et "donc le devoir" de le faire.
Dans ce contexte, TotalEnergies a annoncé jeudi matin un bonus exceptionnel équivalent à un mois de salaire pour ses salariés du monde entier, doublé d'une proposition d'augmentation de 6% en 2023 pour les salariés français.
Le groupe a aussi invité les syndicats à des "négociations salariales collectives" ce jeudi à partir de 20h00, une première depuis le début de la grève. Jusqu'à présent, il conditionnait l'ouverture des négociations à la levée des blocages.
La CGT doit "se saisir de la main qui a été tendue" pour négocier, a affirmé Bruno Le Maire, alors que le patronat s'inquiète des conséquences de la grève sur l'économie.
D'autant qu'elle s'ajoute à l'augmentation des prix de l'électricité et du gaz qui fait courir "un risque majeur" à l'industrie française, a estimé M. Le Maire, selon lequel la production industrielle française devrait baisser de 10% au 4e trimestre par rapport au 4e trimestre 2021.